Ce manga Dragon Ball est l'un des pires spin-off de la saga
On ne le sait pas toujours, mais au Japon, la série Dragon Ball a eu droit à de très nombreuses séries spin-off officielles. Si certains de ces dérivés réservent d'agréables surprises, explorant des univers alternatifs ou proposant des relectures plus ou moins originales de l'œuvre phare d'Akira Toriyama, malheureusement, il s'agit principalement de produits commerciaux sans grande saveur. Cependant... Il en existe un parmi cette pléiade de titres dérivés qui s’avère bien pire que les autres.
Yu-Gi-Oh! version Dragon Ball
En 2018, surfant sur le succès colossal du jeu vidéo Dragon Ball FighterZ, le magazine Saikyō Jump lance un manga promotionnel baptisé Despo FighterZ. L'idée de départ paraît simple: capitaliser sur la popularité du jeu de combat pour attirer un jeune lectorat qui rêve désormais davantage de devenir champion d'e-sport que Super Saiyan. Du coup, finis les Guerriers de l'espace et leur mythologie, et bienvenue dans un futur en carton où le sommet de la technologie est de pouvoir transformer les téléphones en consoles de jeu portables…
Ici, on ne suit donc pas du tout Goku dans une quelconque intrigue inspirée des événements ou des mécaniques du jeu, mais Kenzo, un adolescent bagarreur des rues, qui se découvre par hasard des talents dans l’univers des compétitions de jeux vidéo. Dès sa première partie, il met en difficulté un champion. Du coup, un personnage secondaire, et pourtant bien plus charismatique que Kenzo, Mamoru, tente de le recruter dans son équipe de gamers professionnels... À ce stade, il est bon de vous rappeler que vous êtes toujours dans un manga relié à la saga Dragon Ball de manière OFFICIELLE !
À partir de là, l'histoire enchaîne les tournois de Dragon Ball FighterZ aux enjeux exagérément démesurés et suivis par une population mondiale qui n’a visiblement que ça à faire que de regarder des combats sur un jeu de combat en 2D tiré d’une série datant des années 1980, entre gamins. D'autre part, si l'idée d’un tel tournoi rappelle certains le film culte des années 1980 The Wizard, ou les mécaniques de Yu-Gi-Oh! où les cartes prennent vie, la ressemblance s'arrête clairement ici. Là oùYu-Gi-Oh! parvient à construire un univers crédible autour du jeu, Despo FighterZ donne surtout l'impression d'un produit marketing déguisé, sans véritable âme ni ambition narrative.
Saiyan, mais pas trop
Conscient que l'univers des jeux vidéo ne suffirait pas à séduire les fans de Dragon Ball, l'auteur Hiroshi Otoki tente de raccrocher les wagons avec la saga originale en ajoutant une touche de fantasy aussi artificielle que discutable. En effet, lorsqu'il atteint l'état du "Flow" (cet état mental où les meilleurs joueurs perdent conscience d’eux-mêmes et du temps), Kenzo accède au "Mode Éveillé", une transformation vaguement inspirée du Super Saiyan.
Cependant, malgré cette pirouette scénaristique, impossible de masquer l'évidence: Despo FighterZ est un pur produit commercial, et c'est tout… L'intrigue se limite à tenter de glorifier maladroitement Dragon Ball FighterZ, sans jamais proposer de véritable profondeur ou d'enjeux dignes de l'univers Dragon Ball. C’est d’autant plus regrettable que Hiroshi Otoki avait déjà prouvé, avec Dragon Ball Fusions-The Manga, qu'un spin-off pouvait être réussi. Dans ce précédent projet, également tiré d'un jeu vidéo, Otoki avait su développer des idées originales, introduire de nouveaux personnages et enrichir le lore de Dragon Ball (comme on l'expliquait ici), en s'éloignant habilement du simple produit dérivé.
Mais avec Despo FighterZ, on est loin du compte. L'univers manque cruellement de relief, les personnages sont stéréotypés, et les clins d’œil à Dragon Ball sonnent creux, voire même étonnamment hors sujet (un comble pour un produit officiel). Si vous cherchez un spin-off recommandable et respectueux de l'héritage de la saga, passez vite votre chemin; par contre, si vous êtes un complétiste compulsif, vous êtes là devant une véritable curiosité/anomalie au sein de la saga.