Critique Les Éternels : un film éternellement long qui va diviser
Après Black Widow au mois de juillet dernier, puis Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux au mois de septembre, la phase 4 du Marvel Cinematic Universe est de retour au cinéma dès ce mercredi 3 novembre avec Les Éternels. On a eu la chance de voir le film en avant-première la semaine dernière, on vous donne notre avis. Que vaut-il ? Faut-il aller le voir ? On vous dit tout et sans spoilers.
Une nouvelle équipe cosmique
Si vous n'êtes pas lecteurs de comics vous allez découvrir une toute nouvelle troupe qui vient directement des étoiles. Plusieurs milliers d'années avant Jésus Christ, les Éternels débarquent sur Terre afin de protéger ses habitants des sombres Déviants. Une race extra-terrestre qui dévore les habitants des planètes où ils se trouvent. Après avoir accompli leur mission, ils retournent à une vie de civils, mais ils se retrouvent obligés de reprendre du service quand les Déviants font leur retour sur Terre quelques mois après les évènements d'Avengers : Endgame. Cette équipe ultra-puissante était là pendant tous les évènements du MCU, et vous allez pouvoir comprendre pourquoi ils ne sont pas intervenus face aux menaces Loki, Ultron ou encore Thanos. On ne vous en dit pas plus pour éviter les spoilers et ne pas altérer votre expérience cinématographique.
Un casting XXL (trop XXL ?)
Depuis l'annonce du film, on sait qu'il se repose sur un casting assez extraordinaire avec de nombreuses têtes très connues du paysage Hollywoodien. Tout d'abord Gemma Chan, qui incarnait une méchante dans Captain Marvel, prend ici la tête d'affiche dans le rôle de Sersi. Richard Madden que vous connaissez notamment pour son rôle de Robb Stark dans Game of Thrones incarne de son côté Ikaris, un héros aux pouvoirs similaires à ceux de Superman. L'acteur Jumail Nanjiani interprête Kingo, Lia McHugh est la jeune Sprite, Brian Tyree Henry l'ingénieux Phastos, Lauren Ridloff que vous avez connu dans The Walking Dead est Makkari. On ajoute à ce beau monde, Barry Keoghan en Druig, et Don Lee en Gilgamesh. Ils sont accompagnés par les deux grandes actrices Angelina Jolie et Salma Hayek dans les rôles de Thena et Ajak. Enfin, Kit Harrington, que vous connaissez pour avoir interpréter Jon Snow dans Game of Thrones, joue Dane Whitman, son rôle est mineur dans Les Éternels, mais il devrait prendre plus d'ampleur dans la suite du MCU.
Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup de monde, mais comme vous le savez aussi, cela n'est pas gage de qualité. Les différents acteurs n'ont pas un temps d'écran équitable et on regrette presque que de grandes stars aient rejoint le MCU pour si peu de temps. Deuxième mauvais point, il y a tellement de personnages que l'on s'y perd un peu. L'avantage des films comme Avengers ou Captain America : Civil War c'est que l'on connait les personnages avant leur grande réunion, ici on a 10 nouveaux personnages d'un coup, ce qui fait que le film s'éternise.
Quand le film d'auteur rencontre le film de super-héros
Avant de s'attaquer au Marvel Cinematic Universe, la réalisatrice Chloé Zhao a connu le succès grâce à ses films d'auteurs. Dès les premières minutes du film, on sent l'influence de ses précédentes réalisations avec des paysages magnifiques grâce à une bonne photographie et des relations profondes entre les personnages. Ne vous inquiétez pas, vous êtes tout de même face à du Marvel et vous aurez le droit à de l'humour, même si celui-ci est beaucoup mieux dosé que sur les dernières productions de la Maison des idées. En clair, on ne vous balance pas une vanne toutes les deux minutes. Certaines seront cependant appréciées notamment celles qui font références à Batman et Superman (oui les personnages de DC Comics existent dans le MCU). Cependant, Les Éternels a vraiment du mal à trouver sa place entre film d'auteur et blockbuster, on navigue constamment d'un style à un autre et même si cela apporte de la fraicheur au MCU, des fois on n'a pas l'impression d'être face à un film Marvel.
Conclusion / Notre avis
Quand on pense aux films du MCU il y a les pépites comme Avengers : Infinity War, Les Gardiens de la Galaxie Vol.1 ou encore Captain America : le Soldat de l'Hiver, mais il y a aussi ceux qu'on aimerait oublier comme Thor : le Monde des Ténèbres ou Avengers : l'Ère d'Ultron. Pour être honnête, en sortant de la salle de cinéma, il était difficile de se dire dans quelle catégorie mettre Les Éternels. C'est beau, l'histoire est sympa, mais on reste avec un goût d'inachevé. Le film est long, très long, éternellement long : il fallait s'y attendre avec l'introduction de 10 voire 11 nouveaux personnages, mais on aurait aimé une histoire mieux rythmée. Le passage d'une époque à une autre est parfois compliqué à comprendre et certains spectateurs risquent d'être perdus. Peut-être que ce film aurait été plus facilement digérable en format série avec l'introduction d'un personnage par épisode, puis le rassemblement de tout ce beau monde pour le climax final. Certains choix scénaristiques au nom de l'inclusivité risquent de faire bondir certains spectateurs, mais il n'y a pas que ça qui va faire diviser. On salue tout de même la prise de risque de la production, où n'importe qui peut trouver la mort, ce qui fait que les personnages ne sont pas si éternels que cela.
On a été déçu par Black Widow, étonné par Shang-Chi, on avait beaucoup d'attentes pour Les Éternels, mais il ne sera pas notre film Marvel préféré de l'année 2021. Il nous reste à découvrir Spider-Man : No Way Home au mois de décembre. En attendant on vous invite tout de même à aller vous faire votre propre avis, car on n'est toujours mieux servi que par soi-même quand il s'agit de critiquer un film.
Concernant les scènes post-générique, vous pourrez en retrouver deux dans Les Éternels, une première qui concerne directement la nouvelle bande de héros et une seconde qui annonce une nouvelle partie sombre pour la phase 4 du MCU. Les Éternels c'est à partir de mercredi 3 novembre au cinéma.
Les gens qui pleurnichent dès qu'ils voient d'autre personnages que des blancs hétéro sont communautaristes à 200%.
Par contre on va s'intéresser à tes propos :
T'écris que l'inclusivité ça te saoul, ça implique donc que voir d'autre personnages que ceux qui te ressemblent ça t'irrites.
La déduction logique qui découle de ton assertion c'est que tu milites pour voir plus de gens qui te ressemblent à l'écran.
C'est du communautarisme.
Maintenant je vais digresser, attention, ça va pas être politiquement correcte (détends toi NoIdea, t'es plus concerné, d'ailleurs détends toi aussi Lecteur je ne t'attaque pas personnellement) :
Le communautarisme est pas forcément dérangeant selon le contexte.
Le truc c'est que ceux qui se prétendre "anti-communautariste" ont souvent pour hobby de pleurnicher devant toute représentation de personnage pas blanc et/ou pas hétéro ce qui fait d'eux, vous l'aurez deviné, des communautaristes.
C'est un peu con de se prétendre "anti-communautariste" pour finir par faire du militantisme communautaire en permanence.
L'autre soucis c'est que lorsque, par communautarisme, on milite pour que ceux qui forment déjà la grande majorité des personnages montré à l'écran soient encore plus majoritaires on milite pour le renforcement d'un statut dominant, c'est une logique suprémaciste.
En gros : pleurnicher du "ouin ouin la diversité j'aimeuh paaas *snif snif*" c'est militer pour une certaine domination culturelle, une forme de suprémacisme.
(mais quand même, c'est comique de lire des geignards se croire subversif quand ils militent pour conserver et renforcer l'ordre établis)
En plus généralement ce ne sont pas les studios qui communiquent particulièrement dessus mais ce sont les médias qui assourdissent des morceaux d'interview parce qu'ils savent que ça fera réagir et que ça engendrera du clic .
Sauf que :
1 : le perso existait déjà et cette "révélation" était déjà amorcée naturellement dans l'histoire .
2 : Si , il y avait une réelle raison de l'annoncer, l'auteur (Tom Taylor) a choisi de le faire le jour du "Coming-Out Day" , donc c'est hautement symbolique .
3 : je veux bien une source quant à ton affirmation que ça a été dévoilé de façon à montrer que c'est son caractère, l'auteur a juste mis une photo en annonçant que Jon était bisexuel, point.
Tout est commercial, bienvenue dans le capitalisme, mais c'est bizarre que ça râle que quand c'est de l'inclusivité, en plus l'auteur lui-même a exprimé le fait que c'était son envie, et que si il n'y avait pas eu de la censure c'est quelque chose qu'il aurait déjà fait il y a plusieurs années . Au final on voit pas un seul auteur ou réal qui se plaint de s'être fait imposer des "quotas" bizarrement, alors que selon internet c'est monnaie courante .
C'est curieux mais qu'on voit de l'inclusivité elle est systématiquement qualifié de "commercial" ... c'est dingue ça, comment ça peut bien se faire que ce soit tout le temps "commercial" et jamais pertinent ?
A un moment faudra arrêter de mentir à ce sujet, ceux qui pleurnichent systématiquement sur "l'inclusivité commercial" ne cherchent pas à ce que de meilleurs rôles, plus important et mieux écrit soient distribués aux gens issus de la "diversité".
Ils geignent par reflexe pavlovien sur les méchants qui ont l'audace de montrer des gens pas blanc et/ou pas hétéro parce qu'ils ne veulent pas voir autre chose que des gens qui leur ressemble, pas autre chose que le profil dominant.
Un jour faudra lâcher les pudeur de gazelle et les aveuglements de bisounours, c'est pas une volonté d'amélioration qui pousse les chouinards à vagir devant "l'inclusivité commercial", c'est une volonté d'invisibiliser tout ce qui n'est pas de type dominant de personnage.
C'est une forme de suprémacisme.
C'est une invention, une vue de l'esprit.
Les personnages archétypaux et les personnages fonctions ont toujours existé et existeront toujours, ça engendre parfois des critique de fond sur l'écriture d'une œuvre mais au delà de ça, ça ne pose de problème à personne ... tant qu'ils sont blanc et hétéro.
Si c'est pas la cas, des gens vont soudainement, et systématiquement, pleurnicher "ouin ouin c'est commercialeuuuh".
Désolé de briser l'illusion de la vie idéale ou tout le monde il est gentil mais dans la réalité véritable l'argument de "l'inclusivité commercial" n'est pas utilisé par des gens qui ont vus les œuvres en question et qui vont faire des critiques de fonds.
Il est utilisé a priori par des gens qui luttent activement pour que tout type de personnage qui ne leur ressemble pas soit invisibilisé.
C'est pas pour rien que cet argument mensonger est utilisé systématiquement a priori sur des œuvres qui ne sont pas encore sortis.
C'est parce qu'il relève d'un militantisme actif et, d'une certaine manière, suprémaciste.
pourriez vous laisser vos tapettes et vos fifis dans le placard SVP
Il y a des enfants qui visionnent...
Handicaps dans l’apparence monstrueuse et colorée, boiteux (en civil), allure ringarde, cardiaque, mutilé des mains, aveugle, exilé de son époque – et les mutants sont à eux seuls un festival. Et oui, ça faisait du succès, beaucoup de gens s’y retrouvaient.
Alors, une petite communauté immémorielle représentant l’Humanité, ça n’a rien de si calculé, c’est on ne peut plus naturel.
Jurisprudence Jack Kirby aussi : déjà qu’il n’y a pas besoin qu’une « divinité » doive ressembler physiquement à ceux qui la vénérent… Voilà un auteur (en phase avec les écrits de Arthur C. Clark et la Contre-Culture) qui se permet d’habiller des Asgardiens façon techno arc-en-ciel, et d’y ajouter un guerrier mongol pour le plaisir (Hogun)…
Qui ressuscite ces mêmes Asgardiens mais en leur donnant une apparence d’Ancien Testament (le Haut Père), du Golem de la culture juive (Darkseid), de jeunes Hippies (Forever People) de méchants envahisseurs de l’Est etc…
Et ainsi créé des Éternels majoritairement pseudo dieux grecs… Mais aussi latins, sumériens, aztèques, orientaux, tous pourtant de la même famille.
Voilà, il en faisait ce qu’il voulait, tant que ça servait son histoire habituelle d’immortels marchant sur Terre, déclamant leurs réflexions sans fin sur le Pouvoir et les humains.
Des déclamations théâtrales, typiques d’une époque ou d’écrits trop littéraires, moins de circonstance pour un film, se racontant par l’image et l’action.
Les films Marvel justement. Soyons plus original pour décrire ça :
Un grand échiquier, où chaque pièce a ses types de valeur, de forme, de détails (si on regarde de plus près). Quand l’une fait un mouvement, certaines des autres aussi et ainsi de suite… Tant qu’elles restent sur le plateau.
Le mouvement du jour se fait avec une pièce dont on avait entraperçu que quelques bribes au détour d’une poignée de films.
Mais utiliser les éléments de cette histoire s’étant réinventée dans divers opus comics – le jugement des Célestes, leurs plans autour des Déviants, ceux de Titan, l’Émergence, le Grand Esprit collectif, la « Graine » qui doit croître… – ce n’est pas si suffisant. Il faut aussi un angle cinématographique familier, et surtout pas trop Intello tant ça peut annihiler l’énergie.
Et cela peut se résumer ici à une énorme histoire d’Amour.
Chaque personnage Aime l’Humanité, et aussi les autres Éternels.
On y a un amoureux qui est autocentré et flamboyant – Kingo – un qui est un gardien valeureux et pudique – Gilgamesh – un qui est cynique et sévère – Druig – un qui est cérébral et progressiste – Phastos…
Et surtout un qui est un tragique surhomme – Ikaris – cristalisant toute la douleur des archétypes super-héroiques. Un énième exemple de complexe de Superman, DC étant beaucoup cité.
On y a une amoureuse sage et pragmatique – Ajak – une qui est sarcastique mais désespérée – Sprite – une qui est énergique mais maladivement fragile – Thena – une qui est insaisissable, y compris dans ses points de vue personnels – Makkari…
Et surtout une qui devient une guide empathique – Sersi – représentant tout l’Espoir dont on peut rêver pour l’avenir du monde. Une sorte de double de la réalisatrice, se projetant à travers cette héroïne.
Dans une Saga épique SF sur plusieures époques, tenant dans un seul long-métrage pour une fois – on peut d’ailleurs choisir de préférer une définition inverse, c’est à dire une grande Saga épique SF reposant sur une histoire d’Amour.
Mais tout cela s’inscrivant dans l’identité marvelienne « éternelle », avec toujours des protagonistes assez étrangers à la société, un petit peu demi-dieux, défiant des ordres établis viciés, pris entre leurs égos et leurs missions, entre les sacrifices et le libre-arbitre.
La continuité dans la réflexion générale, avec qui veut y participer à son tour car il y a toujours un auteur particulier venant s’ajouter au jeu (voir même s’approprier une franchise dans certains cas), ça a constamment été avec l’inclusion de visions personnelles. Donc, ici aucune réelle révolution qui serait trop prétentieuse.
Les Inertiels.
Alors ce projet est aussi l’occasion pour mettre l’accent sur d’autres détails, moins mis en avant dans les précédents films, même si de toute façon on ne peut y échapper à une rythmique guidée par l’Action et la Légèreté. C’est ça le Super-Héroisme.
C’était d’ailleurs déjà le cas pour les très particuliers « Avengers Endgame », « Black Widow » et « Shang-Chi », qui interrogeaient les héros sur leur place dans le Monde.
On aurait pu avoir aussi ça dans un nouvel épisode avec les Asgardiens… ou bien avec les Mutants, dont les Éternels donnent l’impression de prendre la place naturelle – d’où une possible hostilité à leur encontre.
Avec une douzaine de nouveaux personnages d’un coup, dont certains font un peu figure de bonus – Dane Withman y passe de reflet du spectateur qu’on affranchit, à futur héros d’un autre opus – il est bien sûr plus compliqué d’appréhender une évolution qui doit se passer des têtes d’affiches les plus connues et rassurantes.
Encore plus quand le rythme du film mélange aussi bien l’efficacité mécanique et confortable, que les accès de petites audaces (dans ce contexte) et autres partis pris singuliers tels que des enchaînements abrupts, car rattrapés par une narration bi-linéaire à base de flashbacks complémentaires. Ou bien le fait de ne pas permettre au groupe de rester uni jusqu’au bout, quitte à en laisser sortir quelques uns sans autre forme de procès.
Chloé Zhao, autrice maintenant réputée, se retrouve alors mise trop vite dans le même panier que les auteurs dits sérieux. Donc qui « devrait » avoir elle aussi une imagerie uniforme, banissant un trop plein de couleurs et de légèreté et autres formatages… Ce qui équivaut à se soumettre à un autre type de formatage, évidemment.
Alors qu’elle a beau savoir faire des films naturalistes, présentés comme sobres, composés et peu fantaisistes, cela ne l’empêche pas d’aimer et comprendre Aussi ce type de récits portés par l’Action et la Comédie, elle qui fut d’ailleurs une grande lectrice de mangas.
Qu’est-ce qui devrait intimer l’esprit de Sérieux à contaminer absolument tout l’enthousiasme ?
Rien, il n’y a pas de règles pour ça… Par contre, juste le sérieux de l’exécution, sa sincérité et générosité.
Avec toujours ce mélange entre homogénéité et hétérogénéité, l’un enchâssé dans l’autre. Fier de cette hybridation, de toute manière le résultat reste fait pour le grand écran :
On a de la bonne action (la lisibilité se fait progressive, la faute à quelques séquences nocturnes faites pour être à peine effrayantes), des comédiens qui pètent de classe et de charisme, de sacrées bêtes monstrueuses, des Titans gigantesques impressionnants, de la musique superbe… Sans que toutes les idées du film ne se cognent les unes aux autres, liées grâce à un terreau commun.
Et bien sûr des limites dès que, dans cette hybridation, il faut être tolérant envers la réutilisation d’éléments scénaristiques, empêchant le tout d’être totalement autocontenu. Quitte à mener à une triple conclusion à suspense, en guise d’introduction à des épisodes improbables.
Mais ils sont là, ils ont déjà existés pendant plus de deux heures et demie (et des milliers d’années). Et ils l’ont bien fait.
Eternal sunshine of the spotless mind.