7 films dérangeants à voir absolument !
On peut aimer le cinéma pour tout un tas de raisons. Pour rire, pour pleureur, pour s'émerveiller, pour réfléchir, pour avoir peur, pour être bousculé, dérangé. Dans cette sélection, nous vous proposons sept films qui nous ont à la fois passionnés et dérangés, pour des raisons diverses.
Attention : cette sélection n'a pas pour objectif de conseiller tous les films dérangeants. Il s'agit d'une liste de films que l'auteur de cet article a appréciés. Si toutefois vous désirez l'enrichir, nous lirons vos suggestions avec un plaisir non dissimulé.
1 - Crash (David Cronenberg, 1996)
David Cronenberg (A History of Violence, Les Promesses de l'Ombre) est un réalisateur dont l'univers, très particulier, dérange. Son cinéma, souvent proche du cinéma expérimental, est une véritable étude de nos limites, qu'elles soient mentales, physiques, spirituelles, sexuelles ou morales. De Chromosome 3 à La Mouche, en passant par Frissons, Videodrome et Spiders, son cinéma nous apparait aussi passionnant que rebutant. Que David Cronenberg adapte en 1996 le roman Crash ! de J.G. Ballard (La Foire aux atrocités) était donc une évidence. Le film raconte la vie de deux couples, qui, suite à un accident de voitures, se prennent de passion pour les crash, excitant leur libido. Le film, extrêmement dérangeant et très cru, a fait polémique à sa sortie au Festival de Cannes. A noter que Cronenberg gagna pour ce film le Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes (le président du Jury était Francis Ford Coppola). Etait aussi en compétition Breaking The Waves, un des plus grands films de Lars von Trier, qui repartit avec le Grand Prix du Jury.
2 - Eraserhead (David Lynch, 1977)
David Lynch est connu pour son oeuvre poétique et étrange, faisant fi des normes, esthétiques et culturelles. Réalisateur acclamé pour ses films exigeants (on regarde pas Mulholland Drive et Inland Empire avec le même état d'esprit qu'un film estampillé Disney), son oeuvre peut justement, à ce titre, effrayer un public non initié à un scénario alambiqué, où la monstruosité côtoie le symbolisme. Eraserhead, le premier film de David Lynch sorti en 1977, possède en ses germes tout ce qui fera par la suite le cinéma de Lynch : un cinéma expérimental où se mêle surréalisme parfois abscons et morbidité glaçante. En racontant l'histoire de ce père, devenu responsable d'un enfant prématuré, suite à l'abandon de son amie, et qui s'échappe dans un univers fantasmagorique, David Lynch livre son film le plus âpre, le plus violent. Cette folie grandissante quasi-kafkaïenne semble prendre possession à la fois du personnage principal et du réalisateur. L'univers, sublimé par le choix du noir et blanc (procédé que Lynch reprendra dès son film suivant, Elephant Man), n'en demeure pas moins extrêmement morbide, âpre, dérangeant. Il est très difficile de parler d'Eraserhead. Ce n'est pas une expérience plaisante, bien au contraire. Et son principal intérêt demeure dans l'opportunité de se lancer, à corps perdu, dans un voyage inattendu : le cerveau d'un artiste à l'univers unique, sans doute l'un des plus importants de son temps.
3 - Tideland (Terry Gilliam, 2005)
Terry Gilliam, l'ex-Monty Python, est un expert des rêves (et des cauchemars) éveillés. L'essentiel de sa filmographie semble tourner autour de la question du fantasme. Que ce soit Sam Lowry dans Brazil, qui échappe en rêve à sa vie morne dans un système totalitaire, ou les différentes incarnations du Docteur Parnassus (L'Imaginarium du Docteur Parnassus, 2009), les délires hallucinés de Raoul Duke (Las Vegas Parano, 1998) ou encore les fantasmes héroïques de Toby Grisoni (L'Homme qui tua Don Quichotte, 2018), le rêve et la fantasmagorie, sont quasi-omniprésents dans son oeuvre. En 2005, sort Tideland, qui est sans doute le film de Gilliam le plus douloureux depuis Brazil, sorti vingt ans plus tôt, qui raconte les jeux d'une fillette à l'abandon, suite à la mort de son père accroc à l'héroïne (interprété par Jeff Bridges). Derrière un gothique merveilleux qui n'est pas sans rappeler l'esthétique burtonnienne, se cache en vérité un film extrêmement dérangeant. Une sorte de Labyrinthe de Pan où l'enfant n'aura même pas le loisir de devenir princesse : seulement la fille de deux drogués morts d'overdose.
4 - Orange Mécanique (Stanley Kubrick)
Stanley Kubrick aura marqué l'histoire du cinéma avec ses films coups de poing. Qu'il adapte un roman de Stephen King (Shining, 1980), une nouvelle d'Arthur Schnitzler (Eyes Wide Shut, 1999) ou sur les mémoires de guerre de Michael Herr (Full Metal Jacket, 1987), le réalisateur frappe là où ça fait mal. Mais le film le plus dérangeant de Kubrick demeure Orange Mécanique (1971), adaptation du roman éponyme d'Anthony Burgess. Racontant le destin d'Alex DeLarge (génial Malcolm McDowell), petite frappe habituée aux vols, viols et meurtres en tout genre, obligée de faire une thérapie plus violente que lui. Orange Mécanique utilisant aussi bien la violence des images que la violence psychologique. Même le décor, criard et très sexualisé, participe à l'atmosphère dérangeante de ce film éternellement transgressif.
5 - Antichrist (Lars von Trier, 2009)
Le cinéma de Lars von Trier est complexe. C'est un cinéma sado-masochiste : un cinéma qu'on adore parce qu'il nous fait mal. Le cinéaste danois fait d'ailleurs régulièrement polémique (on se souvient qu'il a été, pendant quelques années, considéré comme persona non grata au Festival de Cannes, suite à des propos tenus en 2011, alors qu'il était en compétition pour Mélancholia). Sa filmographie est pleine de chefs d'oeuvre dérangeants, où se côtoient poésie désespérée, horreur absolue, sexualité sous toutes ses coutures et humour noir névrosé. On a longtemps hésité sur le film de Lars von Trier qui mériterait le plus sa place dans ce top. Breaking The Waves ? Nymphomaniac ? The House That Jack Build ? Finalement, notre choix s'est porté sur Antichrist, un film désespéré, un drame familial horrifique qui ne laisse personne indemne. Racontant l'histoire d'un couple (Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe) qui se retire dans une maison dans les bois, après la mort de leur enfant pendant qu'ils faisaient l'amour, marque par ses scènes hallucinatoires, de mutilation (notamment une, bien précise, avec un rasoir...) et de sexe non simulé. Un contenu explicite et choquant qui valut au film une interdiction en France à tous les mineurs.
6 - Cold Fish (Sion Sono, 2010)
Réalisateur japonais prolifique, Sion Sono est capable du meilleur (Land of Hope, Love Exposure) comme du pire (Strange Hair). On vous disait encore récemment tout le bien que l'on pensait de Love Exposure. Sion Sono est rapidement devenu maître dans l'art de filmer la folie, qui est le véritable leitmotiv du cinéma. Dans Cold Fish, un de ses films les mieux maîtrisés, il raconte comment le destin d'une famille va être bouleversée par un voisin, au premier abord bienveillant, mais qui devient omniprésent dans leur quotidien, faisant basculer leur vie dans l'horreur. Un film extrêmement violent et dérangeant, qui devrait satisfaire les amateurs de cinéma japonais.
7 - Funny Games (Michael Haneke, 1997)
Vivement critiqué à sa sortie pour sa violence, Funny Games est pourtant un des films de Michael Haneke les plus intéressants (on le préfère à ses deux Palmes d'Or, Le Ruban Blanc et Amour). En racontant comment un couple et leur fils sont séquestrés par deux jeunes hommes, qui leur font vivre un enfer, Michael Haneke propose une réflexion sur notre rapport à la violence, comme l'avait fait, dans un autre registre il est vrai, Kubrick avec Orange Mécanique. Un film à voir absolument, si vous avez les nerfs solides.
"Boxing Helena" c'est dérangeant surtout la scène de fin ...
Et "Misery" , ce n'est pas dérangeant ?
Par contre "Orange mécanique" a très mal vieilli, on n'y croit pas une seconde à l'ultra violence. Je ne vois pas ce qu'il fait là dans le classement.