Critique Buzz l'Éclair : Pixar réussit sa mission haut la main
Après trois films (Soul, Luca, Alerte Rouge) directement sortis sur Disney+ sans même passer par la case cinéma, le studio Pixar s'apprête à dévoiler son tout nouveau film en salles, prévu pour le 22 juin. Nous l'avons vu en avant-première, et on vous livre notre critique.
Un peu de contexte
Depuis le milieu des années 90 et la parution de son premier long-métrage (Toy Story), Pixar a toujours su créer l'événement. Il faut dire que le studio à la lampe a longtemps plongé dans l'ombre l'illustre studio Disney, tandis que ce dernier semblait piégé une interminable traversée du désert. Même une fois devenu propriété de Disney, Pixar a continué de créer la surprise, cumulant les succès critiques et publics, et raflant toutes les récompenses. Cependant le début des années 2020 a été particulièrement éprouvant pour le studio : non content de devoir gérer le départ, suite à des comportements déplacés de sa part, de John Lasseter, figure emblématique de Pixar, qu'il a longtemps dirigé, la crise du Covid-19 est passée par là.
Conséquence de la crise sanitaire : les trois derniers longs-métrages de Pixar sont sortis directement sur la plateforme Disney+, alors qu'ils avaient été conçus pour la salle. Plusieurs voix se sont élevées parmi les équipes créatives du studio, et enfin, Pixar retrouve le chemin de la salle de cinéma avec Buzz l'Éclair.
Un spin-off qui vaut le coup ?
Spin-off de la tétralogie Toy Story, Buzz l'Éclair est présenté comme "le film préféré d'Andy, qui a inspiré le jouet qui fera concurrence au cow-boy Woody". Si le film semblait avoir tout pour faire peur aux fans de la saga culte de Pixar (avec un Chris Evans remplaçant Tim Allen dans le doublage du personnage), il s'agit en vérité d'une idée somme toute suffisamment intelligente pour ne pas faire de ce spin-off un énième produit visant à faire perdurer une saga qui a déjà eu deux épilogues. En effet, ce principe de film dans le film permet à Pixar une extraordinaire liberté, dont on reparlera plus tard.
Car la première chose que l'on peut se demander avant de voir Buzz l'Éclair, c'est : est-ce que ce film est utile ? Pourtant, peut-être parce que le film a l'innocence de ne jamais répondre à cette question (le contraire aurait été suicidaire), on l'oublie très rapidement, et on se laisse plonger dans cette aventure SF terriblement efficace. Car oui, Buzz l'Éclair est un spectacle de tous les instants. Alors que Toy Story nous plongeait dans un monde miniature, le nouveau Pixar nous plonge dans l'immensément grand, où tout est possible : voyages spatiaux, planètes inhospitalières, héroïsme le plus absolu.
Un film-hommage et méta
Mis en scène par Angus MacLane, co-réalisateur du sympathique Le Monde de Dory, Buzz l'Éclair est un véritable hommage à tout un pan de la Culture Pop : la SF des années 80/90, de la colonie spatiale débarquant sur une planète inhospitalière à la Alien, aux insectes évoquant le Starship Troopers de Paul Verhoeven, en passant par les voyages en hyperespace de Star Wars. Des références qu'assumait déjà John Lasseter à l'époque de Toy Story, puisque le jouet Buzz évoquait cette arme créée par Zurg, son ennemi juré, capable de détruire une planète (référence évidente à l'Étoile de la Mort).
Surtout, parce qu'il mêle à ces références au cinéma SF d'autres références, évidentes et obligatoires, à Toy Story, sans toutefois en abuser, et par sa manière de les icôniser, Angus MacLane imite un peu le geste méta de Steven Spielberg dans Ready Player One : il replace Toy Story, la saga matricielle de Pixar, dans la Pop Culture. Ce que faisait Tonton Steven avec son propre cinéma.
Une fois que l'on a cette donnée en tête, on comprend que de nombreux choix artistiques ont plusieurs niveaux de lecture. Ainsi, si la manière très solennelle qu'a Buzz de s'exprimer est un hommage aux dialogues parfois pompeux des héros du cinéma d'action des années 80/90, le fait que ce soit Chris Evans, le Captain America du Marvel Cinematic Universe (personnage également très solennel dans sa manière de parler), qui prête sa voix au personnage est un amusant jeu méta, et lui donne de fait une saveur particulière.
Une animation irréprochable
Il est important, quand on évoque Pixar, d'évoquer aussi la technique. En effet, au fil des ans, le studio à la lampe a toujours repoussé très loin les limites du cinéma d'animation. Là encore, Pixar offre une animation irréprochable. Les scènes de vol sont impressionnantes, et le film n'a pas grand chose à envier aux films d'action actuels. Un second visionnage sera peut-être nécessaire pour trouver ici ou là des révolutions techniques à proprement dite, mais notons une impeccable gestion de la lumière et de ses effets. On songe notamment à une scène où le vaisseau de Buzz s'approche d'une étoile pour en faire le tour.
S'il n'est pas aussi émouvant que Toy Story 3, Toy Story 4, Là-haut, Vice versa ou Soul, le film s'en sort assez bien avec ses quelques séquences d'émotion. En partie grâce à plusieurs personnages attachants, dont le chat-robot Sox, qui vole presque la vedette au personnage principal. Le film a en outre une parfaite gestion de son humour. Sans en abuser, Pixar propose, comme à son habitude, une aventure aussi agréable aux enfants qu'aux adultes.
Le film Buzz l'Éclair ne souffre-t-il donc d'aucun défaut ? On aurait pu peut-être espérer un film un peu plus fou, utilisant son concept pour proposer un bestiaire et un milieu peut-être plus inventifs et déroutants. Malgré cela, on est pas déçu du voyage, et on ne demande qu'à voir une suite. D'autant plus que la scène post-générique semble nous y préparer.
Conclusion
Pour conclure, si l'on pouvait craindre un spin-off complètement dispensable, Buzz l'Éclair utilise parfaitement son concept de film dans le film, ainsi l'existence du long-métrage est parfaitement justifiée. Hommage au cinéma de SF des années 80/90, le film n'est cependant pas un catalogue de références nostalgiques à la Stranger Things, et souligne plutôt la place que la saga Toy Story, et donc le studio Pixar, occupent dans la Pop Culture, comme le faisait Steven Spielberg avec son propre cinéma dans Ready Player One. Amusant, ludique, bénéficiant d'une animation impeccable, le film aurait pu être un poil plus fou, mais la porte ouverte laissée à une suite potentielle nous permet d'espérer encore plus d'inventivité pour la suite ! S'il n'est pas le meilleur film du studio, ni son plus complexe, il nous rappelle cependant avec brio que les films Pixar sont bien souvent des grands films tout court.
Si cet article vous a plu, découvrez quel sera le prochain film du studio après Buzz l'Éclair. On a déjà hâte de le voir !
* C'est bien ce qu'appuie le texte introductif de ce "Buzz l'Éclair".
mais bon sang pixar ? Il s est passé quoi? J étais super hypé. Quel gachis. Ca mérite à peine disney+ ( surtout après red alert , tic et tac )