Netflix : voici pourquoi la plateforme ne divulgue pas clairement ses audiences

Netflix a toujours été nébuleux concernant le calcul de ses audiences, et très discret dans sa façon de les communiquer. La firme explique aujourd'hui pourquoi, et annonce même faire quelques ajustements.

La question des audiences chez Netflix

Le sacro-saint top 10 de Netflix permet de voir les tendances en termes de films et séries. Ainsi, chaque semaine, ces dernier(e)s font leur entrée (et leurs sortie) dans le classement. Une bonne façon pour les abonnés de se décider à se lancer dans telle ou telle production. En ce moment, c'est la saison 3 de Lupin qui truste la première place. La série cartonne un peu partout sur la planète, que ce soit aux États-Unis, en Amérique du Sud ou dans de nombreux pays d'Europe, la France en tête.

Mais ce classement des meilleures audiences dont seule la plateforme de Los Gatos semble avoir le secret a bien souvent interrogé, au point de soulever des critiques. Comment Netflix calcule-t-il réellement ses chiffres ? Quels paramètres rentrent-t-ils en jeu pour établir ce classement ? Quid de la question du partage de compte au sein d'un même foyer dans l'équation ? On savait que Netflix calculait ses audiences en fonction du nombre d'heures de visionnage. Depuis cet été, elle calcule le nombre d'heures de visionnage divisé par la durée totale du programme. Un calcul non plus sur les 28 premiers jours de diffusion mais les 91 premiers, soit un trimestre.

Protéger les créatifs

Cette annonce n'a néanmoins pas résolu le problème du manque d'audiences partagées pas le N rouge. Si en télé ou en radio, ce sont des organisations indépendantes qui gèrent la mesure de l’audience, pour le cas de Netflix, la plateforme est la seule à avoir une vue sur le nombre de gens qui regardent ses contenus, et communique à peu près sur ce qu’elle veut, et quand elle veut.

Mais le co-PDG de Netflix, Ted Sarandos, a expliqué hier, lors de son discours trimestriel face aux actionnaires que ce choix est dû à une volonté de protection des "talents créatifs" derrière les programmes, qui se sentent souvent "piégés" par les résultats d'audiences. 

Cela faisait partie de notre promesse envers les créateurs. Au moment où nous avons commencé à créer des programmes originaux, nos créateurs se sentaient piégés dans un monde où les audiences du jour au lendemain étaient reines. Ce monde du box-office du week-end qui définit leur succès et leurs échecs. Et comme nous le savons tous, une série peut connaître un énorme succès plus tard, même si elle ne l'a pas connu au moment de son lancement. Notre stratégie concernait donc en partie la relation avec les talents, et pas seulement les aspects commerciaux. Mais avec le temps, les gens s’y intéressent beaucoup plus. Et donc nous sommes aujourd’hui sur le continuum : quelle quantité de données publions-nous ? 

Néanmoins, Ted Sarandos annonce à l'avenir plus de transparence dans la communication de ses audiences, de la même manière que la télévision ou la musique. "Je pense que nous avons mené la charge en lançant le concept d'un Top 10, en publiant notre liste Top 10. Cela permet de donner beaucoup de transparence. Et je m’attends à ce que ce soit de plus en plus transparent (...), Quand nous avons commencé il y a 15 ans, nous pensions qu'il n'y avait pas de comparaison. Que mettre des audiences sur le streaming, c'était faire un amalgame. Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un point où il s'agit principalement d'engagement. On essaye de capturer la valeur du visionnage et cela deviendra beaucoup plus transparent au fur et à mesure, de la même manière que la télévision a toujours eu des audiences, que la musique a toujours eu des charts, et que les salles de cinéma ont toujours eu un box-office."

Cette déclaration fait écho à celle de Laurence Deléchapt, la directrice du département de télévision de Médiamétrie, L’institut, qui mesure l’audience des chaînes de télévision. En janvier dernier, elle déclarait "mesurer l’audience des plateformes comme Netflix d’ici les deux prochaines années, qu’elles le veuillent ou non."