13 films excellents qui ont tristement échoué au box-office
Dans ce dossier, nous revenons sur treize longs-métrages sortis entre 2012 et 2025, que nous considérons comme d'excellents films - voire pour certains d'entre eux comme des chefs-d'oeuvre - et qui ont malheureusement échoué au box-office mondial.
#1 Cloud Atlas, Lana et Lilly Wachowski et Tom Tykwer(2012)
Les Wachowski démarrent le troisième millénaire en étant les maîtres à Hollywood. En 1999, Matrix a été un énorme carton qui a propulsé leur nom au sommet de l'industrie du cinéma indépendant américain. Dire que Cloud Atlas, sorti en 2012, était attendu par leurs fans relève de l'euphémisme. Précédé par un trailer exceptionnel de cinq minutes, cette adaptation de La Cartographie des Étoiles de David Mitchell écrite et réalisée à six mains - puisque le réalisateur allemand Tom Tykwer est crédité comme co-scénariste et co-réalisateur - est un immense film terriblement ambitieux sur l'amour, le temps et l'espace. Nous plongeant à six époques différentes, Cloud Atlas semble annoncer l'excellente série Sense8. Magnifiquement exécuté, le long-métrage a malheureusement échoué au box-office mondial, comme tous les films suivants des deux soeurs. Pour notre plus grand désarroi !
#2 John Carter, d'Andrew Stanton (2012)
Figurant parmi les grands noms de l'écurie Pixar - puisqu'il a co-écrit le scénario de Toy Story aux côtés de John Lasseter, avant d'écrire et réaliser 1001 Pattes, Le Monde de Némo, WALL-E, Le Monde de Dory et Toy Story 5 -, Andrew Stanton se lance en 2012 dans la réalisation de projets en prises de vues réelles avec John Carter, produit par le studio Disney. Adaptant le classique de la science-fiction Une princesse de Mars d'Edgar Rice Burroughs, John Carter devait lancer une franchise construite autour du Cycle de Mars de l'auteur. Malheureusement, en dépit de ses nombreuses qualités, le film s'est fait descendre par la critique à sa sortie. Il a été très largement réhabilité par la suite, par une ribambelle de fans qui réclament une suite à corps et à cris. Disney a également une grande responsabilité dans cet échec ; très frileux à cause de ses nombreux échecs au box-office lorsqu'il était question de Science-Fiction, le groupe a décidé de gommer au maximum cet aspect dans la promotion du long-métrage. Dommage !
#3 Le Vent se lève, de Hayao Miyazaki (2013)
En 2013, le légendaire Hayao Miyazaki fait l'événement avec Le Vent se lève. Présenté comme son ultime film avant sa retraite - heureusement, il est revenu sur sa décision -, le long-métrage a été unanimement accueilli par la presse. Prétextant une biographie de Jiro Horikoshi, le concepteur du Chasseur Zéro de Mitsubishi utilisé par les Kamikazes -, Hayao Miyazaki livre un film extrêmement personnel, dans lequel il évoque à la fois ses drames familiaux et son rapport à son art. Souvent sous-estimé, Le Vent se lève est un film majeur dans la carrière du cinéaste japonais, mais qui n'a pas rencontré son public à sa sortie en 2013. Le fait qu'il s'agisse d'un film réaliste à destination des adultes a sans doute découragé de nombreux spectateurs de le découvrir en salle. Quoi qu'il en soit, son échec au box-office - par rapport aux objectifs du studio Ghibli - ont fortement affaibli le studio financièrement.
#4 Le Conte de la Princesse Kaguya, d'Isao Takahata (2013)
Quelques mois après la sortie du film Le Vent se lève de Hayao Miyazaki, Ghibli met à l'honneur son autre réalisateur-star : Isao Takahata, metteur en scène notamment du magnifique Le Tombeau des Lucioles et co-fondateur du studio aux côtés de Miyazaki et de Toshio Suzuki. Avec Le Conte de la Princesse Kaguya, Isao Takahata adapte au cinéma l'un des plus vieux textes de la littérature japonaise : Le Conte du coupeur de bambou (Taketori monogatari) de Murasaki Shikibu (à qui l'on doit aussi le fondamental Dit du Genji). Entièrement dessiné au fusain, Le Conte de la Princesse Kaguya est un film poétique et puissant, l'un des plus beaux du studio Ghibli. Malheureusement, malgré le fait qu'il ait été considéré comme un triomphe artistique à sa sortie, le film n'a pas attiré les foules dans les salles de cinéma. Son échec au box-office, corrélé à deux du Vent se lève de Hayao Miyazaki la même année et de Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi l'année suivante contraindra le studio Ghibli à cesser toute activité pendant plusieurs années. Il faudra attendre l'infâme Aya et la Sorcière de Goro Miyazaki, et surtout le sublime Le Garçon et le Héron de Hayao Miyazaki, pour que retrouver le célèbre studio d'animation japonaise au cinéma.
#5 À la poursuite de demain, de Brad Bird (2015)
Cinéaste unanimement reconnu pour son talent dans l'animation, puisqu'il a réalisé entre autres Le Géant de Fer, Les Indestructibles, Ratatouille et Les Indestructibles 2, Brad Bird s'est essayé à la réalisation en prises de vues réelles d'abord avec Mission Impossible: Protocole Fantôme en 2011, puis avec À la poursuite de demain en 2015, porté par George Clooney. Ce film de SF d'une grande inventivité est inspiré de l'attraction Tomorrowland de Disneyland. Pris de panique devant cet objet cinématographique, Disney a décidé de saboter sa sortie. Le film a échoué au box-office, avant d'être très largement réhabilité et considéré comme un grand film lumineux.
#6 West Side Story, de Steven Spielberg (2021)
Autrefois roi incontesté du box-office mondial, Steven Spielberg a malheureusement subi de plein fouet les choix de distribution de The Walt Disney Company, propriétaire de 20th Century Studios depuis le rachat de la Fox. Sorti en 2021, son remake du classique West Side Story n'a eu qu'une promotion très limitée, si bien que de nombreux spectateurs sont passés à côté de ce chef-d'oeuvre, plus éclatant et flamboyant que le film original de Robert Wise. Unanimement salué par la presse, West Side Story confirme le statut de Steven Spielberg comme l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma américain aux côtés de Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Le film, porté par l'impressionnant duo de comédiens Ansel Elgort et Rachel Zegler - future Blanche-Neige pour Disney -, est une pépite à voir et à revoir, malgré ses 76 millions de dollars au box-office mondial...
#7 Nightmare Alley, de Guillermo Del Toro (2021)
Après avoir remporté l'Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur pour La Forme de l'eau (2017), Guillermo Del Toro a fait son grand retour dans les salles de cinéma américaines en 2021 avec Nightmare Alley, sorti début 2022 en France. Comme plusieurs films produits par Disney - via sa filiale 20th Century Studios - pendant et après la pandémie, Nightmare Alley a été extrêmement mal promu par le groupe aux grandes oreilles... Deuxième adaptation du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, le long-métrage est un hommage vertigineux au genre du Film Noir. Ahurissant de beauté au niveau de sa plastique, ce film très misanthrope a malheureusement échoué de manière lamentable au box-office, et ce en dépit du prestige de son cinéaste et de son casting cinq étoiles.
#8 The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Après une décennie 2010 en dents de scie durant laquelle il a connu quelques succès et plusieurs échecs, Ridley Scott aborde la décennie 2020 en pleine forme avec Le Dernier Duel. Pour sa nouvelle fresque médiévale, le réalisateur de Gladiator et Kingdom of Heaven s'intéresse au dernier duel judiciaire qui a opposé le chevalier Jean de Carrouges à l'écuyer Jacques Le Gris. Porté par un casting solide (Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer), Le Dernier Duel est un grand film misanthrope et féministe. S'il n'est bien évidemment pas parfait, Ridley Scott signe ici un de ses meilleurs films depuis longtemps. Sorti en pleine pandémie, le film a malheureusement été un échec au box-office, comme tant d'autres films de cette période. On regrette que le cinéaste Britto-américain n'ait pas réussi à réaliser depuis un film aussi intéressant...
#9 Donjons & Dragons: L'Honneur des Voleurs, de Jonathan Goldstein et John Francis Daley (2023)
Mis à part la trilogie Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, les trois premiers Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski et le cycle Harry Potter, la fantasy a rarement été victorieuse au cinéma. C'est ce que nous a rappelé avec force Donjons & Dragons: L'Honneur des Voleurs en 2023. Alors que les studios hollywoodiens s'entredéchirent pour dégoter LA nouvelle perle de fantasy en mesure de reproduire le triomphe de Game of Thrones. Produit par Lionsgate Canada et distribué par Paramount, le film Donjons & Dragons: L'Honneur des Voleurs compte parmi ces tentatives. Et si le film a été reconnu comme excellent de la part des fans du plus célèbre des jeux de rôles sur table, il a été un désastre au box-office. Deux raisons expliquent cet échec : tout d'abord la bande-annonce, qui mettait en avant d'abord "l'humour à la Marvel" du projet, rappelant par certains côtés Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn ; ensuite, la très mauvaise réputation que se traîne la licence au cinéma. Malheureusement, le projet de série spin-off a été annulé...
#10 Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese (2023)
Quatre ans après l'excellent The Irishman - sorti exclusivement sur Netflix -, le légendaire Martin Scorsese a fait son retour en 2023 avec Killers of the Flower Moon. Réunissant pour la première fois devant sa caméra ses deux muses - les acteurs Robert De Niro et Leonardo DiCaprio -, le réalisateur new-yorkais signe ici une nouvelle fresque criminelle et historique, en adaptant le non-fiction book de David Grann qui raconte comment une tribu native-américaine devenue exceptionnellement riche s'est fait décimer au début du XXème siècle. Parfaitement maîtrisé, Killers of the Flower Moon est aussi beau que violent ; un nouveau sommet dans la carrière de Martin Scorsese, qui démontre une fois encore qu'il est l'un des plus grands cinéastes de l'histoire du cinéma américain. Pour son premier western, le metteur en scène de Taxi Driver, Les Affranchis et Casino a pu compter sur le soutien financier d'AppleTV+. Malheureusement, du fait de sa longue exceptionnelle (3h19), le long-métrage a été boudé par les exploitants de salle et par le public.
#11 Furiosa: une saga Mad Max, de George Miller (2024)
Neuf ans après Mad Max: Fury Road (2015), souvent considéré comme l'un des plus grands films d'action du XXIème siècle, le réalisateur australien George Miller est revenu dans l'univers post-apocalyptique Mad Max en 2024 avec Furiosa. Ce prequel, qui raconte l'histoire du personnage éponyme qu'interprétait Charlize Theron dans Fury Road, est une réussite totale : traversé par deux scènes d'action ahurissantes figurant parmi les plus saisissantes de la décennie, Furiosa est également une passionnante continuation du travail de George Miller sur les mythes, au centre de son précédent film - le magnifique Trois mille ans à t'attendre. Alors que le cinéaste australien, âgé de 80 ans, espère réaliser deux autres films Mad Max, l'échec incompréhensible de Furiosa rend cet objectif plus difficile à accomplir. Quelle tristesse...
#12 Mickey 17, de Bong Joon-ho (2025)
Premier film du génial réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho depuis le triomphe de Parasite (2019) - lauréat de quatre Oscars et Palme d'Or -, Mickey 17 signe sa première incursion 100% hollywoodienne. Le cinéaste, qui nous avait déjà montré son appétence pour la science-fiction avec Snowpiercer (2013) et Okja (2016) adapte un roman SF d'Edward Ashton (Mickey7) qui lui permet d'explorer à nouveau la question de la lutte des classes qui habite son cinéma depuis Memories of Murder (2003). Mettant en scène Robert Pattinson dans le rôle d'un employé d'une mission de colonisation spatiale dont le travail consiste à mourir encore et encore avant d'être réimprimer, Mickey 17 est également une critique de l'idéologie coloniale et de l'Amérique de Donald Trump. Malgré ses innombrables qualités artistiques et l'énorme chèque qu'a signé Warner Bros. Discovery, le film s'est malheureusement planté au box-office. Mickey 17 méritait mieux !
#13 Elio, du studio Pixar (2025)
Depuis la pandémie, Pixar est devenu le parent pauvre du groupe Disney. D'abord privé de salles pour trois de ses longs-métrages - Soul, Luca et Alerte Rouge -, le studio à la lampe de bureau subit de plein fouet les décisions hasardeuses de la maison-mère, qui n'hésite pas à plomber les films originaux estampillés Pixar en ne leur offrant pas un appareil promotionnel digne de leur qualité. Comme Élémentaire avant lui, Elio a non seulement été privé d'une promotion pleinement satisfaisante, mais en plus il est sorti le même jour que 28 ans plus tard de Danny Boyle et deux semaines avant Jurassic World Renaissance de Gareth Edwards. Véritable échec au box-office, cette jolie fable SF sur la différence et la solitude mérite amplement votre attention !
Petite erreur, il me semble, pour Cloud Atlas: le livre de David Mitchell s’intitule : La Cartographie des Nuages et non des Etoiles...