Ce film Le Seigneur des Anneaux est l'une des pires adaptations qui existe
Parmi les adaptations de Tolkien, seule la première trilogie de Peter Jackson fait l'unanimité. Le Hobbit divise, et Jackson lui-même en est peu satisfait. Le reste ? Souvent maladroit, voire oubliable. Et même si la pire adaptation reste le premier dessin animé The Hobbit de 1967 (12 minutes de souffrance, accessibles sur YouTube pour les plus curieux/maso d'entre vous), il existe également une adaptation en live action, récente et oubliée, de l'univers de Tolkien, qui se distingue par son absurde médiocrité.
Un voyage en Terre du Milieu vite oublié
En 2014, Warner Bros. Games s'apprête à sortir l'un des meilleurs jeux adaptés de l'univers de Tolkien, Middle-Earth: Shadow of Mordor. Pour être tout à fait honnête, le jeu est avant tout pensé pour pouvoir s'inscrire, au moins esthétiquement, dans le lore tel qu'il a été repensé par Peter Jackson et ses équipes. Cependant, le jeu se montre, aussi, extrêmement respectueux de l'univers de Tolkien et fait le pari d'explorer certaines zones d’ombre pour créer des intrigues intéressantes, dont on parle régulièrement chez Hitek (comme ici, par exemple). Sans doute conscient de son lien fort avec l'univers des films, Warner Bros Games commande une bande annonce en live action, officielle donc, pour accompagner la sortie du jeu.
L'idée, sur le papier, est plutôt alléchante : faire appel aux talentueux vidéastes de Corridor Digital sur YouTube, connus pour leurs courts-métrages ingénieux et bourrés d’effets spéciaux, afin de donner vie à l'univers du jeu. D'ailleurs, à l'époque, la presse spécialisée s'enthousiasme étrangement pour le résultat. Plusieurs sites saluent la réalisation ou les effets spéciaux et même l'humour du film. Le court métrage est relayé comme un coup de com' réussi et un film fidèle au gameplay, notamment via la mise en scène des pouvoirs spectraux du héros. Mais quand on prend vraiment le temps de regarder ces 7 minutes et 42 secondes de vidéo, le vernis se craquelle sévèrement. Très sévèrement, même.
Tolkien and Furious
Soyons clairs, Shadow of Mordor-Live Action Trailer n’est pas un fan film ou un simple projet de vidéaste faisant de son mieux avec une équipe bénévole. Même si, à l'écran, tout semble indiquer le contraire, on est là face à un court-métrage officiel (!) et professionnel, réunissant des techniciens qualifiés et, surtout, produit (!) par Warner Bros Games. Et même si l'on se doute bien que le budget de ce coup de com' n'est pas celui d'un long-métrage, il faut tout de même reconnaître que le résultat laisse perplexe.
Présentée à l'époque comme une bande annonce fun et épique, cette vidéo ressemble en réalité à une parodie involontaire, tournée à la va-vite. Le décor, les costumes, la mise en scène, tout donne l'impression d'un tournage improvisé, sans direction artistique ni réel respect pour le lore de Tolkien. D'ailleurs, sans le titre de la vidéo, il serait impossible de deviner qu'il s’agit du même univers que celui arpenté par La Communauté de l'Anneau. La richesse mythologique de Tolkien? Pourquoi faire, quand on peut filmer 7 min 42 d'orcs qui "font la bagarre"?
Rôdeur en moumoute vs orcs en plastoc
Les combats en question semblent d'ailleurs tout droit sortis d'un direct-to-video avec Steven Seagal, ou au mieux d’une série de la CW. Les orcs, pensés pour évoquer ceux de la trilogie de Jackson, arborent des couleurs criardes et des prothèses peu convaincantes, mal éclairées et jamais vraiment mises en valeur par un étalonnage inexistant. Résultat : des créatures à l'apparence plastique, dont les costumes trop grands évoquent plus ceux d'une maison hantée de fête foraine qu'une production officielle.
Quant au personnage principal, Talion, le rôdeur sombre et implacable du jeu devient ici un figurant coiffé d'une perruque synthétique (qui était sur la tête de deux autres figurants humain au début du film, véridique...) et vêtu d'un costume qu'il faut visiblement ramener propre à la boutique pour récupérer la caution. De fait, le sang numérique mal incrusté jaillit à chaque coup d'épée, comme dans un mauvais épisode de Spartacus, version low-cost.
Cependant, et malgré tout, on ne peut nier la passion et l'implication évidentes de certains membres de l'équipe de Corridor Digital. Mais face à un univers aussi riche que celui de Tolkien, et avec le soutien d'un studio comme Warner, le résultat final reste franchement incompréhensible. Heureusement, Warner Bros game rectifiera le tir par la suite, à l'occasion de la sortie de Shadow of War, avec une nouvelle vidéo live action, bien plus réussie et ambitieuse, qui, elle, donnait vraiment envie de se plonger dans le jeu.
L'histoire des grands flops vous intéresse ? Découvrez nos dossiers sur La Ligue des gentlemen extraordinaires, Tomorrowland : À la poursuite de demain, Mort ou vif de Sam Raimi ou encore 6 films de fantasy qui ont floppé au box-office, à voir d'urgence !