Les 15 chefs-d'oeuvre de la science-fiction japonaise

Après avoir exploré ensemble la fantasy japonaise, la rédaction d'Hitek a voulu rendre hommage à la SF venue du Pays du Soleil Levant. Mais nous ne désirions pas nous contenter de vous donner quelques références en manga et en animation. Nous voulions au contraire vous révéler toute sa diversité, à la fois dans ses genres (cyberpunk, meccha, post-apo, etc) que dans ses médiums. 

#1 Galaxy Express 999, de Leiji Matsumoto (1977-2005)

Ancien disciple d'Osamu Tezuka, Leiji Matsumoto a réussi à s'imposer comme l'un des mangakas les plus importants de l'histoire du médium. Si on le connait surtout en France pour Albator, l'artiste est surtout apprécié au Japon à l'excellente série Galaxy Express 999. Le manga suit les aventures du jeune Tetsurō Hoshino, qui après l'assassinat de sa mère, écide d'embarquer pour le Galaxy Express, un train de l'espace se rendant sur Andromède, où les corps d'androïdes sont gratuits. À chaque étape de son voyage, il découvrira des planètes toutes très différentes et fera des rencontres qui le feront réfléchir sur la condition humaine et l'immortalité. Durant son périple, il fera la rencontre d'autres personnages iconiques créés par Leiji Matsumoto, comme Albator et Emeraldas. Galaxy Express 999, qui a été adapté en film d'animation par le grand réalisateur Rintaro, a remporté le prestigieux Prix Shōgakukan en 1978.

#2 Urusei Yatsura, de Rumiko Takahashi (1978-1987)

On commence notre sélection avec un peu de légèreté ; Urusei Yatsura, dont la première adaptation en série d'animation réalisée par Mamoru Oshii - connue sous le titre Lamu - a été une des séries immanquables du Club Dorothée, est le premier chef-d'oeuvre de Rumiko Takahashi, reine du shonen et de la comédie romantique. Écrit avant Maison Ikkoku et Ranma 1/2, le manga raconte les aventures d'Ataru Moroboshi, jeune lycéen dragueur et malchanceux, et de Lamu, princesse extraterrestre qui est tombée amoureuse de lui. Hilarant, le manga Urusei Yatsura a eu droit à une nouvelle adaptation plus moderne et All-Star, que l'on doit à David Production.

#3 Akira, de Katsuhiro Otomo (1982-1990)

Paru pour la première fois en 1982 dans les pages du Weekly Young Magazine, le manga Akira de Katsuhiro Ōtomo est un monument à la fois du genre post-apocalyptique et du cyberpunk. Une trentaine d'années après la destruction de la capitale japonaise, Neo-Tokyo est devenue une mégapole corrompue que sillonnent plusieurs bandes de motards désoeuvrés. Shōtarō Kaneda, chef d'une de ces bandes de délinquants motorisés, cherche à sauver son ami Tetsuo, capturé par l'armée après un accident. Mais le Tetsuo qu'il a connu n'est plus le même : il possède d'immenses pouvoirs psychiques. Comptant parmi les mangas les plus influents au monde, Akira est une saisissante exploration des conséquences psychologiques des bombardements atomiques sur la population japonaise. Katsuhiro Ōtomo a adapté son propre manga en film d'animation en 1988. Un véritable bijou, qui a marqué de nombreuses générations de spectateurs.

#4 Nausicaä de la Vallée du Vent, de Hayao Miyazaki (1982-1994)

Avant de devenir un chef-d'oeuvre du cinéma d'animation, dont le succès en salle en 1984 permettra le lancement du mythique Studio Ghibli, Nausicaä de la Vallée du Vent est un manga de Hayao Miyazaki publié sur douze ans dans les pages du magazine Animage. Le film comme le manga suivent les aventures de Nausicaä, jeune princesse aimée pour sa douceur et son courage, et dont la connexion avec tous les êtres vivants - dont les insectes géants qui peuplent la Mer de la Décomposition - jouera un grand rôle pour le salut de l'humanité. Pamphlet pacifique, écologiste et féministe, ce chef-d'oeuvre de la science-fiction post-apocalyptique tire son inspiration aussi bien du conte médiéval japonais La Princesse qui aimait les insectes (XIIème siècle) que de la bande-dessinée occidentale (Arzach de Moebius). Il porte en germe tout ce qui fera le succès des films suivants de Hayao Miyazaki. Nous vous recommandons, si ce n'est pas déjà fait, de lire le manga et de regarder le film ; ils sont deux chefs-d'oeuvre indispensables, deux visions essentielles et différentes d'une même histoire. 

#5 Ken le survivant, de Tetsuo Hara et Buronson (1983-1988)

Figurant parmi les séries d'animation les plus iconiques du Club Dorothée, Ken le survivant (ou Hokuto no Ken dans sa version originale) a provoqué un véritable scandale en France à cause de sa violence graphique. Fortement inspirés par l'univers post-apocalyptique de Mad Max 2 de George Miller, le dessinateur Tetsuo Hara et le scénariste Buronson nous plongent dans un monde ravagé par une guerre nucléaire, à travers les aventures de Kenshiro, expert en arts martiaux choisi pour devenir le nouveau successeur du Hokuto Shinken - une école d'arts martiaux dont la technique consiste à presser les points vitaux de son adversaire pour le faire exploser de l'intérieur. Un manga essentiel, qui va avoir droit à une nouvelle série d'animation. Attention, le premier trailer pique les yeux...

#6 La Fin des Temps, de Haruki Murakami (1985)

Écrivain japonais le plus lu au monde et régulièrement cité comme favori pour le Prix Nobel de littérature, Haruki Murakami est réputé pour être l'un des grands représentants du réalisme magique nippon - bien qu'il ait souvent refusé cette appellation. Dans La Fin des Temps, son quatrième roman, Murakami mélange le cyberpunk et la fantasy dans deux histoires parallèles qui finissent par se rejoindre à la toute fin du roman. Haruki Murakami utilise ici les tropes de ces deux genre qui semblent opposés pour décrire le mal-être d'une société en pleine mutation. Petit bijou de poésie et de mélancolie, La Fin des Temps est assurément l'un des sommets de la carrière littéraire de Haruki Murakami. 

#7 Metroid, de Nintendo (1986-...)

Moins connue que Super Mario Bros., The Legend of Zelda ou Pokémon, la saga Metroid compte néanmoins parmi les plus grandes licences de Nintendo. Lancé en août 1986 sur Famicom - soit quelques mois à peine après la première aventure de Link -, le titre est la parfaite fusion entre le jeu de plateformes façon Super Mario Bros. et l'action-aventure de The Legend of Zelda. Les jeux de la série Metroid nous font suivre les aventures de la chasseuse de primes Samus Aran, qui combat des pirates de l'espace et des créatures parasites appelées les métroïdes. Nous sommes impatients de découvrir Metroid Prime 4: Beyond sur Nintendo Switch 2 !

#8 Ghost in the Shell, de Masamune Shirow (1989-1991)

Paru dans le Young Magazine de Kōdansha, Ghost In The Shell est le chef-d'oeuvre de Masamune Shirow. Ce manga, qui raconte la traque du cybercriminel connu sous le nom "Le Marionnettiste" par le major cyborg Motoko Kusanagi, est un des sommets du cyberpunk japonais. En plus de s'interroger sur ce qui fait la spécificité de la pensée humaine par rapport aux autres formes de vie et d'intelligence, Masamune Shirow signe une oeuvre dans laquelle viendront puiser de nombreux auteurs. Adapté en film d'animation en 1995 par Mamoru Oshii (Urusei Yatsura), Ghost In The Shell a aussi inspiré la trilogie Matrix des Wachowski. Notons que l'oeuvre aura droit bientôt à une nouvelle adaptation en série plus fidèle au manga, produite par le studio japonais Science SARU - à qui l'on doit notamment la série DanDaDan. 

#9 Gunnm, de Yukito Kishiro (1990-1995)

Pilier du manga de science-fiction, Gunnm a réussi à s'imposer dans nos esprits grâce à son univers dystopique riche et ses thématiques profondes. Le lecteur est projeté dans un monde post-apocalyptique et suit l'histoire de Gally, une cyborg amnésique qui évolue dans la décharge de la cité flottante de Zalem. Mêlant combats d'arts martiaux et réflexions philosophiques sur l'identité, l'humanité et la technologie, Gunnm nous invite à nous interroger sur ce qui définit l'humain. Du reste, au-delà de ces réflexions existentielles communes à de nombreuses oeuvres cyberpunk, Yukito Kishiro propose à travers la société hiérarchisée de Gunnm une critique sociale intemporelle. Gunnm a été adapté au cinéma par James Cameron et Robert Rodriguez. 

#10 Neon Genesis Evangelion, de Hideaki Anno (1995)

Animateur-clé sur Urusei Yatsura de Mamoru Oshii, puis sur Nausicaä de la Vallée du Vent de Hayao Miyazaki, Hideaki Anno débute la réalisation à la fin des années 1980 avec Gunbuster, puis avec Nadia, le secret de l'eau bleue (d'après une idée de Miyazaki), Hideaki Anno continue sa fulgurante carrière avec la série d'animation Neon Genesis Evangelion. Chef-d'oeuvre du meccha-eiga, la série nous plonge dans un monde post-apocalyptique dans lequel de jeunes adolescents deviennent la dernière chance de l'humanité face aux Anges, d'immenses créatures à l'exceptionnel pouvoir de destruction. La série, écrite et réalisée alors qu'Anno était en pleine dépression, aborde des sujets difficiles. La série impressionne par sa grande modernité, dès son opening (A Cruel Angel Thesis, chanté par Yoko Takahashi).

#11 Final Fantasy VII, de Square Enix (1997)

Devenu une référence pour tous les amateurs de JRPG, le septième jeu de la légendaire licence vidéoludique de Square Enix nous embarque au côté du groupe éco-terroriste Avalanche dans sa lutte contre la mégacorporation Shinra, qui exploite jusqu'à leur épuisement l'énergie vitale de la planète. Troquant les univers médiévaux-fantastiques pour un cadre plus cyberpunk, Final Fantasy VII est aux yeux de nombreux joueurs l'un des sommets indiscutables de la franchise. Son histoire, ses personnages principaux, son antagoniste, sa musique épique, tout contribue à en faire un chef-d'oeuvre intergénérationnel. D'ailleurs, nous attendons avec impatience la sortie de la troisième partie du remake.

#12 Cowboy Bebop, de Shin'ichirō Watanabe (1998)

Quatre ans après avoir fait ses débuts en tant que réalisateur avec l'OAV de quatre épisodes Macross Plus - qui mettait déjà la musique au coeur de son récit -, Shin'ichirō Watanabe s'impose comme l'un des plus grands noms de l'animation japonaise avec la série Cowboy Bebop, produite par le studio Sunrise. Cette série hors-normes est un mélange époustouflant de space-western, de cyberpunk, de néo-noir et de jazz. Elle raconte les aventures de trois chasseurs de primes de l'espace qui cohabitent tant bien que mal. De ses héros tragiques - en premier lieu, Spike Spiegel - à sa bande-originale jazzy iconique signée Yoko Kanno, en passant par sa mise en scène, tout contribue à faire de Cowboy Bebop l'une des séries les plus iconiques des années 1990, et plus généralement une des plus grandes séries de science-fiction. 

#13 Pluto, de Naoki Urasawa (2003-2009)

Devenu le maître absolu du thriller japonais avec Monster et 20th Century Boys, Naoki Urasawa voue un véritable culte à Osamu Tezuka, que l'on surnomme le père du manga moderne. C'est à cet immense artiste que rend hommage Naoki Urasawa dans Pluto, puisqu'il adapte sur huit tomes l'arc Le robot le plus fort du monde du manga Astro, le petit robot. Dans un monde futuriste, l'humanité vit quotidiennement au contact de robots, qui n'ont pas le droit de s'en prendre aux humains. Mais lorsque les robots les plus puissants du monde sont tour à tour pris pour cible, l'inspecteur de police robot Gesicht mène l'enquête. Ce polar cyberpunk compte assurément parmi les plus grandes oeuvres de la carrière irréprochable de Naoki Urasawa. Bourrée de suspense, elle a été adaptée en série d'animation par le studio M2 pour Netflix. 

#14 Paprika, de Satoshi Kon (2006)

Avant que Christopher Nolan ne fasse l'événement en 2010 avec Inception, le réalisateur japonais Satoshi Kon déchirait le voile ténu entre le rêve et la réalité avec Paprika. Adaptant le roman éponyme de Yasutaka Tsutsui sorti en 1993, le réalisateur de Perfect Blue et Millenium Actress nous plonge dans un monde où un dispositif, la DC Mini, permet d'infiltrer les rêves. Mais quand cette technologie est détournée à des fins malveillantes, c'est la réalité elle-même qui se trouve menacée. Visuellement époustouflant, Paprika est d'une richesse impressionnante et inépuisable, tant au niveau du style - avec cet entrelacement kaléidoscopique d'images surréalistes et poétiques - qu'au niveau thématique, puisque le film aborde le contrôle de l'inconscient et les dérives technologiques. Malheureusement, Paprika sera le dernier coup de génie de son auteur, qui s'est éteint en 2010 des suites d'un cancer du pancréas...

#15 Godzilla: Minus One, de Takashi Yamazaki (2023)

Marquant le grand retour du Roi des Monstres sur son île natale, sept ans après l'excellent Shin Godzilla de Hideaki Anno et Shinji Higuchi, Godzilla: Minus One de Takashi Yamazaki a marqué profondément le public à sa sortie en 2023. Véritable retour aux sources, Godzilla: Minus One réinvestit le traumatisme laissé par les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Le film, visuellement très excitant, tente également de faire réfléchir le peuple japonais sur des sujets restés tabous, comme les kamikazes et les pluies noires. Un des grands films de l'année 2023 ! 

Et vous, quelles sont vos oeuvres de SF japonaises favorites ? N'hésitez pas à nous le dire dans l'espace commentaire.