Oubliez les dinosaures, voici la plus vieille peau fossilisée au monde
Si l'on vous parle de créatures qui ont peuplé la Terre il y a des millions d'années, il y a de fortes chances pour que vous pensiez spontanément aux dinosaures. Du terrifiant T. Rex au cuirassé Ankylosaurus, on a entendu parler maintes fois de ces bestioles disparues lors d'une extinction de masse. Mais les dinosaures ne sont pas les premières créatures à avoir foulé la planète bleue, ni même les premiers reptiles, comme vient nous le rappeler cette découverte historique d'une peau fossilisée.
avant les dinosaures
Il est toujours impressionnant de se rendre compte des bonds de géants que l'Humanité a fait ses dernières décennies, et ce dans tous les domaines. En plus de développer diverses technologies et autres intelligences artificielles, nous sommes capables de comprendre notre monde mieux que jamais. On doit essentiellement cela aux sciences. La cosmologie et l'étude plus générale de l'univers qui nous entoure nous permettent de "prédire l'avenir" à grande échelle, mais aussi de mieux comprendre d'où nous venons. La paléontologie, la science des fossiles, est également essentielle à cela.
C'est en grande partie grâce à elle que l'on a pu retracer l'histoire des êtres et organismes qui ont peuplés notre planète, à l'image des fameux dinosaures. Ceux-ci se sont éteints il y a environ 65 millions d'années, mais ils sont loin d'avoir été les premières créatures à poser leurs griffes sur Terre. En fait, on vient même de retrouver un fossile tellement ancien qu'il s'agit d'un record historique !
ce fossile cosntitue une découverte historique
Dans l'Oklahoma, aux Etats-Unis, deux paléontologues amateurs ont fait une découverte historique dans les grottes calcaires de Richards Spur. Ils ont en effet déniché une peau fossilisée qui daterait d'il y a 288 millions d'années. Si cette trouvaille est aussi importante pour la communauté scientifique, c'est parce qu'il s'agit de la plus vieille peau fossilisée jamais retrouvée, et de loin ! Avant cela, la plus ancienne connue datait d'il y a 160 millions d'années. A titre de comparaison, les dinosaures seraient apparus il y a environ 140 millions d'années, durant l'ère du Mésozoïque. C'est dire à quel point la peau découverte, qui appartenait vraisemblablement à un lézard, est importante.
Une telle découverte va permettre aux paléontologues, géologues et consort de remonter loin dans le passé pour tenter d'en apprendre plus sur cette époque méconnue. Il faut dire qu'il est extrêmement rare de tomber sur des peaux fossilisées aussi vieilles. Pourquoi ? Parce qu'habituellement, la peau ne se conserve que très peu comparée aux dents et aux os, dont la forte teneur en minéraux tels (phosphate de calcium) facilite la fossilisation. C'est d'autant plus impressionnant que contrairement à ce que peut laisser penser l'image ci-dessous (vu au microscope), ce fossile de peau est plus petit qu'un ongle !
Fort heureusement pour nos paléontologues amateurs et pour la communauté scientifique, plusieurs facteurs étaient ici réunis pour conserver la peau de reptile découverte, à commencer par la présence très faible d'oxygène. Pour l'heure, cette peau a déjà permis de mieux comprendre l'évolution des espèces entre les époques, et de confirmer que les tétrapodes, des animaux vertébrés à quatre pattes (serpents, crocodiles...), étaient les plus répandus sur la planète à cette époque.
Les conséquences ont été catastrophiques pour la vie à 500 km à la ronde : séisme, onde de choc, vents estimés à 2000 km/h, fournaise (5000°C sur le lieu d'impact, 1500°C à 50 km comme à Angoulême qui était un lagon en cette fin du Trias. Les vents auraient déclenché un tsunami qui a chassé l'eau et exposé les fonds marins à la fournaise. Le sable s'est transformé en verre, l'argile et la vase en terres cuites, emprisonnant les formes de vie dans ce que l'on appellerait "capsules temporelles". Le conservateur du musée d'Angoulême à qui j'ai montré quelques échantillons les a qualifiés de "déchets de fonderie après un examen rapide et m'a renvoyé jouer aux billes, visiblement agacé que des néophytes marchent sur leurs plates bandes.
J'ai rencontré un ancien directeur des forges de Ruelle sur T'ouvre (aujourd'hui Naval Industrie) et son expertise a été la suivante:"Je ne peux pas vous dire ce que sont vos pierres, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'elles ne sortent pas d'une fonderie. De toute ma carrière, et depuis ma formation, je n'ai jamais vu ni entendu parler de déchets de fonderie avec des coquillages à l'intérieur."
En effet, toutes les surfaces vitrées modèle des coquillages aujourd'hui inconnus et les morceaux transparents, de couleurs variées, présentent des débris de coquilles.
Tout ce long préambule pour vous dire qu'en Charente on trouve des pétrifications de peaux. Elles ne sont pas aussi vieilles que la peau de lézard mentionnée par l'article, mais 209 millions d'années, ce n'est pas mal non plus.
Ah! Petit détail, les morceaux de verres et autres pierres sont criblées de billes de fer... De là à penser que la météorite ne s'est pas vaporisée mais qu'une partie ait été pulvérisée il y a un fossé que je ne peux pas franchir car je ne fais pas partie du sérail. Mais aucune modélisation n'a été faite pour étayer cette conjecture et ma formation en sciences physiques me laisse dubitatif :il me paraît difficile de traiter de façon homogène une sidérite de 1500 m de diamètre. Les conditions de pression et de température ne peuvent pas être les mêmes en dessous et au dessous de la météorite.
Voilà voilà. Si vous êtes intéressés, allez vous promener du coté de Magnac sur Touvre, Charras, Rougnac, vous y trouverez ces pierres vitreuses ou ces "coulées de lave" qui ont certainement une responsabilité dans la croyance au volcan sous le plateau d'Angoulême. Un détectoriste qui cherche les pièces romaines m'a parlé de champs entièrement couverts de ces "déchets de fonderie" mais il ne se souvient pas où, si vous avez des infos sur le sujet, je suis preneur.