Netflix, Amazon... : une "zone grise" permettrait aux films de débarquer plus tôt en SVOD
Alors que les plateformes sont de plus en plus nombreuses à proposer des longs-métrages mis en images par de grands noms du septième art - de Roma à Killers of the Flower Moon en passant par Napoléon, qui s'est attiré de vives critiques -, voilà une nouvelle qui pourrait bien leur redonner le sourire. En effet, ces dernières sont largement impactées par la singularité du système français...
L'Hexagone, plus ferme que ses voisins
A l'inverse des autres pays, la France dispose d'une chronologie des médias obligatoire. Pour les moins familiers du terme, sachez qu'il désigne la réglementation définissant à la fois l'ordre et les délais des multiples exploitations d'une œuvre, et ce, à compter de sa sortie en salles. Si les autres nations fonctionnent finalement au cas par cas en fonction des longs-métrages, tel n'est pas le système du pays des Lumières ! Ainsi, la chronologie des médias française résulte d'un constat sans appel : dans les années 60, on a assisté à une baisse de la fréquentation des salles, dont la nature n'a pas été trop complexe à identifier. C'est en effet l'arrivée du poste de télévision, largement acheté par les ménages, qui a provoqué ce bouleversement.
Pour parer au problème, des règles ont été créées afin d'encadrer les différents temps de diffusion, visant à sauver l'exploitation des projets au cinéma. Cependant, bien des acteurs très présents de nos jours n'existaient pas à cette époque... A titre d'exemple, jusqu'en 2022, la plateforme au logo rouge devait patienter pas moins de 36 mois avant de pouvoir intégrer un long-métrage français à son catalogue. Toutefois, en 2022, Netflix s'est engagée à verser quarante millions d'euros par an pour financer le cinéma français ! Un geste qui a, bien entendu, donné lieu à plusieurs modifications des délais jusqu'alors en vigueur. Retrouvez ces changements ci-dessous :
- DVD et Blu-ray : 4 mois
- Diffusion sur une chaîne de télévision payante (Canal+, OCS) : 6 mois
- Netflix : 15 mois
- Autres plateformes : 17 mois
- Chaînes gratuites : 22 mois
Une idée infiniment lucrative ?
Comme le révèlent nos confrères de BFM TV, Disney+ avait, il y a peu, fait connaître son mécontentement au sujet du film d'animation Avalonia: l'étrange voyage, qui a valu des ennuis à cette enseignante américaine. L'entreprise avait, finalement, renoncé à la sortie du projet dans les salles obscures françaises, leur préférant une entrée immédiate au sein de son catalogue. Si, comme évoqué plus haut, les plateformes cherchent de plus en plus à diffuser dans un premier temps leurs ambitieux longs-métrages au cinéma, elles ont peut-être enfin trouvé la clef pour y parvenir. Selon les informations de BFM TV, le salut des plateformes résiderait en peu de mots : director's cut.
Le terme, bien connu aux Etats-Unis, désigne une version différente du projet, qui bénéficie d'un autre visa d'exploitation et peut donc, techniquement, rejoindre immédiatement les plateformes, tandis que la version destinée aux salles obscures y sera simultanément diffusée. L'idée avait d'ailleurs été évoquée au sujet de Napoléon, réalisé par Ridley Scott et produit par Apple. Une source proche du secteur assure à Tech&Co que l'éventualité du director's cut représente une "zone grise"... Toutefois, pour que le CNC se prononce en faveur de cette idée, le professionnel ajoute qu'il faudrait bien entendu que les deux versions du film soient véritablement différentes ! Pas question de changer trois plans ou que l'œuvre "dure dix minutes de plus" pour contourner la chronologie des médias si chère à la France, donc. Toutefois, on gage que l'évocation de cette possibilité risque de faire grincer des dents aux exploitants de salles de cinéma : alors, une plateforme osera-t-elle déclarer pareilles hostilités ?