Le Hobbit : cette arme de la Première Guerre mondiale à l'origine de la création de Smaug
On doit la réussite de Smaug à la voix et la capture de mouvements de l'acteur Benedict Cumberbatch, ainsi qu'au travail très réussi des équipes du studio de VFX Weta Digital. Mais aussi à Peter Jackson, qui est allé trouver une idée géniale pour créer le feu dévastateur du dragon.
La meilleure scène de la Désolation de Smaug
Smaug est l'un des tous meilleurs éléments de la trilogie Le Hobbit. Bien aidé par la voix d'outre-tombe de Benedict Cumberbatch (le Doctor Strange de Marvel) et le très beau travail des studios Weta Digital - qui ont donné vie à la créature en CGI (ses expressions faciales, presque humaines, sont troublantes), le dragon est une franche réussite. On a tous encore en tête la scène de dialogue entre lui et Bilbo dans la salle du trésor d'Erebor, suivi d'une mise en scène spectaculaire où, rouge de colère, il poursuit le Hobbit et les Nains dans la fonderie.
Peter Jackson a su apporter une vraie intensité dans La Désolation de Smaug, second volet de la trilogie Le Hobbit. D'autant qu'on ne sait pas grand-chose sur l'histoire du saurien, si ce n'est qu'attiré par la richesse des Nains, il a attaqué le royaume sous la Montagne Solitaire en 2770 au Troisième Âge, et y a résidé pendant 170 ans. Quant à son origine... il viendrait probablement de la Lande Desséchée, région située tout au Nord de la Terre du Milieu, là d'où vient la majorité des dragons de l'époque.
Un immense lance-flammes a inspiré le feu de Smaug
Il existe un certain nombre d'anecdotes sur Smaug, comme la version initiale de Guillermo del Toro (le réalisateur du Labyrinthe de Pan devait conduire la trilogie), ou le fait qu'il possède plusieurs surnoms. Peter Jackson avait bien du mal à représenter fidèlement la créature en accord avec les dragons de son espèce issus du lore du Seigneur des Anneaux, et notamment comme matérialiser son arme destructrice : le feu.
Pour rendre la bête plus puissante et menaçante que jamais, le réalisateur Néo-zélandais est allé puiser son inspiration dans un documentaire retraçant les horreurs de la Première Guerre Mondiale. En voyant l'armée anglaise utiliser le Grand lance-flammes de Livens lors de la Bataille de la Somme, il tient là son deux ex machina. Cet imposant lance-flammes de 17 mètres de long, de 2,5 tonnes était composé d'une longue chambre contenant le combustible, d'un gros tuyau et d'une buse à la surface, pouvant projeter les flammes jusqu'à 40 mètres de distance. Une arme meurtrière qui nécessitait pas moins de 300 personnes pour l'assembler, et de huit pour la faire fonctionner.
Dans les coulisses de La Désolation de Smaug, Jackson parla d'un véritable "lance-flammes de l'enfer". Les équipes de Weta Digital ont alors travaillé pour obtenir un rendu similaire au feu projeté par la structure, c'est-à-dire un jet liquide enflammé, afin de créer davantage de physique et une sensation de poids. On ne peut que saluer le rendu final. Même lorsqu'il n'est pas craché, et qu'il coule à l'intérieur de Smaug (les effets sont là aussi réussis), le feu provoque son petit effet.
Si Peter Jackson n'a rien précisé à ce sujet, l'intensité des bombardements et des paysages désolés de la campagne française l'a sans doute inspiré pour la destruction de Lacville/Esgaroth, ravagée par les flammes dans La Bataille des Cinq Armées. En s'inspirant des ravages de la Première Guerre Mondiale, Peter Jackson livre un hommage à J.R.R. Tolkien, qui a lui aussi puisé dans la grande guerre pour construire son récit. Il l'a même vécue. Il s'est engagé dans l'armée britannique à l'âge de 23 ans, a participé à la Bataille de la Somme, et a perdu plusieurs de ses amis. Meurtri et atteint d'une maladie nommée "la fièvre des tranchées", il est rapatrié dans son pays natal.
C'est donc peu dire que le conflit est au coeur de son oeuvre. Les paysages désolés du Mordor rappellent ceux des tranchées, le Marais des Morts fait écho au champs de bataille boueux, troués d'obus jonchés d'innombrables corps, La Comté est cette Angleterre bucolique de l'avant-guerre, et l'industrialisation d'Isengard par Saroumane, ses arbres abattus au profit des constructions, sont une référence directe à la guerre industrielle qui pèse sur les soldats. La puissance écrasante du Mordor sur les héros est symbolique de ce qu'a vécu le romancier en compagnie de ses amis.