Plus que l’incarnation d’un personnage emblématique, Joaquin Phoenix, prochain acteur à se muer sous les trains du Clown Machiavélique, doit relever le défi de dépoussiérer un vilain qui commence à prendre de sérieuses rides au cinéma. Plus que ça, on est en droit de se demander si on n'a pas tout simplement fait le tour de la question…
Heath Ledger, Jared Leto, Jack Nicholson, Cesar Romero ou même Cameron Monaghan dans la série Gotham : le Joker a plus de visages sur grand écran qu’il n’en mérite. Joaquin Phoenix, qui incarnera le Joker dans un prochain long-métrage axé autour du personnage sera le quatrième à enfiler le costume violet au XXIème siècle. C’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Et si le clown dispose d’un univers richissime dans les comics, le cinéma prend l’étonnant risque de souiller ses cartouches en peu de temps. Et cela pourrait être dommage.
La peur d’un Joker sans saveur
Heath Ledger a pris un risque énorme en prenant le costume vacant déposé par Jack Nicholson plusieurs dizaines d’années plus tôt. Pourtant, pour beaucoup, il reste l’incarnation ultime du super-vilain au cinéma. Possédé par le personnage jusqu’au bout de son sourire machiavélique, il en a même perdu la raison, jusqu’à en mourir après la sortie de l’incroyable Dark Knight de Christopher Nolan. Ce vestige aura eu comme conséquence d’écarter le personnage du grand écran au moins pendant quelques années. Jusqu’à que Jared Leto n'endosse de nouveau le veston pour Suicide Squad. Une interprétation controversée qui, là encore, a poussé DC Comics à réagir.
Outre l’adaptation de Cameron Monaghan dans la série Gotham qui reste anecdotique, la firme de comics a jeté son dévolu sur Joaquin Phoenix pour insuffler un nouveau souffle dans un personnage peut-être bâclé dans Suicide Squad. Évincé par son acolyte Harley Quinn, embourbé dans un film qui ne lui ressemble pas, cantonné à une esthétique qui semble ne pas fonctionner au cinéma, le Joker de Leto sera supplanté quoiqu’il arrive par la forme plus froide et plus sombre de Phoenix, possiblement inspiré de The Killing Joke. L’oeuvre retrace, dans les grandes lignes, la naissance du Joker, et reste pour l’heure, l’une des seules véritables sources fiables quand au passé du personnage. Une histoire sombre qui devrait plus se rapprocher de l’identité de Batman du comics, recherché par Nolan.
Un défi singulier
C'est presque maladif. Au cinéma, le Joker semble déclencher une idylle particulière chez ses interprètes. Toutes les adaptations qu'il a pu connaître, bien que largement éclectiques, n'ont été que pures réussites (ou presque). Pourtant, les acteurs qui se sont succédés ont été terriblement éphémères, souvent pour un film simplement. Cela rend l'interprétation encore plus grande, par cette espèce de singularité exemplaire. L'interprétation de Heath Ledger aurait-elle était si inoubliable si le personnage avait connu une fin molle dans le troisième volet de Nolan ? Sûrement, mais la magie du personnage animé par un acteur emblématique et possédé bâtit le mythe. Le décès comme une rockstar l’agrémente.
Sans nul doute, le Joker de Ledger est un horrible poids sur ses successeurs. C'est même un tout autre enjeu : un pur défi artistique. Le Joker exige une cohésion entre l'acteur et son interprétation, presque une habitation du personnage. Heath Ledger avait réussi à trouver cet équilibre, tristement. Jared Leto, en revanche, l'avait forcé, déclenchant les critiques à son égard. Les premières images du Joker de Phoenix laissent présager un personnage intensément sombre que la folie embrase peu à peu. À l'image de The Killing Joke, finalement. Et c'est plutôt une bonne nouvelle.
Mais qu'en sera-t-il de la suite ? Puis de la suite encore ? Icône de la culture pop, le Joker s'impose peu à peu comme un défi puissant à relever pour les acteurs. Les fans, eux, imaginent les acteurs les uns après les autres sous les traits du clown prince du crime. Des fantasmes plus ou moins cohérents qui bâtissent le charme du personnage. Lequel n'est plus que le simple antagoniste de Batman, mais bel et bien un héritage lourd à assumer.
À l'image des comics, l'identité du Joker est multiple. Reste à savoir si elle sera toujours juste, légitime et singulière.
Par jeanLucasec, il y a 5 ans :
Lisez les comics vous ne serez jamais lassés
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