Twitter : la communauté scientifique trompée par un faux compte depuis 3 ans
Le compte @Sciencing_Bi, suivi activement par 2400 personnes dont une partie de la communauté scientifique a récemment été suspendu par Twitter, en même temps que le compte personnel d'une neurobiologiste américaine nommée BethAnn McLaughlin. Les deux comptes étaient en réalité tenu par la chercheuse, qui a reconnu les faits mardi 4 août dans un communiqué envoyé au New-York Times.
Une fausse identité
Si avoir deux comptes Twitter peut paraître anodin au premier abord, l'utilisation que BethAnn McLaughlin en a fait est plus problématique.
Le compte @Science_Bi avait en effet une identité propre, celle d'une "professeure anonyme" , qui se présentait comme "une professeure d’anthropologie bisexuelle et d’origine amérindienne " plus précisément d'origine Hopi. Au travers de ce compte, elle avait accusée l'université où elle prétendait travailler, l'Université de l'Etat de l'Arizona, de l'avoir forcé à assurer ses cours en présentiel durant la crise pandémique. Elle avait été jusqu'à déclarer avoir incidemment été testée positive au coronavirus, et avait décrit son long combat contre la maladie. Et avait dans le même temps dénoncé les coûts exorbitants des frais médicaux aux Etats-Unis. La supercherie est même allée encore plus loin, puisque le 31 juillet, BethAnn McLaughlin a annoncé la mort de son "amie" (voir tweets ci-dessous) sur son compte Twitter personnel.
Elle a ensuite invité les internautes à se recueillir ensemble lors d'une conférence Zoom, à laquelle plusieurs chercheurs ont assistés en se demandant pourquoi aucun proche de la scientifique n'étaient présents.
Dans quel but ?
Ce compte lui a servi a dénoncé des injustices sociales et des situations de harcèlement ou de violences sexuelles, mais aussi à promouvoir une pétition pour l'aider à obtenir un poste permanent à l'Université Vanderbilt, dans le Tennessee, en 2017. Sa démarche n'avait alors pas abouti, une décision qu'elle avait attribué à son témoignage contre un ancien professeur de l'Université accusé de harcèlement. Elle avait retenté en 2019, mais face à un nouvel échec, avait quitté définitivement l'université.
MetooStem
En 2018, BethAnn McLaughlin avait également fondé l'association MetooSTEM, pour dénoncer le harcèlement dont peuvent être victimes les chercheuses dans les domaines de science dure (chimie, physique, mathématique, informatique...). Son fonctionnement opaque et les prises de décisions unilatérales de BethAnn, comme celle de réaliser un GoFundMe, avaient rapidement mis mal à l'aise les membres de l'association, dont sept dirigeants auraient quitté leur postes en accusant BethAnn d'avoir des comportements toxiques.
Depuis ces révélations, plusieurs représentants et défenseurs de minorités ont exprimé leur colère face à l'imposture et à la mauvaise image donnée par BethAnn.
" Je suis en colère après le mal fait aux noirs, indigènes et autres personnes de couleur, ainsi qu’aux gens LGBTQ+ de notre communauté dont la confiance a été violée. Je suis en colère que quelqu’un puisse simuler une maladie qui a tué tellement de gens et qui affecte de manière disproportionnée les BIPOC " (acronyme anglais de Black, Indigenous, People of Color, "Noirs, indigènes et gens de couleur ")
Sherry Marts, une ancienne de MetooSTEM, a déclaré quant à elle :
J'ai été harcelée et intimidée par la fondatrice de MetooSTEM (que je refuse désormais d'utiliser comme un hashtag) et j'ai partagé ce fichu prix avec elle. Elle n'est pas le mouvement, et nous sommes si nombreux à travailler pour changer la culture de MetooSTEM. Nous y arriverons.
Car effectivement, derrière, comment croire sur parole une femme violée ? Un mec tabassé ? Un gay insulté ? Etc ?
Comment être certain que la personne ne ment pas du tout ?
La question est importante, car si on décide de croire, alors fatalement "l'accusé(e)" devient coupable, et doit être puni(e)... ce qui détruit sa vie.
Alors oui je sais qu'en France la réalité diffère du Code pénal, mais en théorie, un viol par exemple est censé envoyer à l'ombre durant de longues années, et plus jamais la personne ne pourra retrouver une vie normale (casier judiciaire, regards de la famille, des amis...).
Imaginez que l'accusatrice soit une BethAnn.
Alors évidemment, on ne peut pas basculer dans l'extrême inverse et rejeter en bloc toutes les accusations, sauf quand il y a preuve concrète (témoignage oculaire fiable, vidéosurveillance, traces ADN, flagrant délit...).
Bref, tant qu'on a pas mis au point un super scanner cérébral ultra fiable pour le mensonge, on risque fort de ne pas réussir à trouver la voie idéale entre les deux extrêmes (briser la vie d'un innocent par erreur, ou laisser en liberté un violeur/meurtrier/etc faute de preuves suffisantes).
La surveillance totale est deja quasiment de mise avec les smartphones et autres appareils connectés qui nous écoutent h24, et ca ne fait que commencer. (sans parler des technologies militaires que nous civils ne pouvons meme pas imaginer...)
Je ne suis pas pour la surveillance totale, mais c'est comme la découverte du feu, la technologie est là et elle ne s'en ira probablement jamais (sauf regression suite a un cataclysme ou une catastrophe mondiale).
Autrement dit, on ne peut éviter d'etre tous surveillés, mais pour le moment cette surveillance est entre les mains d'une poignée de personnes ce qui est extrêmement dangereux pour la liberté de tous.
Si ces données étaient publiques, on pourrait faire comme on fait dans les transports en commun par exemple. On film tout le monde en permanence mais on ne regarde les vidéos/données qu'en cas de plaintes ou d'incident. De cette façon, seul la personne qui commet un crime sera observée. Et plus personne ne pourra passer entre les mailles du filet.
C'pas leur faute si les boomer sont incapables de faire la diff entre un vrai compte et un faux :)
C'est plutôt positif en fait.
Hein les soyboys SJW ? ;-)