Watchmen : Alan Moore revient sur ses propos polémiques sur les fans de comics

Véritable légende des comics, Alan Moore a tenu des propos polémiques il y a plusieurs années sur les lecteurs de comics. Il revient sur ces propos dans une tribune passionnante.

Alan Moore clarifie sa position après les critiques

Souvent considéré (à raison) comme le plus grand auteur de comics au monde, le britannique Alan Moore a révolutionné le médium avec des séries aussi célèbres que V pour Vendetta, Watchmen, From Hell ou encore La Ligue des Gentlemen extraordinaires. Si le scénariste anglais entretient une relation conflictuelle avec le système économique des comics depuis de nombreuses années - notamment du fait qu'il s'est senti floué par DC Comics -, Moore a commencé à diriger ses critiques vis à vis des lecteurs de comics à la sortie de son roman monumental Jérusalem. Il s'inquiétait alors du fait que des personnes continuent à lire des comics à l'âge adulte et tissait une corrélation entre le succès éclatant des films de super-héros et la montée des extrêmes-droites aux États-Unis et en Angleterre. 

En ce mois d'octobre 2024, l'écrivain anglais revient en librairie avec l'époustouflant roman Le Grand Quand, premier volet de sa pentalogie Long London, et un nouveau comics - son premier depuis The Tempest en 2019 -, The Moon and Serpent: Bumper Book of Magic, prévu en France en octobre 2025 chez Delcourt sous le titre La Lune et le Serpent - Le Grand Livre de la Magie. L'occasion rêvée pour Alan Moore de signer une tribune dans le média anglais The Guardian, intitulée "Les communautés de fans ont intoxiqué le monde".

Revenant sur les réactions très vives que ses déclarations ont suscitées, Alan Moore annonce vouloir "clarifier" sa position : "Je crois que le fandom est un organe merveilleux et vital de la culture contemporaine, sans lequel cette culture finit par stagner, s'atrophier et mourir. En même temps, je suis convaincu que le fandom est parfois un fléau grotesque qui empoisonne la société avec ses obsessions mesquines et son ridicule sentiment de droit non mérité." Il rappelle ensuite l'importance qu'ont eue les fandoms dans la contre-culture britannique, notamment à travers des figures telles que Kevin O'Neill - futur dessinateur de La Ligue des Gentlemen extraordinaires -, Steve Moore et Steve Parkhouse. 

Mais le marché des comics et son lectorat ont évolué : "Alors que l'histoire vulgaire des comics était à l'origine destinée uniquement aux classes ouvrières, les prix de vente en forte hausse avaient exclu tout public mis à part les plus aisés ; gentrifiant un espace culturel autrefois animé et vivant. Cette augmentation de l'âge et du statut du fandom explique peut-être son actuel sentiment de privilège, sa tendance à critiquer et à se lamenter plutôt qu'à contribuer ou à créer."

Alan Moore établit ensuite un lien entre cette toute puissance donnée à un fandom gentrifié, ayant pour conséquence que "nos divertissements peuvent être annulés prématurément à cause d'une réaction négative des fans", avec l'émergence de figures politiques telles que Donald Trump. "Les élections qui décident du sort de millions de personnes se déroulant dans une atmosphère plus adaptée à des expulsions dans une émission comme I'm a Celebrity, où les candidats jugés insuffisamment divertissants sont évincés. [...] Ceux qui votent pour Donald Trump ou Boris Johnson semblent moins sensibles aux politiques ou aux réalisations passées qu'à quel point ils ont apprécié leurs performances dans des émissions comme The Apprentice ou Have I Got News for You".

Des propos qui nous font penser à cette publication satirique de la série The Boys moquant le coup de communication de Donald Trump dans un McDonald's. Cet article vous a intéressé ? Nous vous recommandons vivement de découvrir cet article de nos confrères de Cheminez, qui propose une nouvelle vision de l'oeuvre d'Alan Moore.