La plante en bouteille, un organisme en autarcie
En 1960, un Anglais du nom de David Latimer place une plante du genre Tradescantia, dans une bombonne en verre, la scelle avec un bouchon de liège, et laisse faire durant plus de 50 ans. Et durant toute cette période, la plante survit, et même, se développe ! Une surprise qui pourtant est explicable.
Le mystère démystifié
Les organismes végétaux, autant d’ailleurs que les organismes animaux ou autres, fonctionnent sur la base de cycles. Ils en disposent de trois principaux qui sont les suivants. Tout d’abord, il y a le cycle gazeux. Ce cycle, qui est basé sur l’échange de différents gaz avec l’atmosphère, est à l’origine de la genèse de l’énergie et de la matière. La plante possède deux manières exploiter ce cycle : la photosynthèse et la respiration, dont l’utilisation de l’une ou l’autre dépendra de l’intensité de la lumière.
La photosynthèse va consister en l’absorption de CO2 (dioxyde de carbone) et d’H2O (de l’eau), ce qui va permettre, grâce à l’énergie apportée par la lumière, la synthèse d’un sucre (dans l’équation bilan, C6H12O6), qui par isomérisation, donnera les bases des différents acides aminés nécessaires à la vie, et l’excédent d’oxygène produit durant la réaction étant simplement rejeter dans l’air. Ce cycle a pour but de créer de la matière organique qui est la brique du vivant. Bref, on se rappelle tous du collège…
La nuit, en l’absence de lumière, cette synthèse est impossible et ce cycle est remplacé par le cycle de la respiration cellulaire qui va, quant à elle, permettre la création d’énergie sous forme d’une molécule appelée l’ATP (adénosine triphosphate). Et, je l’espère, on sait tous comment ça se passe : on inspire de l’O2, on expire du CO2, blablabla… En réalité, c’est un peu plus compliqué. Grâce au procédé d’oxydo-réduction, le sucre créé plus tôt va être "oxydé", et l’O2 va être "réduit", ce changement de nature entrainant en plus un échange d’électrons entre les deux produits, et cet échange entrainant lui-même la création d’un courant électrique à l’origine de l’énergie du vivant.
Or, si la journée la plante rejette de l’O2 en absorbant du CO2, on voit que ce mécanisme s’inverse la nuit, amenant à la création d’un équilibre circadien, la plante réutilisant constamment, en milieu fermé, les mêmes molécules qu’elle absorbera puis rejettera indéfiniment tant que le cycle est équilibré.
Le deuxième cycle important est celui de l’eau. L’organisme végétal, comme tout organisme vivant, a besoin d’eau pour assurer la continuité de son existence et le maintien de différents cycles biologiques (qu’on ne citera pas ici, parce qu'il y en a une liste sans fin. Bref buvez de l’eau, c’est bon pour la santé). Il va donc la prélever dans le sol et la faire circuler en son sein par les nervures. Or, on a vu plus haut que dans le processus de respiration, la plante va absorber de l’O2 pour rejeter du CO2 et, surtout de l’H2O ! Cette H2O peut alors se condenser sur les parois du contenant, puis ruisseler jusqu’à la terre, où elle sera à nouveau absorbée par la plante et où elle effectuera un nouveau cycle, etc, etc, etc… Une fois du plus, on utilise toujours les mêmes molécules dans un cycle qui s’auto-alimente.
Enfin, le dernier cycle est celui de la matière. Si les deux premiers cycles doivent se mettre en place quasi immédiatement après l’obturation du contenant, celui-ci sera bien plus long car il nécessite la mort progressive des feuilles et tout autre composant de la plante et nécessite l’intervention d’autres organismes dits "décomposeurs". En effet, la mort naturelle des appendices de la plante va permettre la création de "détritus" tout aussi riches en élément du vivant que la plante elle-même, mais qui ne sont pas ré-absorbables en cet état par la plante. Vont alors intervenir les décomposeurs qui vont se charger de casser les molécules qui composent ces détritus, bien souvent par le processus de digestion, pour les transformer en éléments plus simples et absorbables par la plante qui va, une fois de plus grâce à la photosynthèse, recréer sa matière à partir de ses restes dégradés. Bien sûr, même si ce cycle se met en place doucement car la plante ne va pas se renouveler tout de suite, elle va quand même le commencer en prélevant les éléments nécessaires à son développement dans la terre qui l’entoure.
Ainsi, c’est par un jeu d’échange constant, "je te prends de l’O2 pour que je te le rende plus tard" ou "je récupère l’eau que j’ai éliminé la veille", que la survie d’une plante dans un milieu confiné est possible. Et vous pouvez tout à fait reproduire cette expérience chez vous sans aucune difficulté (chose que j’ai faite, et ma fougère en boite à trois mois et se porte comme un charme, sans jeu de mot).
Comment faire ?
Bon déjà, pour commencer, il faut trouver une bombonne, et dans ce cas-là, seul le Bon Coin est ton ami. Il n’y a pas de taille définie, mais en revanche, il y a une condition, celle que le verre doit être transparent et surtout pas teinté, au risque de limiter l’apport lumineux à la plante. Car en effet, il s’agit de recréer un environnement qui respectera absolument les cycles de la plante ! Lavez-la soigneusement, et laissez la sécher dehors, où elle pourra en plus s’aérer.
Ensuite, le mieux est de réaliser dans le fond de la bombonne un drainage avec des billes d’argile, qui évitera le pourrissement des racines (très facilité par l’environnement confiné et saturé de la bombonne). La terre, doit être riche (la couleur noire est un bon indicateur de sa richesse), et surtout, elle doit être vivante. J’entends par là qu'il faut absolument qu’elle contienne des organismes qui pourront assurer le recyclage de la matière organique. Et en plus d’avoir un parc botanique, vous pourriez avoir éventuellement un zoo, et ça c’est encore plus marrant.
Le choix de la plante est aussi important. En effet, il vaut mieux prendre une plante tropicale qui sera déjà naturellement plus résistante au fort taux d’humidité et au pourrissement. Bien sûr, l’exposition à la lumière directe est absolument à proscrire, à moins que vous souhaitiez de la plante cuite à l’étouffée, et le mieux étant une exposition équilibrée en termes de temps, afin de conserver des parts gazeuses égales.
Enfin, l’arrosage. Comme bien entendu vous allez boucher la bombonne, vous ne pourrez désormais plus l’arroser une fois par semaine, comme le Ficus de Maman (que vous avez malencontreusement laissé mourir, justement faute d’eau, mais elle ne le sait pas car vous l’avez remplacé par un autre heureusement). Il faut donc mettre de l’eau avant cette étape évidemment. Et c’est là la difficulté, car un surplus d’eau entrainerait le pourrissement, alors que l’inverse est délétère pour la plante, empêchant le bon déroulement des cycles. Alors, mon astuce : la terre doit être suffisamment humide pour coller aux doigts, mais doit partir quand vous les essuyer légèrement, tout en laissant vos doigts teintés couleur terre. Rajoutez de l’eau dans le drainage de manière à ce qu’elle en recouvre la moitié, pour assurer une réserve. Il se peut aussi qu’il n’y en ait pas assez, mais vous le verrez au fur et à mesure.
Dernière recommandation, l’obturation de votre bombonne doit être faite le plus vite possible après que la terre ait été mise, cette dernière rejetant beaucoup de CO2 qui risque de remplacer l’O2 dans la bombonne, et de faire un mélange atmosphérique peu propice au développement de votre plante.
Et voilà !
Car si elle à grandit à partir de "rien", autant vous dire que l'échange équivalent n'a pas été respecté et qu'il doit y avoir un pauv' gars avec une jambe et un bras en moins maintenant.
(heureuse de t'avoir été utile)
pcq les 50€ merci bien mais pas pour moi :p ( http://shoppingcrush.fr/shop/… )
Si qqun sait ou en acheter pour pas cher, je suis preneur :)
merci d'avance
C'est pas que je suis attardé (si si j'vous jure)
mais c'est toujours plus facile quand on nous montre en détail la phase de préparation de la bête :)
En video : http://neozone.org/insolite/…
Bon courage, je pense qu'il faut plus qu'un essai pour qu'une tienne assez longtemps ;)