Cinq raisons de regarder Peaky Blinders
Depuis cinq semaines déjà, Peaky Blinders nous enchante avec sa magnifique cinquième saison. Véritable chef d'oeuvre du petit écran, cette série écrite par Steven Knight (Taboo) pour la BBC est assurément l'une des meilleures séries de l'Histoire. Malheureusement, on peut regretter qu'elle ne soit pas suffisamment connue. Corrigeons cette injustice, en vous donnant cinq raisons pour lesquelles vous devez impérativement commencer Peaky Blinders. En attendant, on regarde la bande-annonce dans la saison 5 :
Une histoire passionnante
Peaky Blinders voit son action se situer à Birmingham, en Angleterre, dans l'entre-deux-guerres. La famille Shelby règne en maître sur les paris hippiques illégaux dans cette ville ouvrière. On les appelle les Peaky Blinders, car ils ont des lames de rasoir cachées dans la visière de leur casquette, dont ils se servent pour taillader les yeux de leurs ennemis. Guidés par l'ambition pharaonique de leur leader Tommy Shelby, les Peaky Blinders vont connaître une ascension fulgurante, qui les mènera à affronter des gangs italiens, juifs, irlandais, l'IRA, les communistes, la Section D, le gouvernement britannique.
Peaky Blinders est une histoire absolument passionnante, portée par un souffle épique étourdissant ! On ne s'ennuie pas une seconde dans cette série, qui laisse pourtant la part belle aux dialogues, très ciselés. La série est également un tourbillon de violence. Mais l'un des principaux intérêts de la série demeure le mariage réussi entre petite histoire (celle d'un gang de Birmingham, et de leurs histoires de famille) et la grande Histoire. Car Tommy et son gang sont intimement liés aux grands bouleversements de l'Angleterre durant l'entre-deux-guerres. D'une nation brisée par la Première Guerre mondiale, on voit l'Angleterre s'engouffrer dans une violence politique et économique sans précédent : attentats de l'IRA, chasse aux communistes, krach boursier de 1929, montée du fascisme. Le but de Steven Knight, l'extraordinaire showrunner derrière ce chef d'oeuvre absolu, est de raconter, à travers les yeux de son personnage principal, une chronique de la classe ouvrière dans l'Angleterre de 1919 à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont donc pas moins de vingt ans d'Histoire qui s'écoulent devant nos yeux passionnés.
Un casting de fou
En plus de son indéniable qualité d'écriture, Peaky Blinders doit une grande partie de son succès à son casting parfait. Il faut dire que de ce côté-là, c'est un sans faute. Le rôle de Tommy Shelby, chef de gang dont la tristesse insondable n'a d'égal que son intelligence et sa violence impitoyables, a été confié à l'acteur irlandais Cillian Murphy (Le Vent se lève, Vingt-huit jours plus tard, Batman Begins, Inception), que vous ne verrez jamais plus de la même façon. On est abasourdi par son charisme absolument explosif, sans doute inégalé. Avec sa voix grave, ses yeux bleus et sa classe, Tommy Shelby est assurément le personnage le plus badass du petit écran. Cillian Murphy mérite toutes les récompenses pour ce rôle !
Il est secondé par une tripotée d'acteurs ultra-talentueux, tels que Paul Anderson (The Revenant) gigantesque dans le rôle d'Arthur Shelby, Joe Cole (Black Mirror) génial en John Shelby, Helena McCrory (Harry Potter et Les Reliques de la Mort, Penny Dreadful), impériale en tante Polly ou encore Sophy Rundle (Gentleman Jack), touchante en Ada Shelby. Citons également Annabelle Wallis (The Tudors), Natasha O'Keeffe (Sherlock), Ned Dennehy (Good Omens), Finn Cole (Animal Kingdom) ou encore Aidan Gillen (Game of Thrones).
Mais face au charisme explosif de Cillian Murphy, et de son personnage Tommy, il fallait des acteurs de taille, pour interpréter ses ennemis. Et là, le casting devient plus éclatant encore, avec notamment Sam Neill (Jurassic Park, The Tudors), Noah Taylor (Game of Thrones), Adrien Brody (Le Pianiste, King Kong), Paddy Considine (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde), Sam Claflin (Hunger Games), Brian Gleeson (Phantom Thread) et le gigantesque Tom Hardy (Bronson, The Revenant, Legend, Des hommes sans loi, Inception, The Dark Knight Rises, Dunkirk), seul acteur pouvant rivalisé en charisme avec Cillian Murphy (excepté, bien sûr, Anthony Hopkins). Chacune des scènes que partagent les deux acteurs sont parmi les meilleures scènes jamais tournées pour la télévision.
Une B.O. sublime
Autre marque de fabrique de Peaky Blinders, sa bande originale absolument géniale. Steven Knight a pris le parti de créer un décalage anachronique entre l'époque (entre-deux-guerres) et un rock dynamique et underground. C'est au son de Nick Cave & The Bad Seeds, dont la mythique chanson Red Right Hand introduit chaque épisode (on se souvient également de la scène avec The Mercy Seat au piano, absolument déchirante), PJ Harvey (la scène avec Is This Desire ? nous donne des frissons), Radiohead (I Might Be Wrong, Life In a Glasshouse), Joy Division (Atmosphere), Leonard Cohen (You Want It Darker), Johnny Cash (Further On Up The Road), David Bowie (Lazarus), Tom Waits (Soldier's Things), Arctic Monkeys (Don't Sit Down 'Cause I've Moved Your Chair, Arabella), The White Stipes (I Think I Smell a Rat, St. James Infirmary Blues), Black Strobe (I'm a Man), Black Sabbath (The Wizard, War Pigs), Hotel Lux (The Last Hangman) ou encore Royal Blood (Out of the Black).
Même les personnes qui ne sont généralement pas adeptes des décalages anachroniques, reconnaissent la qualité de cette B.O. Il faut dire que la B.O. dans Peaky Blinders ne fait pas office d'accessoire : elle sert particulièrement l'ambiance et colle à la perfection avec les scènes qu'elle supporte, tant dans les moments d'action que dans les moments les plus tristes. D'ailleurs, quand on entend les paroles de Red Right Hand de Nick Cave & The Bad Seeds, on croit entendre une description de Tommy Shelby : "On a gathering storm comes / A tall handsome man / In a dusty black coat with / A red right hand".
Une esthétique magnifique
Quand on regarde un épisode de Peaky Blinders, on est frappé par la qualité remarquable de l'esthétique. Tout d'abord, les décors et les costumes sont magnifiques, et donnent une grande impression de réalisme. Le soin apport aux décors et aux costumes n'est d'ailleurs pas sans rappeler la série Boardwalk Empire, la série de gangsters de Martin Scorsese pour HBO. Des quartiers ouvriers de Birmingham au faste des quartiers huppés londoniens, des bâtiments en briques rouges de Small Heath aux bâtiments pleins de suie de Camden Town, tout est superbe. Steven Knight et ses équipes semblent avoir réussi à donner une esthétique romantique aux quartiers prolétaires, à tel point que la série donne envie de se coiffer d'une casquette anglaise, et de commander un whisky irlandais dans un pub. A noter par ailleurs, et ce même si cela tient plus de la qualité du jeu d'acteur que de l'esthétique de la série, le jeu sur les accents est absolument jouissif, et participe à la fois à l'instauration paradoxale d'une ambiance romantique avec un soupçon de réalisme.
Notons également que la série bénéficie d'une réalisation et d'une photographie magnifique. Avec son jeu sur les ombres et les couleurs, la série a une photographie vraiment marquante, venant servir une réalisation faite aux petits oignons. On adore voir les Peaky Blinders marcher au ralentit dans les rues de Small Heath, habillés sur leur trente-et-un, avec en bande-son un riff de guitare qui ferait pogoter votre vieux voisin souffrant d'arthrose ! Avec son équipe de réalisateurs, Peaky Blinders n'a rien à envier aux séries les mieux réalisées, de Game of Thrones à Mindhunter.
La richesse de ses personnages
Comme nous l'avons dit, la série est servie par un casting d'exception. Mais il ne faut non plus sous-estimer le potentiel fou des personnages de la série. Tout d'abord, Tommy Shelby est très certainement un des meilleurs personnages du petit écran. Ce personnage au charisme magnétique est d'une intelligence et d'une ambition rares. Mais si on l'aime autant, c'est aussi parce qu'il est un personnage profondément torturé : souffrant de stress post-traumatique suite à son expérience de soldat pendant la Première Guerre Mondiale, il est aussi hanté par ses amours passées, et par la frustration d'être mis au ban de la société du fait qu'il est gitan. C'est d'ailleurs cette dernière caractéristique qui semble conférer à Tommy l'envie d'avoir une revanche sur la vie et sur la société, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour être accepté par les puissants.
Mais les autres personnages de Peaky Blinders sont également passionnants. Arthur Shelby, l'aîné, n'aura de cesse à subir un combat intérieur : faire exploser sa nature violente et sa recherche de rédemption. Polly, quant à elle, matriarche de la famille, gitane jusqu'au bout des ongles, conseille ses neveux sur les questions sentimentales, et rivalise avec Tommy sur les questions stratégiques. Mère blessée par la perte de ses enfants, mais aussi femme fatale, Polly est très certainement un des personnages féminins les mieux écrits au petit-écran. Même chose pour Ada, la soeur de Tommy, Arthur et John, toujours à la recherche de nouvelles utopies (révolution communiste), et vivant mal son mode de vie de plus en plus contradictoire avec ses idéaux politiques. Et que dire de John, personnage particulièrement attachant, mais aussi violent et impulsif qu'Arthur. Même les méchants ne sont jamais caricaturaux. Alfie Solomons, par exemple, le chef du gang juif de Camden Town qu'interprète magistralement Tom Hardy, qui rivalise en intelligence et en charisme avec Tommy, et en violence et en impulsivité avec Arthur.
Les relations entre les personnages sont également passionnantes, la série étant avant tout une chronique familiale. Et elles sont servis par des dialogues particulièrement brillants. On se souvient par exemple de la confrontation entre Tommy Shelby et Alfie Solomons en fin de saison 3.
Vous l'aurez compris, si vous ne connaissez pas encore cette série, nous vous la recommandons très chaudement. Il s'agit d'un véritable chef d'oeuvre, qui fait partie de nos séries cultes. A ce jour, Peaky Blinders, c'est cinq saisons de six épisodes d'une heure chacune. Actuellement, la saison 5 est en cours de diffusion sur BBC One (le dernier épisode étant prévu dimanche prochain). En France, l'intégrale des quatre premières saisons est disponible sur Netflix, et il faudra attendre octobre pour voir la cinquième sur le service de SVOD. La série est déjà renouvelée pour une saison 6, et Steven Knight parle déjà d'une saison 7 et d'une trilogie de films. Pour notre plus grand bonheur.
Depuis, ca reste la meilleure.