Ces 5 échecs au box-office sont très inquiétants pour l'avenir du cinéma
Le cinéma hollywoodien ne se porte pas très bien. Mais pour quelles raisons ? Est-ce à cause du modèle des grands univers connectés que Disney a imposé avec le Marvel Cinematic Universe et la licence Star Wars ? L'explication se trouve-t-elle plutôt du côté de l'émergence des plateformes de type Netflix qui ont changé durablement les habitudes des spectateurs ? Des majors hollywoodiennes qui ne parviennent pas à comprendre toutes les nouvelles révolutions ? Du public qui (peut-être ?) est inconstant quand il critique les grosses machines hollywoodiennes mais ne donne pas sa chance à des films artistiquement plus ambitieux ? Des règles de référencement Google et Facebook, qui poussent la presse à privilégier certains types de cinéma plutôt que d'autres ? Quoi qu'il en soit, les cinq exemples qui suivent sont assez désespérants...
#1 Killers of of the Flower Moon, de mARTIN scorsese
Unanimement considéré comme l'un des plus grands cinéastes de l'Histoire du cinéma, Martin Scorsese a une filmographie proprement exceptionnelle. Lauréat de la Palme d'Or avec Taxi Driver (1976) et d'un Oscar du meilleur réalisateur pour Les Infiltrés (2006), il est l'auteur de plusieurs grands chefs-d'oeuvre du cinéma américain, dont Raging Bull (1980), Les Affranchis (1990), Casino (1995) et Le Loup de Wall Street (2013). Pourtant, le cinéaste italo-américain peine à financer ses longs-métrages autrement qu'en passant par des plateformes de streaming : Netflix a produit et distribué The Irishman (2019) et le documentaire Rolling Thunder Revue: A Bob Dylan Story (2019), tandis qu'AppleTV+ a produit le film Killers of the Flower Moon.
Adapté d'un livre de David Grann (La Note américaine), Killers of the Flower Moon raconte un épisode tragique et sanglant de l'histoire américaine : le massacre atroce des Indiens Osages au début du XXème siècle. Mettant en scène Robert De Niro, Leonardo DiCaprio et Lily Gladstone dans les rôles principaux, Killers of the Flower Moon est un western de 3h27 flirtant avec le cinéma de gangsters. Applaudi aussi bien par le public que par la critique, le long-métrage est une nouvelle démonstration de force de la part de Marty. Malheureusement, le film qui a coûté entre 200 et 215 millions de dollars n'a rapporté que 157 millions de dollars au box-office mondial. Son échec retentissant pourrait signer la fin des grandes fresques au cinéma. D'ailleurs, Martin Scorsese a mis en pause ses projets de biopic de Frank Sinatra (dont les liens avec la pègre, l'amour de la musique et l'identité italo-américaine en font un sujet triplement scorsesien) et de Jésus Christ (la religion étant un autre des leitmotivs du cinéaste)...
#2 Furiosa : une saga Mad Max, de George Miller
En 2015, le réalisateur australien George Miller marque un énorme coup avec Mad Max: Fury Road, le quatrième volet de la saga Mad Max. D'une virtuosité impressionnante, le film mené tambour battant est un monument de rage et de pyrotechnie post-apocalyptique. Depuis largement parodié, le long-métrage fonctionnait également par la simplicité de son scénario : cet aller-retour entre la Citadelle d'Immortan Joe et la Terre Verte des Vuvalini a la clarté des mythes antiques. Le projet de George Miller de dédier un film entier à Furiosa était donc plein de promesses.
Sorti en mai 2024, Furiosa: une saga Mad Max est sans aucun doute l'un des meilleurs blockbusters de l'année. Le film, qui raconte l'histoire tragique de Furiosa, de son enfance aux débuts de Fury Road, est une véritable odyssée, dans lequel le cinéaste continue son exploration des mythologies. Furiosa est traversé par des scènes d'action d'une maestria à couper le souffle. Pourtant, malgré tout, le film sera un four au box-office. Avec un budget estimé à 168 millions de dollars, il a remporté 172 millions, ne parvenant pas à rembourser les frais engagés pour la promotion. L'échec est tel que George Miller semble renoncer à la réalisation de son deuxième spin-off, centré sur le personnage de Max Rockatansky incarné par Tom Hardy. La raison de cet échec est pour l'instant difficilement identifiable, mais sans doute la politique de Warner Bros. Discovery consistant à diffuser ses films sur la plateforme Max une quarantaine de jours après la sortie en salles a porté atteinte au box-office.
#3 nIGHTMARE aLLEY, DE gUILLERMO del Toro
Lauréat de l'Oscar du meilleur réalisateur pour La Forme de l'eau (2017), Guillermo Del Toro a fait son grand retour sur grand écran fin 2021 aux États-Unis et début 2022 en France avec l'excellent Nightmare Alley. Visuellement somptueux, le film porté par Bradley Cooper et Cate Blanchett est un sublime hommage au genre du film noir, qui fut le genre roi à Hollywood entre le début des années 1940 et la fin des années 1950. Martin Scorsese en personne a signé une tribune dans lequel il expliquait que Nightmare Alley était le plus bel hommage au genre depuis de nombreuses années. Rien que ça !
Pourtant, le film s'est vautré au box-office. Malgré un budget estimé à 60 millions de dollars, il a engrangé à peine 39 millions, et en dépit d'excellentes critiques de la presse internationale. Si de nombreux spécialistes ont expliqué combien le Covid-19 a eu un impact sur le nombre de spectateurs, il nous semble également que le studio Disney a également sa part de responsabilité. En effet, le film est distribué par Searchlight Pictures, filiale du groupe Disney née du rachat de la 21st Century Fox. Visiblement, le groupe aux grandes oreilles n'a pas su comment communiquer sur ce film, qu'il a présenté comme un film d'horreur.
#4 The Fabelmans, de Steven Spielberg
Le cinéaste Steven Spielberg est assurément l'un des plus grands artisans du cinéma contemporain. Le metteur en scène américain est un génie reconnu, dont l'oeuvre unanimement acclamée. Il a révolutionné le cinéma de divertissement à de nombreuses reprises, avec notamment Les Dents de la Mer (1975), Les Aventuriers de l'Arche Perdue (1981) ou encore Jurassic Park (1993). Cependant, Tonton Spielberg ne semble plus si abonné que cela aux grands succès financiers... En effet, son précédent film, West Side Story, bien qu'unanimement bien accueilli par la presse et le public, n'a touché que 76 millions de dollars pour un budget de 100 millions.
Avec The Fabelmans, le metteur en scène propose un film autobiographique. Loin d'être un simple ego-trip, ce film est l'aboutissement des travaux de Steven Spielberg sur la famille. Sorti fin 2022, le dernier chef-d'oeuvre de Steven Spielberg a été acclamé, mais ignoré par le public lors de sa sortie en salles. Au total, le film engrangera 45 millions de dollars pour un budget estimé à 40 millions. Variety s'étonnera d'ailleurs d'un si faible résultat pour "le réalisateur le plus prospère de son époque". On vit effectivement dans un monde où Steven Spielberg et Martin Scorsese ont du mal à susciter la confiance des studios de cinéma... Quel triste constat !
#5 Donjons et Dragons : L'honneur des voleurs
Si la fantasy a semblé devenir le genre roi avec le succès phénoménal de Game of Thrones, au point de lancer une guerre des séries dès 2019, le genre semble plus difficilement déclinable au cinéma. En effet, hormis les trilogies de Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit), l'adaptation du cycle Harry Potter et la saga Pirates des Caraïbes, les studios peinent à offrir des films de fantasy qui rencontrent un véritable succès au box-office. À ce titre, Donjons et Dragons: L'Honneur des voleurs est un échec bien triste.
Produit par Entertainment One et distribué par Paramount, le long-métrage a été très apprécié des fans du jeu de rôles et a profité de critiques plutôt sympathiques. Cependant, le film a souffert de la mauvaise réputation des films Donjons et Dragons précédents, et surtout de la promotion boiteuse de Paramount, qui semblait annoncer "Les Gardiens de la Galaxie à la porte de Baldur". Au final, le film touche 208 millions, ne parvenant pas à rembourser son budget promotionnel.
Les Infiltrés est un REMAKE d'Infernal Affairs. Ils avaient acquis les droits du film original pour faire ce remake !
Aujourd'hui le spectateur ne prend plus de risque et sélectionne le film qui a le plus de chance de le divertir, ce qui le conduit inéluctablement vers l'usine à film sous vide et sans saveur qu'est Disney. Ceci au détriment de certains chef d'oeuvre.
"Malheureusement, le film qui a coûté entre 200 et 215 millions de dollars n'a rapporté que 157 milliards de dollars au box-office mondial."
Il faut se relire....
La promo ne pas du tout donné envoie d'aller le voir au ciné, et c'est bien dommage.
Les gens normaux se battent les steaks des nouvelles règles politiques et idéologiques d'Hollywood et aussi de tout le wokisme qui détruit l'art en général . Et les normies , qui abhorrent cette propagande pas très subtile , le font savoir en claquer leur argent partout ... sauf dans ces croutes!!! C'est en fait très sain , ce qui prouve que la plupart des gens recherchent un divertissement , pas une leçon sociétale dont ils se foutent éperdument ...
Je pose la question car tu dis n'importe quoi alors peut être que j'ai loupé quelque chose.
"Ce furent des échecs tout simplement pour leur inclusivité , leur diversité , leur représentation , leur égalité etc ..."
Je croirais entendre le RN sur l'immigration..
C'est la définition du suprémacisme.