Lovecraft Country : quatre bonnes raisons de regarder la nouvelle série-événement HBO !
Débutée sur HBO le 16 août, la série Lovecraft Country risque fort d'être l'un des moments forts de l'année 2020. En tout cas, nous avons vu les quatre premiers épisodes, et nous sommes déjà conquis. On explique pourquoi il faut absolument la regarder.
1 / Un sublime hommage à Lovecraft et à la Pop Culture
Lovecraft Country raconte l'histoire d'Atticus, jeune vétéran afro-américain de retour de Corée, qui part à la recherche de son père, avec son oncle George et son amie d'enfance Leti, dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950. Mais durant leur voyage, ils découvriront le véritable visage de la monstruosité : celui du racisme américain et celui des monstres Lovecraftiens. Raconter autrement le racisme aux Etats-Unis n'est pas le seul objectif de Lovecraft Country.
La série HBO se révèle très rapidement comme étant une sorte d'anthologie de l'horreur et de la Pop Culture, chaque épisode rendant hommage à un genre particulier : récit de vampires, récit de maison hantée ou encore récit d'aventures à la Indiana Jones. Par ailleurs, à l'instar du Neonomicon et du Providence d'Alan Moore et Jacen Burrows, Lovecraft Country est un hommage autant qu'une autopsie de l'oeuvre du célèbre écrivain H.P. Lovecraft. Connu également pour ses idées profondément racistes, la série met au coeur de son histoire un groupe d'afro-américains. Longtemps ignorée par la Pop Culture américaine, la communauté afro-américaine devient le centre d'un récit à la croisée des genres.
2 / Une équipe créative inspirée
On attendait avec impatience Lovecraft Country. Il faut dire que non contente d'être produite et distribuée par la mythique chaîne HBO, qui est en soi un gage de qualité (Game of Thrones, The Wire, Les Soprano, Six Feet Under, Westworld, Watchmen, Chernobyl, True Detective), Lovecraft Country bénéficie également d'une équipe créative des plus inspirées. Adaptée d'un excellent roman de Matt Ruff, elle a été pensée par Misha Green, à qui l'on doit l'excellente série Underground, centrée sur l'esclavage.
A la production, on retrouve Jordan Peele, réalisateur de Get Out et Us, qui en deux films est devenu la nouvelle tête pensante du cinéma d'horreur pour intellos aux côtés de Robert Eggers (The VVitch, The Lighthouse) et Ari Aster (Hérédité, Midsommar), ainsi que le très prolifique J.J. Abrams (Lost, Fringe), déjà producteur sur une autre série HBO, Westworld de Jonathan Nolan & Lisa Joy, et qui montre encore une fois l'amour profond qu'il a pour la Pop Culture. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces trois têtes pensantes saisissent chacune l'occasion d'explorer leurs obsessions : l'histoire afro-américaine (Misha Green), les rapports entre communautés blanches et noires aux Etats-Unis (Jordan Peele), l'histoire de la Pop Culture (J.J. Abrams, Jordan Peele, Misha Green).
3 / Des acteurs très talentueux
L'autre grande force de Lovecraft Country, c'est bien évidemment son casting. Dans le rôle d'Atticus Freeman, Jonathan Majors est absolument brillant. L'acteur que l'on a découvert dans Hostiles de Scott Cooper aux côtés de Christian Bale, a vu son talent exploser dans The Last Black Man in San Francisco. Devenu une tête montante dans le cinéma américain (on l'a récemment vu dans Da 5 Bloods de Spike Lee, aux côtés de Chadwick Boseman), Jonathan Majors livre ici une interprétation pleine de finesse. Quant à Jurnee Smollett, qui interprète le rôle de Leti, elle ne se contente pas de faire de la figuration et livre une interprétation flamboyante. Efficace dans les scènes les plus légères autant que dans les plus tendues, elle crève l'écran. Révélée entre autres pour son rôle dans True Blood (HBO), elle avait déjà collaboré avec Jordan Peele dans le reboot de The Twilight Zone et avec Misha Green dans Underground. On l'avait récemment vue également dans le rôle de Black Canary, dans le très mauvais Birds of Prey du DCEU...
Les spectateurs auront par ailleurs le plaisir de retrouver le légendaire Michael K. Williams, grand habitué de la chaîne HBO, puisqu'il a été révélé pour son rôle d'Omar Little dans le chef d'oeuvre The Wire de David Simon, avant qu'on le retrouve quelques années plus tard dans Boardwalk Empire de Martin Scorsese et Terence Winter, et dans The Night Of de Richard Price. Le reste du casting est tout aussi somptueux, avec notamment Courtney B. Vance (American Crime Story), Aunjanue Ellis (The Book of Negroes) et Wunmi Mosaku (Les Animaux Fantastiques, Batman v. Superman).
4 / Une mise en scène inspirée
Dès son premier épisode, Lovecraft Country semble profiter de l'habituelle qualité de production des séries HBO. Les décors, les costumes, la photographie, les effets spéciaux sont très réussis, souvent sublimes. Mais ce qui nous frappe surtout c'est la mise en scène très inspirée de Lovecraft Country, et ce dès son premier épisode, et son final d'une vingtaine de minutes, tout en tension jusqu'à l'explosion de terreur. Dès la scène de course-poursuite au ralenti, qui évoque Duel de Steven Spielberg, on comprend l'intention de la série : rendre hommage à la culture Pop. Et cette volonté de sublimer sans jamais pasticher se retrouve dans tous les épisodes que nous avons vus à ce jour, jusqu'à ce baiser dans l'épisode 4, renversant les codes du cinéma d'aventures, tels qu'ils ont été institués avec L'Homme de Rio de De Broca et les Indiana Jones de Spielberg.
Par ailleurs, on a également beaucoup apprécié l'intelligence de Misha Green d'incorporer à certaines scènes des extraits de discours ou de chansons, mettant particulièrement en valeur la culture afro-américaine. On pense notamment au fabuleux discours de l'écrivain James Baldwin dans l'épisode 1 ou encore la célèbre chanson Whitey on the Moon de Gil-Scott-Heron dans l'épisode 2.
Bref, on vous conseille vivement de regarder Lovecraft Country. Une série d'horreur très politique, merveilleusement mise en scène, avec des acteurs talentueux, rendant un hommage plein d'érudition à Lovecraft, au genre fantastique et à la Pop Culture en général.
Les 3 et 4 sont vraiment géniaux !