Disney : le réalisateur d'Anastasia tacle le studio et dénonce ce choix controversé

4 février 2024 à 13h01 dans Appareils photo

Le monde de l'animation a considérablement évolué en une petite centaine d'année. Les progrès fulgurant ont été accomplis grâce à des noms aujourd'hui légendaires, comme Walt Disney, Tex Avery ou encore Don Bluth. Et c'est justement ce dernier qui, aujourd'hui, encore, partage ses connaissances et ses avis controversés sur le monde de l'animation, et particulièrement sur les choix les plus délicats de son ancien employeur et concurrent : Disney.

Disney : le réalisateur d

Disney : le passage difficile à la 3D

L'histoire de Disney est faite de grands sommets imposants et de terribles gouffres abyssaux. Si aujourd'hui le studio est en quasi situation de monopole sur le domaine de l'animation et du divertissement, ce n'était pas le cas au début des années 2000, quand le studio était -encore- en perte de vitesse. Après l'énorme succès du Roi Lion, Disney s'intéresse à Pocahontas, Le Bossu de Notre-Dame, Tarzan, Fantasia 2000, Dinosaures, Kuzco, Atlantide, La Planète au trésor, Frère des ours et La Ferme se rebelle. Tous ces films seront des semi-échecs, aucun d'eux n'arrivant au succès interplanétaire d'un Roi Lion, Mulan, Lilo & Stitch ou d'un Hercule, signe que Disney était en perte de vitesse et a tout tenté pour renouveler la formule de ses "classiques" d'animations. Kuzco est d'ailleurs le film le plus révélateur d'une formule Disney essoufflée et au management malade, comme en témoigne ce documentaire que le studio cherche à tout prix à faire oublier. 

Pour endiguer cette fuite d'argent et de talents, Disney a opté pour un choix très controversé pour l'époque : s'essayer à la 3D avec Chicken Little. D'autres studios s'y étaient cassés les dents auparavant, mais la décision a été prise grâce aux énormes succès de films de la concurrence comme Shrek (2001), L'Âge de Glace (2002) ou Toy Story (1995). Chicken Little, malgré un succès commercial, recevra des critiques très négatives. Premier film officiellement en images de synthèse du studio, il ouvre la voie à d'autres productions 3D et aujourd'hui, ils sont si nombreux qu'on ne les compte plus. Mais ce succès a un prix : le budget hallucinant de certaines productions, qui, parfois sont horriblement peu rentables. Don Bluth en sait quelque chose justement, ayant pu découvrir les deux facettes du processus de création. Si vous ne le connaissez pas, c'est un animateur et réalisateur légendaire ayant travaillé au succès de nombreux films Disney comme Robin des bois, La Belle au bois dormant, Winnie l'Ourson, Bernard et Bianca, Peter et Elliott le dragon ou encore Rox et Rouky, d'ailleurs source de son désaccords avec le studio. Il fondera plus tard sa propre société afin de produire quelques chefs d’œuvres comme Brisby et le Secret de NIMH, Fievel et le Nouveau Monde, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Poucelina ou encore Anastasia qui reste à ce jour son film le plus populaire. Invité au Mega-Con d'Orlando pour une tribune spéciale, il est revenu sur ses années Disney et sur l'évolution absurde du prix des films :

Je crois qu'il y aura un moment où les costards [c'est comme cela que Don Bluth appelle les décisionnaires, les actionnaires et autres producteurs] se diront enfin : nous pouvons gagner plus d'argent avec l'animation dessinée en 2D qu'avec la 3D. Je regarde les sommes dépensées pour les images 3D, et cela peut atteindre quelque chose comme 200 ou 300 millions de dollars. Et il y a encore plus de monde qui travaille dessus. Je vieillis rien qu'en regardant le générique de fin. Il me semble donc que l'animation dessinée à la fin est moins chère et plus rentable. Je prends pour exemple Le Secret de NIMH, nous avons réalisé ce film pour 6,5 millions de dollars. Alors, comment diable dans votre esprit sain, pouvez-vous affirmer que 300 millions dollars sont justifiés ?

Don Bluth

Disney : une bulle prête à exploser ?

Aujourd'hui, il est compliqué d'établir un bilan de santé de Disney et de ses films. Le studio a réalisé d'énormes flops et la pandémie de Covid n'a rien arrangé. Pourtant, les budgets n'ont jamais été aussi élevés. Certains films rapportent des sommes absurdes au box-office, comme La Reine des Neiges 2, le remake du Roi Lion et celui d'Aladdin qui tournent autour du milliard de recettes au box-office mondial. De l'autre côté, les récentes productions Marvel ou Indiana Jones sont des échecs catastrophiques, là où Avalonia, Wish, Alerte Rouge, Luca, Encanto et Raya sont des échecs mitigés. Il est fort probable que nous assistions dans les années à venir à l'explosion d'une bulle économique sur les films, invitant les studios à revenir sur des productions plus modestes, et donc à de l'animation 2D, comme l'a été La Princesse et la Grenouille en 2009, arrivé pourtant après que Disney a juré de ne plus refaire de films en deux dimensions.

Lucas, journaliste de formation et de métier et grand amateur de jeux de stratégie, RTS et autres jeux de cartes. Rôliste dans l'âme au dé 20 capricieux. La joie de vivre et le jambon, c'est ça le secret du bonheur.

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Commentaires (4)
Les films 2D sont bien plus facilement compréhensibles et attachants que les films 3D, c'est indéniable.
photo de profil de Madame Irma Par Madame Irma, il y a 10 mois Répondre
Anastasia c'est pas un film Fox plutôt que Disney ? À l'époque du moins ce n'était pas fait pour ou par disney
photo de profil de hmm Par hmm, il y a 10 mois Répondre
c'est bien ça, mais comme pour beaucoup d'articles, nous avons le droit à un titre bizarre ou on met en avant le secondaire plutôt que le primaire.
Don Bluth, créateur d'Anastasia qui, à cette époque, n'avais plus rien à voir avec disney, ce moque de ses anciens patrons.

Par contre, aujourd'hui, pour rebondir sur le début de ton comm, Anastasia est bien un film Fox animation, qui est un studio qui appartient à la 21 century qui à était racheté entre 2017/2019 par... Disney XD
photo de profil de midorijin Par midorijin, il y a 10 mois (en réponse à hmm) Répondre
"succès interplanétaire"
Carrément. À plus de 400° le jour, j'espère que les salles sont climatisées sur Vénus.

"Il me semble donc que l'animation dessinée à la fin"
End = fin
Hand = main
Et là, la phrase a tout de suite plus de sens.

Sinon, sans cracher sur certains chefs-d'œuvres 3d, j'avoue aussi préférer de
loin les dessins animés faits à la main. Rien n'égale la magie absolue des vieux cartoons.
photo de profil de Tociraz Par Tociraz, il y a 10 mois Répondre
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