C'était l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, le Service National Universel, et il a fait ses grands débuts cette année. Plus de 20 000 jeunes de 15 à 16 ans, tous volontaires, ont pu participer à cette phase de test. Des "volontaires" pour l'heure, puisque le SNU a vocation à devenir obligatoire pour tous les jeunes qui seront dans l'année après la troisième (quelle que soit leur classe ou formation). Pour promouvoir cette "expérience inédite", le gouvernement à fait appel à de nombreux médias et influenceurs, tous tournés vers la jeunesse.
Attention, l'objectif n'est pas de savoir si le Service National Universel est bien ou non, ou s'il est normal de voir ces médias en faire la promotion, pour cela n'hésitez pas à débattre en commentaires (mais bien évidement toujours en respectant les avis de chacun). Le but est plutôt de montrer le manque de transparence de certains de ces contenus publicitaires. Partenariats rémunérés non annoncés, manque de précisions sur le contenu du SNU, voilà les quelques points souvent rapprochés par les lecteurs et spectateurs de ces médias.
un plan de communication sur plusieurs fronts
Outre le fait que cette vidéo est un peu flippante, je me pose quand même la question de l’aspect moral de payer des influenceurs pour faire la promotions de services nationaux comme @SundyJules et @TiboInShape l’ont fait...
13 juillet 2019
Voilà.
pic.twitter.com/63c3iLuPhi
Après @TiboInShape (6 millions d'abonnés sur Youtbube) et @SundyJules (1 million d'abonnés sur Instagram, c'est au tour de @enzotaistoi (1 million d'abonnés sur Youtube) de faire la propagande du SNU pour le gouvernement auprès de son très jeune public.pic.twitter.com/e5ssHWFdU6
13 juillet 2019
Six millions d'abonnés pour Tibo Inshape, plus un million de followers sur Instagram pour Sundy Jules et 650 000 pour Enzo tais toi, si l'on ajoute les communautés de lecteurs de Konbini, Melty et Minute Buzz, on arrive très vite à une très belle audience pour le gouvernement.
Comme vous l'aurez sûrement remarqué, aucune mention d'un partenariat entre les deux jeunes influenceurs et le gouvernement n'est fait dans ces storys très similaires. L'un vient nous parler "d’un truc trop, trop stylé" quand le second nous présente une "expérience inédite". Le SNU est "vendu" comme une colonie de vacances où vous aurez "plein d’activités, énormément de choses" et qui est tourné vers les valeurs de la République. En somme, devenez un meilleur citoyen tout en vous amusant, l'expérience semble plus qu'interessante.
Le problème dans ces vidéos, c'est avant tout l'absence d'indication concernant le fait que ces contenus sont sponsorisés. Hormis l'identification du gouvernement et un lien en direction de la fameuse "vidéo inédite et iconic". Une absence qui enfreint l'article 20 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique, datant de juin 2004 et qui dit :
Toute publicité, sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir être clairement identifiée comme telle. Elle doit rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée.
Un manque de clarté notable également du côté des vidéos Tik Tok de Minute Buzz, même si leur publication Facebook signale clairement un contenu sponsorisé.
un partenariat qui va trop loin ?
Lancée le 17 juin dernier, la première session du SNU s'est terminée il y a deux semaines. Session déjà couverte grâce au programme Mon SNU qui permettait à quelques un des ces jeunes de raconter au jour le jour leur expérience du Service national Universel sur la chaîne LCP et le compte Instagram France Télévision.
Plus tard donc, ce fût donc au tour des médias présentés précédemment, et si l'on pouvait penser que ce partenariat s'arrêterait à la vidéo, le journal Marianne a découvert que le gouvernement gardait "un certain contrôle" sur les réponses des influenceurs. Le journal explique qu'après avoir envoyé quelques questions à des youtubeurs, leur journaliste a un reçu un mail de réponse de la part du cabinet de Gabriel Attal, secrétaire d'Etat en charge de la jeunesse, chargé de la mise en place du SNU. Interloqué par cette réponse inattendu (de leur part en tous cas), le journal a demandé au cabinet la manière dont il avait eu l'adresse mail du journaliste, ce à quoi ils ont répondu :
L'agence des instagrameurs a dû transmettre votre demande au service d'information du gouvernement, qui nous l'a transférée ensuite.
Une situation loin d'être anormale pour l'un des portes-paroles de Gabriel Attal qui dément également le fait d'avoir donné des éléments de langages à leurs partenaires.
au final, qu'est ce que le Snu
Car oui, expliquer un projet à 1,5 milliard d'euros annuel en ne vantant que ses "valeurs" ne donne pas forcément plus d'informations sur l'organisation du SNU. Le SNU se compose de deux phases :
- La "phase de cohésion" obligatoire, d'un mois maximum.Celle-ci se découpe également en deux parties, la première, dite "d'intégration"qui rassemble les jeunes dans un département autre que leur département de résidence, afin de "favoriser le mixage social".Le déplacement comme le reste du séjour sera financé par le gouvernement.
Les jeunes disposeront tous du même uniforme et seront hébergés pendant deux semaines dans des internats ou des bâtiments de l'armée, encadrés par des militaires.Chaque journée commencera par "le salut au drapeau et l'hymne national". Le reste de la journée sera dédié aux sports mais surtout à divers enseignements.Premiers secours, réactions à avoir en cas d'attentats, de catastrophes naturelles, test de français... La phase de cohésion se terminera par une "cérémonie républicaine".
Cette partie dure donc deux semaines et est suivie pardeux autres semaines "d'engagement personnalisé". Autrement dit, une mission d'intérêt général dans une association, une collectivité locale, une institution ou un organisme public. - La "phase facultative", qui doit être réalisée avant 25 ans. Un engagement de 3 à 12 mois dans différents domaines comme la défense, la culture, l'environnement "pour ceux qui ont envie de s'engager davantage encore" explique le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer. Réaliser cette phase facultative permettra notamment de bénéficier de facilités d'accès au permis de conduire, crédits universitaires et d'éventuelles indemnisations...
Un plan de communication bien rodé, trop peut-être, qui passe à côté de l'essentiel à savoir nous présenter ce programme qui rappelons-le, va bientôt devenir obligatoire. En revanche, même si le choix de ces médias et influenceurs peut être discutable, il reste pertinent. Il aurait fallu toutefois rendre plus visible le partenariat afin de moins souffrir de l'aspect "communication dissimulée".
Par Wesh Alors, il y a 5 ans :
C'est vrai que les mecs nous vendent ca comme l'événement de l'année dans leur story...
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