Donald Trump porte plainte contre ce film avec Sebastian Stan (Marvel)
Ce film sur l'ascension au pouvoir de Donald Trump, porté par Sebastian Stan (bien loin de son rôle de Soldat de l'Hiver), a bien failli ne jamais voir le jour. L'ancien président des États-Unis d'Amérique a tout fait pour que les coulisses de son arrivée en politique ne trouve pas le financement nécessaire à leur production... On vous explique comment The Apprentice a néanmoins vu le jour.
The Apprentice, ou la politique et le cinéma...
Projeté depuis ce mercredi 9 octobre dans les salles obscures françaises, The Apprentice a connu une gestation compliquée. Le film raconte l'ascension vers le pouvoir d'un Donald Trump encore jeune (Sebastian Stan, méconnaissable), grâce à un pacte avec le diable -ou plutôt, avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn. Vous ne serez pas étonné d'apprendre que le principal concerné, actuellement en pleine campagne présidentielle pour â¦les élections qui auront lieu aux États-Unis le mardi 5 novembre prochain, a tout fait pour que ce long-métrage ne voit jamais le jour. Lors d'une interview accordée à CBC, le producteur Daniel Bekerman est revenu sur les tentatives de censure "subtiles" dont a fait l'objet The Apprentice.
Si des entreprises, en l'occurrence le système de distribution des grandes sociétés, sont prêtes à laisser ce type de culture de la peur et de l'intimidation régir leurs choix, c'est un monde particulier dans lequel il faut vivre. Cela nous est arrivé. Et vous savez, nous sommes peut-être un peu un présage du futur à cet égard.
Que lui et le réalisateur Ali Abbasi aient insisté à de multiples reprises sur le fait que le film ne soit en aucun cas un "documentaire" ou de la propagande politique (ce qui, de facto, est impossible), mais plutôt une étude de caractère émotionnelle, n'aura pas empêché Donald Trump de faire pression. The Apprentice a d'abord perdu le soutien de la société de production Kinematics sous couvert de "divergences créatives", après réception d'une lettre de cessation et de désistement de la part de l'équipe juridique de l'ancien président des États-Unis. En effet, Dan Snyder, soutien de Kinematics et allié de Donald Trump, a retourné sa veste lorsqu'il s'est rendu compte que le projet, contrairement à ce qu'il pensait, n'était pas flatteur pour l'homme politique.
Assiégé de toutes parts, le film avait peu de chances de voir le jour... Mais c'était sans compter sur Tom Ortenberg, le fondateur du distributeur indépendant Briarcliff Entertainment, connu pour son engagement sur des projets très touchy tels Fahrenheit 9/11, The Dissident, Dogma. Il a déclaré à nos confrères du Hollywood Reporter que la quasi-totalité des studios et des distributeurs "fuyaient le film" par peur des répercussions possibles.
Ce sont des lâches. Beaucoup de gens dans l'industrie ont peur des répercussions si Trump gagne l'élection. Et pour moi, c'est déchirant. J'aime à penser que nous, en tant qu'industrie, valons mieux que cela, et on me rappelle sans cesse que ce n'est pas le cas.
Selon le producteur Daniel Bekerman, Tom Ortenberg est "le seul distributeur qui a eu le courage de s'attaquer à ce problème et de ne pas se laisser intimider par ces menaces". Une campagne de financement populaire a également été nécessaire pour récolter des fonds afin de produire The Apprentice. Contraint de chercher des options de subventions indépendantes en dehors du système hollywoodien traditionnel, il aura connu une gestation compliquée, qui augure le pire pour de futurs films politiques... Le mot de la fin revient à Sebastian Stan, qui déclarait à Discussing Film que "ce film a failli être interdit de sortie aux États-Unis, ce qui, à mes yeux, le rend encore plus indispensable à regarder".