Netflix : cette décision du gouvernement met en danger TF1, M6 et France Télévision
Devant composer avec des concurrents américains extrêmement puissants (Netflix, Prime Video, Disney+), les chaînes françaises cherchent à se réinventer. Mais une décision du gouvernement bouleverse les ambitions des principaux groupes de télévision français.
Une concurrence écrasante
Aujourd'hui, chaque chaîne française possède son propre service de VOD ou à minima de rediffusion sur Internet. Pour concurrencer Netflix, Disney+, Amazon Prime et autres consorts, les trois groupes France Télévision, TF1 et M6 s'étaient alliés pour former Salto, un service de vidéo à la demande par abonnement concurrent qualifié de "Netflix à la française" dont nous vous parlions plus en détail dans cet article. Mais les résultats de cette plateforme partenaire sont plus que mitigés, les chiffres n'étant pas à la hauteur des attentes.
Cela peut s'expliquer de multiples façons, mais la raison principale est que la plateforme n'est pas disponible partout. Actuellement, elle n'est présente que sur les Box Bouygues Telecom et sur très peu de télévisions connectées, là où Netflix est préinstallé partout, et possède parfois même un bouton sur certaines télécommandes. Une concurrence écrasante qui se fait sur le terrain de la distribution. Une différence de taille qui ont mené les chaînes françaises à demander un soutien de l’État pour le développement de la plateforme Salto. Soutien que le gouvernement a refusé d'accorder.
Pas de favoritisme pour Salto
TF1, M6 et France TV avaient par conséquent demandé à ce que Salto bénéficie du même traitement que le service de VOD Arte TV. C'est à dire être diffusée en HbbTV, soit Hybrid Broadcast Broadband TV. Un service qui se démocratise de plus en plus, permettant à un diffuseur de produire de la VOD en utilisant la TNT, sans passer par internet. Cela aurait permis à ce que Salto soit disponible sur tous les appareils bénéficiant du service HbbTV, sans contrainte d'un quelconque service d’exploitation. Malheureusement, ce système est lui aussi très peu diffusé en France actuellement.
Les groupes français ont donc demandé à ce que ce standard HbbTV soit généralisé en France en l'associant au projet de loi "Régularisation et protection de l'accès aux œuvres culturelles à l'ère numérique". Ce qui n'a pas pu être fait. Selon nos confrères de la Lettre A, le gouvernement a invoqué deux raisons importantes à ce refus. Déjà parce que les SVOD passent par la loi SMAD (pour Services de Médias Audiovisuels à la Demande) et aussi parce que les grands groupes comme Netflix seraient déjà passés par là...
Des négociations tendues
En effet, Netflix et les autres groupes américains seraient déjà en train de négocier en France pour l'obtention de ce service, et donc, de sa possible mise en concurrence (ou non) avec les services Français. Mais il existe une autre raison, invoquée par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot : "cela risquerait de déstabiliser le modèle économique" en place des opérateurs comme Bouygues Telecom, Orange, SFR ou encore Free.
Ces derniers négocient en permanence la présence de ces fameux services SVOD sur leurs box. Idem pour les fournisseurs d'accès à Internet et constructeurs de télévision. Et vu la puissance de Netflix, Amazon Prime ou encore Disney+, on se toute qu'ils ont exercé un lobbying énorme pour s'accaparer le plus de place possible.
M6 et TF1 obligés de s'associer
Le mois dernier, nous apprenions que des négociations pour que TF1 rachète le groupe M6 s'étaient plutôt bien passées. Les deux géants devraient donc fusionner si l'autorité de la concurrence donne son accord, ce qui n'est pas chose aisée au vu du bouleversement dans le paysage médiatique que cela va produire. La raison principale de ce rachat a été de pouvoir créer un groupe français suffisamment fort pour résister aux plateformes de streaming vidéo comme Netflix ou Disney+, qui ont déjà conquis respectivement 200 millions et 100 millions d'abonnés dans le monde.
Ce rachat se fera à hauteur de 641 millions d'euros pour que TF1 puisse acheter 30% des titres du groupe M6. Mais tous ne voient pas ce rachat d'un bon oeil. Le rachat ne sera pas officiel avant 2023. D'ici là, tout peut arriver, car si ce nouveau groupe serait peut-être assez puissant pour rivaliser contre Netflix (car c'est leur argumentaire jusqu'à présent) il s'agirait surtout d'un groupe qui serait peut-être trop puissant pour les concurrents français, pouvant agir en quasi-monopole sur le paysage médiatique métropolitain.
Quoi qu'il en soit, la décision du gouvernement, qu'on la défende ou non, met profondément en danger les groupes de télévision français, qui ne parviennent pas à jouer à armes égales face à leurs concurrents venus des Etats-Unis. On attend de voir si, à défaut du HbbTV, les groupes TF1 et M6 pourront fusionner, et si cette solution permettra réellement de concurrencer les SVOD américains. En attendant, vous pourrez bientôt revoir tous les épisodes de Smallville (dont l'actrice Allison Mack vient tout juste d'être condamnée à de la prison) qui font leur retour sur M6.
Salto prend un ticket, comme tout le monde
Bolloré qui embauche des délinquants comdamnés pour incitation à la haine et dont il est interdit de se moquer même quand on est humoriste sous peine de se faire censurer ou virer ^^'
Bref pas de condescendance.