Lors de la précoce émergence de Facebook en France, j'étais encore très jeune, et moi et mes potes on s'envoyait encore des wizz sur MSN. Soudain, l'un d'entre eux a découvert Facebook, puis un deuxième et ainsi de suite. A mon tour, je me suis aussi inscrit sur un réseau social encore très jeune, bien éloigné de celui qu'on connaît aujourd'hui. Je me souviens que mes parents ont fait un redoutable forcing pour me faire comprendre que Facebook pouvait être dangereux, et ont refusé un bon bout de temps avant d'accepter. Et ça, je me dis qu'aujourd'hui, ça pourrait être pas mal.
La vie sans internet
Enfant des années 1990, je peux me vanter d'avoir vécu la pleine démocratisation d'Internet. Quand j'étais petit, un ordinateur ça ne servait que pour faire trois choses qui n'ont rien à voir. La première c'était dessiner des maisons et des bonhommes sur Paint pendant des heures. Le résultat était encore plus moche que sur une feuille de papier parce qu'avec la souris c'était ultra galère, mais je m'en foutais, j'étais connecté. Le deuxième atout, c'était de faire des tableaux sur Excel, et écrire sur Word. Bon ça, ça n'a pas trop changé. Puis, la troisième distraction, c'était les jeux hors ligne. Du flipper au démineur, ces jeux initialement programmés dans l'ordinateur m'ont planté pendant des heures devant l'écran.
Bref, en tout cas, pas d'Internet. Enfin, pas exactement. Je me souviens que mon ordinateur possédait Wanadoo qui était une sorte de moteur de recherche en ligne, mais qui fonctionnait sous forme de surcoût. En somme, j'étais copieusement interdit d'y aller parce que la moindre minute sur Internet corsait la facture de la ligne, alors si vous comptiez regarder une vidéo dessus, c'était même pas envisageable. Une seule fois j'avais osé y aller pour un besoin existentiel : savoir quand évoluait mon Métang sur Pokémon Rubis parce que dès le niveau 40 je commençais à m'impatienter. C'est une excuse valable non ? Puis de toute manière, le surcoût, je n'en ai jamais entendu parlé, donc, soit mes parents ne s'en sont pas rendu compte, soit... ils m'ont menti exprès pour que je n'aille pas sur Internet? Et ça, c'est moche.
La révolution Facebook
Tout ça pour dire que quand les premières lignes Internet ont ouverte et que l'on a enfin pu surfer sur le web, ça a été une révolution assez colossale. Ma première grosse utilisation d'Internet (après regarder les résultats du catch), c'était évidemment, et comme beaucoup d'entre nous, MSN. Pour ceux qui dormaient au fond de la salle (ou qui avait encore l'âge de jouer aux Playmobiles), MSN c'est l'embryon de tous les réseaux sociaux. On ajoutait l'adresse mail de notre ami sur notre compte, et on pouvait lui parler instantanément. On pouvait même s'envoyer des autocollants sérieux !
Se sont ensuite démocratisés les Skyblogs qui franchissaient un nouveau pas en matière de réseau social : on avait la possibilité de mettre une photo (ou un statut simple) puis de commenter. Là vous devez vous dire "c'est pareil que Facebook au fait ?", mais non, pas du tout. Ici chaque personne avait son "blog", et pour voir les images des autres il fallait obligatoirement se rendre sur son blog, il n'y avait pas de fil d'actualité contrairement à Facebook. Sincèrement, cette période des Skyblogs est tellement honteuse que je ne veux plus en entendre parler. N'oubliez jamais les '90 qui vous moquez de ceux qui ont 13-14 ans sur Facebook et qui disent "Aime, je rends", qu'on a fait pire avec les commentaires des blogs. Bien pire.
Puis est arrivé le mastodonte, le gigantesque Facebook. A savoir, que l'arrivée de ce dernier a anéanti quasi immédiatement la popularité des Skyblogs tant les possibilités offertes par Facebook étaient décuplées. Le fil d'actualité, le profil, et les pages, tant de progression qui ont fait un tabac instantané. Pour ce qui est de MSN, l'ampleur s'est au début essoufflée sans se perdre grâce à ces discussions entre amis. Mais dès l'ajout de la discussion instantanée sur Facebook, je ne suis plus jamais retourné sur MSN. Comprenez bien : Facebook cumule tout les atouts en un seul et même réseau social.
"Réseau social", un thème qui fâche les parents
MSN offrait un maximum de sûreté par le fait de pouvoir communiquer uniquement avec des personnes qu'on avait volontairement ajouté. Les parents ne connaissaient que très peu l'existence des Skyblogs, on pouvait donc œuvrer en toute tranquillité. Mais pour Facebook, ça n'a pas été aussi simple, loin de là. En vérité, le bébé de Zuckerberg a fait grandement parler de lui à l'échelle mondiale et c'est pourquoi tout le monde, même sans y être forcément inscrit, connaissait l'existence de Facebook.
Voilà pourquoi beaucoup de parents ont d'abord interdit l'usage de Facebook à leurs enfants : parce qu'ils entendaient des histoires aux informations, et apprenaient les risques. Mettre des photos de soi sur la toile, pouvoir éventuellement communiquer avec des gens que l'on ne connaît pas, pour eux, c'était une absurdité. Et avec du recul, ils avaient parfaitement raison. Moi, à cette époque j'avais 15 ans maximum il me semble, et même si Facebook était beaucoup plus sûr à l'époque, ça restait quelque chose de colossal. Aujourd'hui, quand je croise quelqu'un de 14 ans sur Facebook je suis toujours un peu choqué, mais j'oublie que ça a été un peu mon cas. Après, il faut savoir relativiser, à 15 ans ma photo de profil ça devait être une personnalité people quand aujourd'hui une photo de profil d'une fille de 14 ans, ça peut très bien être elle qui prend un selfie ultra maquillée.
Je ne veux pas non plus rentrer dans le rôle du vieux con, mais force est d'admettre que tout ça est dû en partie à un choc générationnel. C'est comme pour les portables ! J'ai eu mon premier portable à mon entrée en sixième, une daube qui servait juste à appeler et écrire des SMS si jamais j'avais un problème en rentrant chez moi. Aujourd'hui, un collégien qui n'a pas de smartphone c'est terriblement rare. Et tout ça cumulé fait que les parents n'ont plus l'entière maîtrise sur leurs enfants et les réseaux sociaux.
Par jeanLucasec, il y a 8 ans :
Et c'était pas plus mal dans certains cas !
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