L'une des découvertes les plus passionnantes de l'astrobiologie vient d'être effectuée par un groupe de chercheurs depuis le Chili et Hawaï. L'atmosphère de Vénus contient de la phosphine ! Très bien mais à quelle dose, et qu'est-ce que cela nous apprend réellement ? Faisons le point.
La planète Vénus
La planète Vénus est considérée aujourd'hui comme la planète la plus chaude de notre système solaire, avec une température moyenne à sa surface qui avoisine les 460 °C. Selon les modèles climatiques créés par l'astrophysicien Michael Way et l'ensemble de ses collègues de l'Institut d'études spatiales Goddard (un laboratoire de recherche américain affilié à la NASA), Vénus n'aurait cependant pas toujours été aussi hostile à la vie. Les simulations démontrent en effet que la planète aurait connu des températures comprises entre 20 à 50°C durant trois milliards d'années. Un événement dont on ignore encore la nature aurait ensuite conduit à redessiner plus de 80% de sa surface. Sans lui, et selon les chercheurs, un climat tempéré pourrait encore y être observé aujourd'hui. Malheureusement, ce cataclysme survenu il y a environ 750 millions d'années aurait libéré une quantité gigantesque de dioxyde de carbone dans l'atmosphère (gaz qui était auparavant emprisonné dans les roches de Vénus).
La question de la vie sur Vénus avant cet incident s'est longtemps posée. Selon les simulations de Michael Way, les conditions auraient pu être favorables à l'émergence d'une forme de vie. L'ensemble des scientifiques s'accordent cependant à dire qu'au vu des conditions actuelles (la température de la planète, son hyperacidité et la pression à sa surface notamment), il est tout à fait improbable qu'une quelconque forme de vie ait survécu. Très bien mais alors, qu'en est-il de la découverte rendue publique hier dans la journée ?
Qu'est-ce qu'une biosignature ?
Tout d'abord, qu'est-ce que la vie ? Eh bien ce n'est pas si évident que cela d'en donner une définition, surtout en astrobiologie (ou exobiologie). On pourrait penser, au vu de ce qui nous entoure sur notre planète, que la vie est basée sur la chimie du carbone ou de l'ADN. Pourtant, il n'est pas exclu que la vie se soit développée de façon différente ailleurs, puisque les conditions sur d'autres planètes sont loin d'être similaires à celles que nous connaissons sur Terre. Et puis, pour analyser de l'ADN, encore faudrait-il pouvoir rentrer en contact direct avec des créatures que l'on aurait pu détecter, et qui pourraient se trouver excessivement loin de notre planète. On en est très, très, très loin. Aucune trace de vie extraterrestre (littéralement, en dehors de la Terre) n'a pour le moment été retrouvée, que ce soit dans notre système solaire, ou sur des exoplanètes.
Les exobiologistes sont dont à la recherche de ce que l'on appelle une biosignature, c'est à dire une substance (molécule, élément...) ou un phénomène qui pourrait apporter une preuve scientifique de la présence de la vie ailleurs que sur Terre. Il peut s'agir d'une molécule organique que nous aurions réussie à prélever dans un sol, ou d'un gaz particulier qui se serait accumulé dans l'atmosphère. Dans tous les cas, il faut que ce phénomène ait pour principale explication la présence, à un moment donné dans l'histoire de l'univers, d'une forme de vie.
La biosignature détectée
Le fait est qu'un groupe de chercheurs américains, anglais et japonais du Massachusetts Institute of Technology ainsi que des université de Cardiff, Cambridge, Manchester et Kyoto a détecté très récemment, grâce au télescope James Clerk Maxwell de Hawaï et celui d'Atacama au Chili, une biosignature dans l'atmosphère de Vénus. Le sujet affole la toile, et il y a de quoi. L'annonce de cette découverte a été publiée hier, le 14 septembre 2020, et atteste du fait que l'atmosphère de la planète Vénus contient bien de la phosphine. La phosphine est toxique pour la plupart des organismes vivants, mais on la retrouve pourtant chez les organismes anaérobiques (qui se développent normalement dans un milieu dépourvu d'air ou d'oxygène).
La concentration de phosphine observée par les chercheurs est de 5 à 20 parties par milliard, ce qui reste faible, mais cette quantité reste pourtant plus importante que celle que l'on retrouve dans l'atmosphère terrestre. Fait particulièrement intrigant, ce gaz devrait être rapidement dégradé puisque l'atmosphère de Vénus est agressive. Puisqu'il est en quantité observable, cela implique qu'une source en émet régulièrement.
Après la bonne nouvelle, il y en a une moins bonne cependant. Comme nous venons de le dire, cette biosignature a été retrouvée dans l'atmosphère de Vénus, et Vénus, pour les scientifiques, ne peut accueillir la vie. Que représente donc cette découverte pour les scientifiques et les exobiologistes exactement ?
A-t-on trouvé un signe de vie ?
Cette biosignature ne constitue pas un signe de vie, les scientifiques sont unanimes là-dessus. En revanche, elle soulève de nombreuses questions, et il faudra y répondre. Quelles solutions alternatives permettraient d'expliquer la présence de phosphine dans l'atmosphère d'une planète ? Quelle est la source qui rejette de manière continue ce que l'on considère toujours actuellement comme une biosignature ?
Un membre de l'équipe du MIT, le Dr Clara Sousa Silva, déclare pour la Royal Astronomical Society :
Trouver de la phosphine sur Vénus était un bonus inattendu ! La découverte soulève de nombreuses questions, telles que la façon dont des organismes pourraient survivre. Sur Terre, certains microbes peuvent supporter jusqu'à environ 5% d'acide dans leur environnement - mais les nuages de Vénus sont presque entièrement constitués d'acide.
Cette découverte reste donc majeure pour son domaine, et peut-être pour l'humanité, s'il s'avérait que ce sont bien des organismes anaérobiques qui sont la cause du rejet de phosphine dans l'atmosphère.
Par Laloupgarou, il y a 4 ans :
ça signifierait beaucoup, notamment que nous ne sommes peut être pas les seuls dans l'univers ...
Répondre à ce commentaire