​​Voir les mangas autrement en brisant les stéréotypes

Après avoir cassé les clichés qui dénigraient les comics, il est temps pour nous de redonner ses lettres de noblesse au manga. D’autant que la venue en France du grand (que dis-je, du géant !) Katsuhiro Otomo, l’auteur du chef d’oeuvre Akira, pour le Festival d’Angoulême, me semble être un prétexte suffisant pour rendre hommage à ce genre qui émerveille les geeks depuis toujours. 

Shōnen, Shōjo, Seinen : des stéréotypes à briser !

On le sait tous, les mangas sont divisés en trois catégories : les Shōnen (mangas pour garçons), les Shōjo (mangas pour filles) et les Seinen (mangas pour adultes). De cette division tripartite résulte un cliché aussi gros que le mont Fuji : à chaque genre, sa recette. À titre d’exemple, les Shōnen apparaissent aux yeux des détracteurs comme des mangas stupides où des héros ne font que se battre. Quant aux Shōjo, il ne s’agirait que de mièvres histoires de filles amoureuses de leur prof, ou du beau gosse du lycée. Bref, des avis infondés, basés sur une terrible erreur. Ces divisions ne visent qu’un lectorat précis. 

S’il est vrai que les héros des Shōnen possèdent (pour certains) des caractéristiques communes (pas très malin, plus fort après chaque combat, grand sens moral), il n’en demeure pas moins que chaque histoire s’éloigne de soit-disants carcans qui dicteraient leur déroulement. Dragon Ball d’Akira Toriyama, One Piece d’Eiichiro Oda, Naruto de Masashi Kishimoto, Bleach de Tibe Kubo, D. Gray Man de Katsura Hoshino, tous les mangas nous font découvrir des mondes originaux, avec des personnages hauts en couleur. Ceux qui ne voient dans ces séries qu’une longue succession de combats font une grave erreur : chaque mangaka a sa manière d’emmener le récit. Cliffhangers, monde aux possibilités infinies, personnages charismatiques, humour délirant : le manga offre tant de possibilités. Les sujets sont extrêmement variés : les cinq Shōnen que j’ai cités plus tôt parlent respectivement de combattants extraterrestres, de pirates, de ninjas, de dieux de la Mort, d’exorcistes. À chaque série son univers. 

Il arrive par ailleurs que les limites entre ces trois divisions ne soient pas évidentes. La violence de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama ne destine pas cet excellent manga aux jeunes adolescents. De même, priver les jeunes adolescents d’une lecture comme 20th Century Boys de Naoki Urasawa me semble une erreur malheureuse tant ce manga est exceptionnel et addictif. Idem pour Death Note de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata. 

Le Manga indépendant 

Nombreux sont les mangas qui durent, durent, durent. Publiés dans des magazines hebdomadaires comme le Weekly Shōnen Jump, ils sont lus par des dizaines de millions de lecteurs à travers le monde, qui ne se lassent pas (du moins la plupart du temps) de ces longueurs. Parmi elle One Piece (déjà 80 tomes au Japon, et ce n'est pas près de s’arrêter !), Naruto (qui vient de se clôturer après 72 tomes), Bleach (70 tomes pour l’instant !), Fairy Tail (53 volumes dernièrement) et Dragon Ball (et ses mythiques 42 tomes !). 

Mais il est existe des séries plus discrètes, et parfois bien plus importantes. Ces séries sont souvent considérées comme de vrais chefs d’oeuvre littéraires ! Parmi elle, Akira de Katsuhiro Otomo, qu’il a également porté à l’écran. Cette oeuvre de SF est considérée comme étant l’origine de l’attrait des Français pour les mangas. Citons aussi, à titre d’exemple, Nausicaa de la Vallée du Vent de Hayao Miyazaki. Sept tomes splendides offrant une autre version de l’histoire, plus sombre, que son chef d’oeuvre cinématographique. 

Vous pouvez également vous régalez de la lecture de Quartier Lointain de Jiro Taniguchi : une oeuvre inclassable, poétique et mélancolique ! Un chef d’oeuvre à lire et à relire autant de fois que nécessaire. Je profite de l’occasion pour vous conseiller très vivement Bestiarius de Kakizaki Masasumi, un manga de fantasy exceptionnel, en trois tomes parus en France chez Kaze, et qu’un lecteur de Hitek m’a très chaudement recommandé.

Les différentes possibilités qu’offrent le manga

Comme pour les comics, le manga peut explorer tous les genres possibles et imaginables. Fantasy (Berserk de Kentaru Miura, The Heroic Legend of Arslan de Hiromu Arakawa, Claymore de Norihiro Yagi), SF/Anticipation (Akira de Katsuhiro Otomo, Nausicaa de la Vallée du Vent de Hayao Miyazaki, Sword Art Online de Reki Kawahara), Policier (Death Note de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, 20th Century Boys de Naoki Urasawa, Neuro de YÅ«sei Matsui), Horreur/Thriller/Épouvante (Tokyo Ghoul de Sui Ishida, L’Attaque des Titans de Hajime Isayama, Ajin de Gamon Sakurai), etc etc etc. 

À noter que comme dans le Civil War de Mark Millar pour les comics, plusieurs mangas offrent une lecture métapoétique, réflexive sur le manga. Parmi eux, l’excellent Bakuman, de Ohba et Obata (les auteurs de Death Note). Ou encore, plus récemment, One-Punch Man de YÅ«suke Murata. En créant Saitama, ce héros capable de battre n’importe quel ennemi d’un coup de poing, Murata révolutionne le Shōnen ! Que faire quand notre héros n’a plus rien à prouver ? 

Un genre d’auteurs 

Le manga, à l’instar du comic-book, a ses grands auteurs ! Oui, oui : les mangas ont leur Alan Moore, Frank Miller, Jack Kirby, etc. Des grands noms qui mettent tout le monde d’accord ! Parmi eux, Hayao Miyazaki (Nausicaa de la Vallée du Vent), Jiro Taniguchi (Quartier Lointain, Le Journal de mon père, L’Homme qui marche), Katsuhiro Otomo (Akira), Naomi Urasawa (20th Century Boys, Pluto, Monster), Akira Toriyama (Dragon Ball, Dr. Slump, Jaco), Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist, Silver Spoon, The Heroic Legend of Arslan), Takeshi Obata/Tsugumi Ohba (Death Note, Bakuman, Platinum End), etc etc.