The Mandalorian : les deux derniers épisodes sont meilleurs que les derniers films Star Wars
Depuis plusieurs semaines, les fans de Star Wars partagent leur profond enthousiasme pour la seconde saison de la série The Mandalorian, diffusée sur Disney+. La série semble réussir là où la postlogie Star Wars, débutée en 2015 avec Le Réveil de la Force et achevée en 2019 avec L'Ascension de Skywalker, a échoué. Alors que la popularité de la série a explosé avec ses deux derniers épisodes, tentons de comprendre les clés de ce succès, en analysant les épisodes 5 et 6 de The Mandalorian. Nous vous invitons également, en complément, à relire notre article expliquant en quoi Rogue One et The Mandalorian corrigent certains défauts de la trilogie Disney.
Une meilleure compréhension de la saga
C'est l'argument le plus régulièrement avancé par les fans de la série The Mandalorian : Jon Favreau et Dave Filoni aurait réussi à capter l'essence-même de ce qu'est Star Wars. En effet, on aurait tort de résumer les six premiers films uniquement sous le prisme la saga familiale. Star Wars, et plus particulièrement la trilogie originale, c'est aussi une oeuvre profondément cinéphilique, une sorte de western dans l'espace. Une bonne partie d'Un Nouvel Espoir synthétise bon nombres des topos du western classique.
Avec The Mandalorian, Jon Favreau et Dave Filoni s'en donnent à coeur joie, et multiplie les références aux westerns, et en reprend les codes les plus indispensables. L'épisode 6 est d'ailleurs, à plus d'un titre, un cas d'école : les poses de Boba Fett et la mitrailleuse-laser utilisée par les stormtroopers rappellent quelques-uns des plus grands classiques du genre, tels que La Horde Sauvage de Sam Peckinpah et Il était une fois la Révolution de Sergio Leone. Cette influence se ressent d'ailleurs jusque dans la musique du compositeur Ludwig Göransson, dont les orchestrations semblent plus influencées par Ennio Morricone que par John Williams.
La série n'oublie non plus les films de sabre japonais, qui ont profondément influencé George Lucas, tels que La Forteresse Cachée d'Akira Kurosawa. Une influence que l'on a pu retrouver dans le cinquième épisode de la saison 2, notamment dans l'esthétique de la forteresse de la magistrate Morgan Elsbeth, ou dans le combat qui conclue l'épisode. Une qualité qui, malheureusement, fait défaut à la postlogie. En effet, plutôt que capter l'essence de Star Wars, les films de la trilogie Disney collait beaucoup trop à la trilogie originale. Beaucoup ont trouvé d'étranges similitudes entre Un Nouvel Espoir et Le Réveil de la Force, qui suivaient les mêmes étapes narratives.
Une meilleure gestion du fan service
Les épisodes 5 et 6 de The Mandalorian ont profondément marqué les fans de la saga, notamment parce qu'ils signaient le retour officiel de personnages extrêmement populaires : Ahsoka Tano (dans l'épisode 5) et Boba Fett (dans l'épisode 6). La postlogie avait été profondément critiquée par les fans de Star Wars, notamment pour sa gestion du fan-service : la production semblait obéir à un cahier des charges, se sentant obligée de ramener la quasi-intégralité des personnages principaux de la trilogie originale. Tombant parfois dans la caricature, à l'image du retour de Lando Calrissian, qui fait de courtes apparitions dans L'Ascension de Skywalker. Par ailleurs, la façon dont ont été traités les personnages semblait relever, selon certains fans, de la pure trahison. Mark Hamill avait d'ailleurs lui-même critiqué l'évolution de Luke Skywalker dans Les Derniers Jedi.
Des fautes que ne semble pas reproduire la série The Mandalorian. Tout d'abord, la série semble utiliser les personnages historiques de la saga selon les besoins du scénario, et ne semble donc pas obéir aux désirs supposés des fans. Ainsi, la présence d'Ahsoka Tano, dont c'est d'ailleurs la première apparition en live-action, est utile à l'Histoire, puisque Din Djarin recherche depuis la fin de la saison 1 les Jedi, afin de leur confier L'Enfant. Et on peinerait à relever une quelconque trahison du personnage, compte tenu du fait qu'on retrouve Ahsoka Tano exactement là où les spectateurs de Star Wars : Rebels l'avaient laissée : à la recherche de Thrawn et d'Ezra Bridger.
Même chose avec Boba Fett, dont le retour est particulièrement utile au scénario : Din Djarin y trouve un allié dans sa quête de retrouver Grogu. Par ailleurs, leur relation permettra sans doute à Din Djarin de mieux comprendre l'héritage Mandalorien. Là encore, le personnage n'est pas trahi : si Boba Fett était perçu comme un antagoniste dans la trilogie originale, on rappelle qu'il était un chasseur de primes. Il n'était donc pas assujetti à l'Empire, mais honorait des contrats.
Un méchant réussi
La fin de la saison 1 de The Mandalorian a introduit le personnage de Moff Gideon, principal antagoniste de la série. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Moff Gideon est un méchant particulièrement réussi. Désirant faire renaître l'Empire de ses cendres, Gideon est un personnage mystérieux. Interprété par l'excellent Giancarlo Esposito (Breaking Bad), il est également très charismatique, et semble extrêmement dangereux. Une impression rendue plus manifeste par le fait qu'il est en possession du darksaber.
Le fait qu'il soit à la recherche de L'Enfant renforce par ailleurs aux yeux du spectateur le danger qu'il représente, puisque sa cible est un être profondément innocent. L'épisode 5 a d'ailleurs teasé le retour d'un autre méchant, particulièrement apprécié des fans de la saga : le Grand Amiral Thrawn. La présence de ces deux antagonistes au sein de la série est d'autant plus intéressante qu'ils sont complémentaires : Moff Gideon semble terriblement puissant, tandis que le génie stratégique de Thrawn est connu de tous.
Dans la postlogie, les antagonistes étaient extrêmement mal gérés... Kylo Ren, d'abord, était beaucoup trop psychologisé. Si l'on peut comprendre l'intérêt consistant à créer un personnage dont l'hésitation constante entre le Côté Obscur et le Côté Lumineux de la Force permettrait de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, cela atténue à la fois sa dangerosité aux yeux du public, tout en tuant dans l'oeuf la surprise, puisque le personnage s'attend à ce qu'il revienne du bon côté. Par ailleurs, on peine à trouver la moindre complémentarité entre Kylo Ren et Snoke.
Une meilleure articulation avec le reste de la saga
Comme dit précédemment, la postlogie Star Wars prolongeait la saga familiale des Skywalker. Un parti pris qui a été énormément reproché à Disney, les fans arguant à raison que Star Wars était un univers suffisamment riche pour se détacher au maximum de la famille d'Anakin et Luke, et conseillant aux scénaristes de s'intéresser à ce qui a été fait auparavant dans les oeuvres Star Wars Legends, devenues non-canoniques.
Dans The Mandalorian, Jon Favreau et Dave Filoni ne semblent pas hantés par le poids des films de George Lucas, et parviennent à piocher intelligemment de nombreux éléments dans l'univers étendu de Star Wars. Le Dragon Krayt du premier épisode de la saison 2 était tiré du jeu vidéo Knights of the Old Republic ; Ahsoka Tano a été créé par Dave Filoni dans la série animée The Clone Wars, le darksaber que manie Moff Gideon est un élément-clé des séries d'animation Star Wars ; et la planète Tython, introduite dans le canon officiel par l'épisode 6 de la saison 2, est un des lieux du jeu vidéo Star Wars : The Old Republic. La série permet également de faire le lien entre Le Retour du Jedi et Le Réveil de la Force, en racontant les prémices du Nouvel Ordre, comme en témoigne une scène de l'épisode 4.
Baby Yoda vs BB-8
La série The Mandalorian a, depuis son premier épisode, sa mascotte : Baby Yoda. Absolument adorable, L'Enfant est devenu la nouvelle star incontestée d'Internet. Les films de la postlogie ont également leurs mascottes : le droïde BB-8, introduit dans Le Réveil de la Force, et les Porgs, ces oiseaux vivant sur la planète Ahch-To. Cependant, Baby Yoda est d'une nature différente : il est un vrai personnage.
Contrairement à BB-8 et aux Porgs, Baby Yoda a un passé, terriblement mystérieux, que l'épisode 5 a commencé à soulever. Par ailleurs, la relation qu'il a tissée avec Din Djarin, qu'il considère comme son père, est l'un des principaux facteurs d'attachement des spectateurs à la série. Sa réaction lorsque le Mandalorien prononce pour la première fois son nom, Grogu, en a ému plus d'un, et le dialogue introductif de l'épisode 6 est particulièrement émouvant. Surtout, contrairement à BB-8 et aux Porgs, Grogu est au coeur de nombreux enjeux scénaristiques, et son enlèvement par les Dark Troopers à la fin de l'épisode 6 en est une preuve manifeste.
Mais Disney est parti sur une tout autre origine depuis. Toute cette période a été réécrite et ça ne colle plus tellement avec l'existence d'un apprenti secret pour Vador. Donc je ne pense pas qu'on le reverra !