Depuis son annonce en 2018, Salto, le SVOD lancé par TF1, M6 et France Télévisions, provoque des sourires crispés. Alors que Salto s'apprête à débarquer sur nos écrans prochainement, posons-nous la question : la plateforme a-t-elle un avenir ?
L'offre Salto détaillée
En juin 2018, on vous informait que les groupes TF1, France Télévisions et M6 allaient œuvrer conjointement à la création d'une plateforme de VOD appelée Salto, afin de jouer sur ce nouveau marché juteux, lancé par Netflix, il y a déjà plusieurs années.
On apprend aujourd'hui que Salto sera lancé le 20 octobre prochain, et que trois types d'abonnements seront proposés aux utilisateurs (à noter par ailleurs que Salto proposera un mois d'essai gratuit) :
- Un abonnement Solo (1 écran) à 6.99 euros ;
- Un abonnement Duo (deux écrans) à 9.99 euros ;
- Un abonnement Tribu (quatre écrans) à 12.99 euros.
Vous pourrez ainsi télécharger l'application Salto sur vos ordinateurs, tablettes, smartphones (iOS et Android), Apple TV et Android TV.
Niveau contenu, la direction de Salto a promis 10 000 heures de contenu dès le lancement de la plateforme le 20 octobre 2020, avec des séries et des épisodes de séries françaises en avant-première avant leur diffusion sur les chaînes participant au projet, des séries françaises et étrangères renommées (Un village français, Downton Abbey), ainsi que des séries étrangères encore jamais diffusées en France.
Un véritable paradoxe
A la lecture de toutes ces promesses, se pose donc la question, essentielle : la plateforme Salto a-t-elle un avenir ? Peut-elle véritablement trouver sa place, face à une concurrence qui semble toute-puissante ?
Alors, tout d'abord il convient de clarifier une chose : Salto n'aurait pas pour vocation de concurrencer Netflix, Prime Video et Disney+. Dans de récentes déclarations devant la Commission des Affaires Culturelles, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a décrit Salto comme étant une "offre d'appoint", censée apporter aux utilisateurs des grands SVOD une offre complémentaire aux grands SVOD américains.
Des déclarations qui permettent, dans une certaine mesure, de mettre en lumière certains choix effectués dans la création des offres d'abonnements assez handicapants pour Salto. En effet, quand on creuse un peu les offres d'abonnements, on se rend compte qu'elles sont excessivement chères, lorsqu'on les compare aux grands SVOD américains. Amazon Prime Video est offert lors de l'abonnement à Amazon Prime. Prix de l'abonnement : 49 euros par an. Netflix, quant à lui, si la première offre d'abonnement coûte 7.99 euros (pour un écran), le nombre impressionnant de programmes proposés ou non justifie un peu plus le prix... Sans oublier le fait que les abonnés à Netflix peuvent également compter sur des programmes originaux. Enfin, pour ce qui est de Disney+, les clients acceptent de payer 6.99 euros à la fois parce qu'ils paient pour la promesse de contenus originaux (The Mandalorian, WandaVision), mais également parce qu'ils paient la marque. Bien que régulièrement critiqué, le groupe Disney conserve cette image de mastodonte du divertissement. Autrement dit, il nous apparaît que Salto fait une erreur en calquant ses tarifs sur ceux des SVOD américains. Surtout pour une offre qui se veut "d'appoint".
Par ailleurs, l'application ne sera disponible ni sur les box TV ni sur les consoles de jeu. Ce paramètre, qui peut sembler anodin, nous renseigne en vérité bien plus qu'il n'y parait sur les véritables ambitions de Salto, en nous dévoilant son coeur de cible : la plateforme ne vise pas "les jeunes", mais plutôt l'audimat, plus âgé, que la télévision a perdu au profit des SVOD. N'oublions pas que derrière Salto se cachent les trois plus grands groupes de la télévision française. Dans un article datant du 10 août 2019, nos confrères du Parisien expliquait que la télévision était "délaissée au profit de Netflix".
Salto se retrouve donc dans une situation assez paradoxale : d'un côté, la direction affirme vouloir faire de Salto une offre d'appoint, complémentaire à celle des grands SVOD américains ; tandis que de l'autre, les véritables ambitions de la plateforme semblent de récupérer l'audimat traditionnel des grands groupes télévisuels français.
Salto peut-il réussir sa mission ?
Se pose là la délicate question de la comparaison entre les productions américaines et les productions françaises. Attention : on ne parle pas ici de cinéma français. Nous avons déjà rappelé, et ce à plusieurs occasions, le profond intérêt que nous portions à certains cinéastes français (Albert Dupontel, Jean-Pierre Jeunet, Quentin Dupieux, etc).
Non, il est plutôt question ici d'une comparaison entre les productions des grands SVOD américains et des productions estampillées M6, TF1 et France Télévisions : alors que les séries américaines affichent de plus en plus de véritables ambitions cinématographiques, les grands network allant jusqu'à embaucher de grands réalisateurs (Martin Scorsese, Ridley Scott, David Fincher, David Lynch), les grands groupes français n'affichent pas de telles ambitions pour leurs productions télévisuelles. A tel point que les productions françaises les plus ambitieuses sont des productions de network étrangers. C'est le cas notamment de la série horrifique Marianne, qui est une production Netflix.
Autrement dit, si Salto veut véritablement récupérer l'audimat traditionnel des groupes TF1, France Télévisions et M6, ils devront afficher de grandes ambitions artistiques. Ce n'est qu'à ce prix qu'ils pourront servir "d'offre d'appoint", complémentaire aux grands Network américains.
Par Rick Deckard, il y a 3 ans :
Oui, c'est assez logique que France Télévisions cherche à récupérer son audimat qui a déserté les merdes qui passaient à la télé. Offre inintéressante, trop de pubs, normal que Netflix et les autres les aient attiré comme des aimants. Je pense surtout que Salto devra signer des partenariats d'exclusivité avec des réalisateurs. Sur Thinkerview, Dupontel disait penser à une série. Signez un contrat avec Dupontel, signez un contrat avec Astier, peut-être alors pourrez-vous attirer plus de monde.
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