4 superstars , 1 réalisateur culte... et un gigantesque flop à l’arrivée
Un casting cinq étoiles, un cinéaste adulé, un genre mythique remis au goût du jour : sur le papier, tout annonçait un triomphe, et pourtant... Il y a tout juste 30 ans, en 1995, ce film s'est lamentablement vautré, devenant un gigantesque flop à travers le monde. Un échec retentissant, incompris à sa sortie, mais peut-être, aussi, tout simplement en avance sur son temps.
DiCaprio et Sharon Stone, plus rapides que leurs ombres
Au cœur des années 1990, Sharon Stone est au sommet de sa gloire. Révélée au monde entier par Basic Instinct, elle est l'une des femmes les plus puissantes d'Hollywood. Alors, quand elle décide de produire un film, les studios écoutent. C'est elle qui initie ce projet de western pas comme les autres : Mort ou Vif. Le film sera réalisé par le génial créateur de la saga Evil Dead : Sam Raimi, à cette époque il n'a pas encore dirigé la trilogie Spider-Man, mais sa patte visuelle est déjà culte.
Stone impose son casting. Elle choisit Gene Hackman, qui a cartonné dans un autre western, Impitoyable de Clint Eastwood, 3ans plus tôt. Elle repère également deux jeunes promesses encore inconnues du grand public, Leonardo DiCaprio, qu’elle ira jusqu’à payer de sa poche (comme on l'expliquait en détails ici), et Russell Crowe, alors à ses débuts à Hollywood. Quant aux seconds rôles, c'est un défilé de visages familiers pour les cinéphiles : Lance Henriksen, Keith David ou encore Tobin Bell (le futur Jigsaw). Le film est ambitieux, le tournage spectaculaire, les décors somptueux, la musique épique, bref, tous les éléments sont réunis pour un succès. Sauf que...
Le film est un désastre au box-office. Les critiques américaines l'accueillent froidement, l'accusant de pasticher les codes du western, principalement italien, sans en capter l’âme. Pour les spectateurs, le western semble désormais un genre mort, et ils ne suivent pas. Mort ou Vif s'effondre, victime d’un mélange d’attentes floues et d’un genre alors jugé désuet. Le western, en 1995, ne fait définitivement plus recette. Sharon Stone en sort meurtrie, Raimi ne souhaite plus en parler, et le film disparaît plus ou moins des radars.
Mort ou Vif, un film culte... en France
Ironie du sort, si Mort ou Vif a raté sa cible aux États-Unis, il a peu à peu trouvé un public fidèle en France. Certes, sa sortie en salles n'y fut pas plus un triomphe qu'ailleurs, à peine plus de 630 000 spectateurs, un score très modeste, mais c’est dans les vidéoclubs, puis lors des rediffusions sur la TNT, que le film a conquis les cœurs. Son esthétique baroque, ses effets de mise en scène exubérants, sa galerie de personnages "bigger than life", tout cela a séduit les amateurs de cinéma de genre francophone, nourris depuis des années par un métissage culturel mettant sur un pied d'égalité permanent les aventures de Spider-Man, Son Goku ou Lucky Luke. Pour eux, cet étrange film de cow-boys aux capacités quasi surhumaines prend tout son sens.
À tel point que, 30 ans plus tard, la France est toujours le seul pays au monde à avoir eu droit à une édition collector en DVD et Blu-ray, avec bonus et packaging soigné. Aux États-Unis, même Sam Raimi refuse encore d'évoquer le film ou de participer à une quelconque réédition. Un désamour durable.
Et pourtant, ailleurs aussi, le vent tourne. Des réalisateurs phares d'aujourd’hui comme Edgar Wright (Hot Fuzz, Scott Pilgrim) ou même James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie) n'hésitent plus à revendiquer leur admiration pour Mort ou Vif. Wright le cite même comme l'un de ses films de chevet. Peut-être le flop initial s'explique-t-il justement par une vision trop en avance sur son temps.
Le film est un véritable précurseur : héroïne forte, montage stylisé, mise en scène vertigineuse, et un ton décalé à mi-chemin entre le western spaghetti et la BD. De fait, il est évident que Mort ou Vif est bien plus proche de certaines expériences visuelles des années 2020 comme Spider-Verse ou Arcane que le gentiment débile Juge Dredd, sorti deux mois plus tard cette même année 1995.
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