Disney : 10 choix que doit faire le studio pour retrouver son âge d'or
Ce week-end, c'est la D23, la grande messe de Disney durant laquelle le géant du divertissement américain va multiplier les annonces autour de ses licences-phares. Un événement à n'en pas douter, mais qui suscite autant d'attente que de crainte. En effet, le studio Disney n'est plus en odeur de sainteté, et souffre même d'une profonde impopularité. Si le groupe demeure le numéro 1 du divertissement mondial, l'entreprise doit faire certains choix pour redorer son blason. Voici quelques suggestions !
#1 Diminuer les live-action
Depuis Alice au Pays des Merveilles (2010) de Tim Burton, Disney s'est lancé dans une vaste entreprise d'adaptation de ses propres classiques en live-action. On en compte à ce jour dix-sept, et une dizaine sont actuellement en cours de production. C'est énorme ! Mais si quelques-uns ont bien marché, voire ont tout pété au box-office, d'autres ont été des échecs désastreux, qui se sont attiré les foudres des fans. Et on ne parle même pas du fils du réalisateur de Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) qui a détruit le projet de remake live-action.
Bien que La Belle et la Bête, Le Roi Lion et Aladdin aient dépassé le milliard de dollars au box-office et comptent parmi les plus beaux succès financiers récents de Disney, le groupe gagnerait cependant à diminuer la production des adaptations live-action en se concentrant d'avantage sur des classiques d'animation qui n'ont pas reçu le succès escompté à leur sortie en salles. On songe notamment à Taram et le Chaudron Magique (1985), Atlantide : L'Empire Perdu (2001) ou encore La Planète au Trésor : Un Nouvel Univers (2002). Ces adaptations live-action seraient d'autant plus justifiées qu'elles permettraient d'élargir des univers de fantasy et de science-fiction, en les faisant profiter des dernières technologies.
#2 Laisser plus d'indépendance au studio Pixar
Depuis la parution de son premier long-métrage d'animation (Toy Story, 1995), le studio Pixar s'est érigé en principal concurrent de Disney. Symbole de modernité, la bande de John Lasseter a révolutionné le cinéma d'animation en imposant la 3D générée par ordinateur, que personne n'a aussi bien maitrisée qu'eux avant la parution de Spider-Man : Into the Spider-Verse en 2018. Même après son rachat par Disney, le studio Pixar a continué de montrer la voie avec des films toujours plus exigeants, comme le montrent les onze Oscars du Meilleur film d'animation que l'entreprise a remportés ces dernières années.
Malheureusement, si Pixar continue à nous proposer des films toujours très convaincants, comme Soul de Pete Docter, Alerte Rouge de Domee Shi ou encore Vive-versa 2 - devenu le plus gros succès du cinéma d'animation américain -, le studio parait prisonnier de son appartenance au groupe Disney. En plus d'avoir condamné plusieurs films, initialement destinés aux salles de cinéma, à être diffusés exclusivement sur la plateforme Disney+, Pixar est désormais contraint de produire de plus en plus de suites de ses grands chefs-d'oeuvre, à l'image de Toy Story 5, prévu pour juillet 2026. Sans oublier les nombreuses annonces de licenciements qui ont perturbé l'entreprise.
La direction doit apprendre à faire confiance à Pixar, aujourd'hui dirigée d'une main de maître par Pete Docter, qui a remplacé John Lasseter au pied levé après la démission de ce dernier - suite à des comportements déplacés envers ses collaboratrices. Rappelons que Pete Docter est le seul réalisateur à avoir remporté trois Oscars du Meilleur film d'animation avec Là-haut, Vice-versa et Soul. Pixar est un studio qui a besoin d'un maximum d'indépendance !
#3 Confier la direction de la franchise Star Wars à Dave Filoni
Entrée dans le giron Disney depuis son rachat en 2012, suite au rachat de Lucasfilm, la franchise Star Wars est sans doute l'une de celles qui provoquent le plus l'exaspération des fans, lassés d'une qualité - hélas - trop inégale. En effet, hormis le film Rogue One : a Star Wars story, et les séries The Mandalorain, Star Wars : Andor, Star Wars : Rebels et The Bad Batch, qui ont reçu des avis élogieux, les productions Star Wars de Disney ont provoqué de nombreuses levées de bouclier !
De nombreux fans souhaitent que Dave Filoni, le plus digne héritier de George Lucas, à qui l'on doit notamment les séries The Clone Wars, Rebels et The Bad Batch, et qui collabore avec Jon Favreau sur le Mandoverse, devienne le directeur de la franchise Star Wars. Une nouvelle qui pourrait réconcilier les fans avec l'univers créé par George Lucas.
#4 Arrêter avec les épisodes trop courts
Alors qu'elles étaient censées être des événements, les séries Marvel et Star Wars ont souvent été décriées. Ces échecs successifs s'expliquent en partie par la volonté de Disney d'imposer des épisodes durant entre une demi-heure et quarante minutes (si l'on enlève le débriefing en début d'épisode, l'opening et les crédits). Il en résulte que les séries Marvel et Star Wars n'ont pas le temps de développer convenablement leurs personnages et leurs intrigues, créant ainsi des problèmes de rythme et d'écriture. C'est dommage, parce qu'en plus de donner l'image d'un studio qui peine à maîtriser l'écriture sérielle, Disney transforme des séries voulues comme événementielles en soap opéra.
#5 Mettre fin au crunch
Les licences Disney bénéficieraient également d'un changement de politique interne concernant le crunch. En 2022, plusieurs articles édifiants faisaient état du surmenage des équipes chargées des effets spéciaux chez Marvel. Cela était dû entre autres aux retards pris durant la production des films et série d'une part et au calendrier de sorties extrêmement surchargé d'autre part. En plus de paraître pour une grosse entreprise qui maltraite des employés, Disney distribuait des films aux effets spéciaux dégueulasses, donnant l'impression de ne pas être aboutis. La palme revenant à l'épouvantable Ant-Man & La Guêpe : Quantumania et à son MODOK des Enfers.
#6 Laisser les cinéastes s'exprimer chez Marvel
Lorsque l'on évoque le Marvel Cinematic Universe, on pense d'emblée à Kevin Feige. Rien de plus normal ! Le producteur est l'architecte de ce gigantesque univers cinématographique, qui a remporté plus de 30 milliards de dollars. Cependant, Kevin Feige semble avoir du mal à gérer l'après-Endgame, comme en témoignent les nombreux échecs récents de Marvel Studios. S'il s'est déjà exprimé à propos de la fatigue des super-héros, le patron du MCU doit apprendre à faire cohabiter sa vision d'ensemble avec celle des cinéastes qu'il embauche.
En effet, ces dernières années, Marvel a embauché plusieurs grands noms du cinéma, tels que Sam Raimi (Doctor Strange in the Multiverse of Madness), Chloe Zhao (Les Éternels) ou encore Taika Waititi (Thor : Love and Thunder). Mais les fans ont eu du mal à ressentir leur pâte artistique et ont plutôt eu l'impression de les voir passés à la moulinette Marvel, et cette uniformisation marvelesque tend à agacer. À l'inverse, en confiant respectivement à Matt Reeves ou à Todd Phillips le film The Batman et la licence Joker, DC s'est assuré de marquer profondément les fans avec des visions artistiques audacieuses.
#7 Faire travailler Terry Rossio et Ted Elliott en duo
Pour peu que vous vous intéressiez aux productions Disney des années 2000, le nom de Terry Rossio et Ted Elliott vous dira forcément quelque chose. En effet, les deux scénaristes, qui ont fait leurs débuts en écrivant le film d'animation Aladdin (1992) et La Planète au Trésor (2002), sont les créateurs de la saga Pirates des Caraïbes, dont il écrit les trois premiers volets réalisés par Gore Verbinski, et les scénaristes du second film Benjamin Gates. (Notons que leurs faits d'armes ne se limitent pas aux productions Disney, puisqu'ils ont écrit l'excellent Le Masque de Zorro en 1998 pour Amblin Entertainment et Sony Pictures, ainsi que le premier volet de Shrek en 2001 pour DreamWorks.)
Cela fait de nombreuses années que Terry Rossio et Ted Elliott n'ont plus collaboré avec Disney en tant que duo. S'il est prévu que Terry Rossio collabore avec l'excellent Craig Mazin (Chernobyl, The Last of Us) sur le prochain volet de la saga Pirates des Caraïbes tandis que Ted Elliott planche sur Benjamin Gates 3, les deux franchises bénéficieraient grandement d'une nouvelle collaboration entre les deux hommes, qui incarnent avec le cinéaste Gore Verbinski l'image de Pirates des Caraïbes.
#8 Mettre en valeur ses personnages emblématiques
Disney, c'est d'abord un héritage. Celui de Walt d'une part, mais également des nombreux artistes qui ont travaillé pour le studio et qui ont légué à la postérité de nombreux personnages géniaux : de Mickey à Donald, en passant par Picsou, Dingo, Tic et Tac, etc. Malheureusement, s'ils sont toujours exploités par le studio Disney, ces personnages ne sont plus ce qu'ils étaient auparavant : uniquement destinés au très jeune public, ils ont même perdu pour certains d'entre eux ce qui faisaient tout leur charme.
Le studio Disney doit absolument réutiliser à bon escient cet héritage. Les fans sont nombreux à attendre une adaptation en série d'animation de La Jeunesse de Picsou de l'immense Don Rosa, qui serait respectueuse de l'oeuvre. Bon, cela passerait pas payer à Don Rosa les nombreuses royalties que le studio lui doit. Mais le jeu en vaut la chandelle !
#9 Confier les musiques des prochains Disney à Alan Menken
L'une des grandes forces des classiques d'animation Disney des années 1990, en plus de véritables choix de mise en scène, c'est leurs chansons. Si des chansons telles que Libérée, Délivrée (La Reine des Neiges) ou encore Le Bleu Lumière (Vaiana) ont été de véritables succès, celles des années 1990 surpassent dans l'ensemble, et à de nombreux égards, les plus récentes. Et nombre d'entre elles ont été composées par Alan Menken. On songe par exemple à la bande-originale magistrale du Bossu de Notre-Dame, mais également à celles de La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, Pocahontas ou Hercule. Malheureusement, s'il collabore toujours avec Disney, Alan Menken adapte en premier lieu les bandes-originales qu'il a composées pour le bien des adaptations des classiques d'animation que l'on a évoquées plus haut. Cela doit cesser ! Confiez-lui les bandes-originales des prochains classiques d'animation Disney !
#10 Renouer avec l'animation image par image
L'entreprise Disney a longtemps été un pionnier, à la recherche de nouvelles techniques de cinéma. Nous en avons longuement parlé dans notre dossier en deux parties sur l'Histoire du studio. Au cours des années 1990, alors que le monde de l'animation est sur le point d'être bouleversé par la sortie de Toy Story (1995), le studio promeut une animation plus artisanale et plus traditionnelle, jadis utilisée par de grands cinéastes comme Ray Harryhausen : l'animation en volume, aussi appelée animation image par image, ou stop motion.
Tim Burton, qui utilisait déjà l'animation en volume chez Disney au cours des années 1980 pour le court-métrage Vincent, l'a de nouveau popularisée avec le chef-d'oeuvre L'Étrange Noël de Monsieur Jack (1993), réalisé par son ami Henry Selick et produit par Disney. Trois ans plus tard, Henry Selick adaptait pour le studio le roman de Roald Dahl Jack et la Grosse Pêche (1996), toujours en stop-motion. Très prisée des cinéphiles, l'animation image par image semble oubliée par Disney, qui n'a plus retenté l'expérience depuis le très beau Frankenweenie (2012) de Tim Burton.
Le studio gagnerait pourtant à réinvestir ce domaine, qui semble aujourd'hui délaissé au profit de Netflix, qui a distribué ces deux dernières années trois films en stop-motion : Pinocchio de Guillermo Del Toro (2022), lauréat de l'Oscar du meilleur film d'animation, Wendell et Wild de Henry Selick (2023) sur un scénario de Jordan Peele (Get Out, Us, Nope) et Chicken Run 2 de Sam Fell (2023).