Interview : Antoine Lacroix, journaliste spécialisé en paléontologie, nous parle des dinosaures

21 juin 2018 à 12h51 dans Histoire

Enfant, je suis tombé littéralement amoureux des dinosaures. Étant né au début des années 90, je me suis pris de plein fouet la dinomania. Les dinosaures étaient partout : dans les films d’animation (j’ai grandi avec Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles de Don Bluth), les films à grand spectacle (j’ai regardé avec mes parents, terrifié et émerveillé, la VHS du premier Jurassic Park de Steven Spielberg), dans les livres illustrés et les jouets qu’on m’offrait. À défaut de pouvoir devenir un dinosaure (j’ai toujours trouvé le Tyrannosaure hyper classe), je me suis résigné, très jeune, et j’ai voulu devenir paléontologue. J’ai appris quelques noms de dinosaures, et je me moquais de ceux qui continuaient à les appeler « Dents tranchantes » ou « Longs coups », tels qu’ils sont appelés dans Le Petit Dinosaure. Puis, j’ai grandi. Et, petit à petit, ma passion pour les dinosaures, sans jamais véritablement s’éteindre, a laissé sa place à d’autres passions. 

Interview : Antoine Lacroix, journaliste spécialisé en paléontologie, nous parle des dinosaures

Mais me voilà rattrapé par mon passé. Alors que Jurassic World : Fallen Kingdom vient de sortir en salles, me revoilà plongé dans cet univers aussi familier qu’inconnu. Mais en voyant ce film au cinéma, je me suis rendu compte que mes connaissances sur les dinosaures étaient illusoires. Les connaissons-nous vraiment ? Armés de livre de vulgarisation scientifique, tels que Histoire des dinosaures de Ronan Allain et Les Dinosaures d’Eric Buffetaut, j’ai interviewé un grand spécialiste des dinosaures : Antoine Lacroix, rédacteur en chef adjoint du magazine spécialisé Dinosaures, Préhistoire & Fossiles, rédacteur de nombreux articles, dont un, particulièrement édifiant, dans lequel il compare le dinosaure hollywoodien à la réalité scientifique. Nous le remercions vivement d’avoir répondu à nos questions.  

Depuis quand es-tu passionné par la paléontologie et les dinosaures ? 

Comme tout le monde, j’imagine : depuis tout petit, depuis le plus jeune âge, et ça n’a fait que croître. Pendant l’adolescence, comme pas mal de monde je suis passé à autre chose, et puis ça m’est revenu, grâce à une opportunité que j’ai eue en tant que journaliste. 

Tu viens du journalisme musical, tu as créé ton propre média, www.exactmusic.fr - Comment passe-t-on de spécialiste de musique à spécialiste en paléontologie ? 

Je ne suis pas vraiment spécialiste de musique, mais c’est une de mes grandes passions. Je suis passionné, et c’est un petit peu le lien. Mon frère me dit souvent « les gens passionnés sont les plus passionnants ». Du coup, je m’intéresse à un tas de chose, dont la paléontologie, et je m’engage à fond dans tout ce que je fais.

Aujourd’hui, tu es rédacteur en chef adjoint du magazine Dinosaures, Préhistoire & Fossiles. Peux-tu nous parler de ce nouveau magazine, qui a déjà six numéros à son actif ? 

Ce n’est pas si nouveau que ça, en fait. C’est la nouvelle version d’un magazine beaucoup plus ancien, qui s’appelait Dinosaures & Fossiles. On a étendu le format, on est aujourd’hui sur du format A4. Ensuite, en rajoutant la préhistoire, on étend notre domaine d’études. On a une cible assez large. C’est vrai qu’on aime mettre en couverture des créatures avec de grandes dents, et on en ressent l’impact sur les ventes. Ces illustrations, très impressionnantes, très belles, elles visent un public qui est plutôt jeune. Mais lorsqu’on met le nez dans les articles, ils peuvent être assez pointus. Nous faisons donc de la vulgarisation scientifique. Personnellement, j’aime que mes articles et mes reportages puissent être lisibles par tous. 

Dinosaures, Préhistoire & Fossiles

Pourrais-tu, s’il te plaît, nous expliquer très simplement ce qu’est un « dinosaure » ? 

Très simplement ? Non. On peut quand même faire des résumés… Un dinosaure a certaines particularités physiologiques que n’ont pas d’autres animaux. On peut dire qu’ils sont à la croisée des chemins entre les reptiles et les oiseaux. Même si les oiseaux sont rentrés, récemment, dans le clade des dinosaures, suite à de nombreuses études et controverses au sein de la communauté scientifique. Cependant, il faut bien prendre en compte que les dinosaures n’étaient pas tous des oiseaux. Chez les dinosaures, il y a différents clades, dont celui des théropodes, certains d’entre eux deviendront les oiseaux

En lisant votre article sur les dinosaures, « Du mythe hollywoodien à la réalité », dans lequel vous comparez les films de la saga Jurassic Park à la réalité scientifique (nous y reviendrons), je crois m’être fait une meilleure idée de comment les paléontologues parvenaient à décrire les habitudes des dinosaures. Par exemple, l’étude de la dentition très élaborée des Tricératops leur a permis de conclure avec certitude que, contrairement à certains gros mammifères, ils n’avalaient pas de gastrolithes pour faciliter leur digestion, puisqu’ils auraient été superflus. Toi, qui as travaillé avec des paléontologues, et qui as fait des reportages sur le terrain, peux-tu nous décrire le travail des paléontologues ? 

Les paléontologues ne travaillent pas uniquement sur le terrain. 90 % de leur travail se fait dans des laboratoires, dans des cabinets d’étude, à retourner les os dans tous les sens, afin d’en comprendre le fonctionnement et la position d’un système qui peut parfois s’avérer très complexe. Le paléontologue doit faire aussi un travail d’identification, lorsqu’on trouve un fossile. Il arrive parfois que le travail du paléontologue soit compliqué, notamment quand on découvre un os qui n’avait jamais été découvert. Dans ce cas, on ne peut pas le comparer à une espèce particulière. Je tiens néanmoins à préciser que le travail du paléontologue ne concerne pas uniquement les dinosaures. La paléontologie, c’est l’étude des fossiles. Ce ne sont pas forcément des restes d’animaux, on peut aussi trouver des restes de plein d’autres choses, comme des plantes (on rentre là dans la paléonbotanie). 

Le paléontologue est-il un scientifique ou un historien ?  

Le paléontologue est un scientifique, et plus spécifiquement entre un biologiste et un géologue. Il n’est pas un historien, puisque qui dit historien dit Histoire. Et la paléontologie ne traite pas d’Histoire, ni même de Préhistoire, mais de temps géologiques beaucoup plus anciens.

triceratops

Selon toi, quelles sont les grandes idées reçues que l’on a sur les dinosaures, et qu’il faut absolument défaire ? 

Celles créées par Hollywood. Hollywood tient toujours à faire du spectaculaire. Par exemple, la fin des dinosaures. Aujourd’hui, il y a un consensus dans la communauté scientifique : il y a véritablement des traces de la météorite qui s’est écrasée au Nouveau-Mexique ; ça, c’est indéniable, c’est arrivé ! Mais elle n’est pas seule responsable de la fin de l’ère des dinosaures. Nous savons qu’à la fin du Crétacé, l’écosystème était affaibli, notamment par la présence d’un volcan en Inde qui était en éruption depuis très longtemps. Ce volcan a perturbé tout le système écologique. Personnellement (et j’insiste sur le fait qu’il s’agit là de mon avis personnel), je pense que ce qui a mis fin à l’ère des dinosaures c’est leur capacité évolutive. Une espèce et un écosystème vivent en symbiose. L’écosystème évolue constamment, pour diverses raisons. Les espèces qui vivent dans cet écosystème, et ce, qu’importe leur position sur la planète, doivent évoluer avec leur écosystème, et aussi rapidement, si possible. Si elles n’y parviennent pas, elles vont s’éteindre. Malgré ce que l’on pense, les dinosaures avaient beaucoup de « points faibles ». Leur taille, pour commencer, pouvait poser problème. Un tyrannosaure, par exemple, ne pouvait pas couver ses œufs. On se doute bien que quand on fait six à huit tonnes, on ne s’assoie pas sur un œuf. Alors qu’un petit théropode de deux kilos, couvert de plumes, peut isoler ses œufs du refroidissement climatique. Nous savons que le climat a été refroidi. Les plus petits dinosaures ont donc pu protéger leur progéniture et évoluer. On peut aussi citer l’exemple des dents. Les dents très impressionnantes d’un Tyrannosaure se sont transformées du jour au lendemain en handicap. Quand on a des poignards plein la bouche, il est facile de croquer des gros dinosaures, d’arracher de la viande et de l’avaler, mais quand ces dinosaures-là n’existent plus, au bout d’un moment, ces dents autrefois efficaces deviennent inutiles. Alors que les petits théropodes ont pu se nourrir d’insectes, qui proliféraient dans les cadavres de gros dinosaures. Et quand on se nourrit d’insectes, on peut très facilement évoluer, et se nourrir de graines.

As-tu aimé la saga Jurassic Park ? Et as-tu vu le dernier opus, Jurassic World : Fallen Kingdom 

J’ai autant adoré que détesté cette saga. Adoré quand j’étais petit, j’étais vraiment impressionné, j’ai trouvé ça merveilleux, et j’ai encore beaucoup d’affection pour l’opus de 1993. Et puis quelques fois, quand je vois les autres, quand je vois certaines choses que les différents cinéastes se sont permises en adaptant ces créatures, d’un point de vue scientifique, c’est très irritant. Quand on prête attention à ce qui a été fait sur certains dinosaures, c’est frustrant. J’ai vu Jurassic World : Fallen Kingdom. J’ai beaucoup aimé la première partie, qui se passe sur l’île, que j’ai trouvée très émouvante, parce qu’on tourne la page du Jurassic Park de Spielberg sorti en 1993. Il y a d’ailleurs cette fameuse scène avec le brachiosaure en train de mourir au milieu de l’éruption volcanique, qui rappelle Jurassic Park, puisque le premier dinosaure que voient les héros c’est un brachiosaure. J’ai trouvé ça très symbolique, très beau, très triste. Ensuite, la seconde partie du film ressemble bien plus à un film à suspense. C’était sympathique. Un bon film à suspense, mais sans intérêt paléontologique.

Jurassic World : Fallen Kingdom

Dans ton article « Du mythe hollywoodien à la réalité », au vu des nombreuses erreurs scientifiques de la saga Jurassic Park, tu critiques à plusieurs reprises le travail de consultant du paléontologue américain Jack Horner. Pourtant, dans l’article, on se rend compte que c’est depuis Jurassic Park que l’on a une représentation physique proche de la réalité scientifique du Tyrannosaure, que l’immense stégosaure malade du livre (remplacé par un Tricératops  dans le film de Spielberg) consommaient vraiment des gastrolithes. Peut-on dire qu’en 1993, Jurassic Park était à la pointe de la recherche scientifique de l’époque ?  

Parfaitement, oui. Il a bien aidé à véhiculer une image moderne des dinosaures, en passant par la position réaliste du Tyrannosaure. Auparavant, le Tyrannosaure était représenté en « mode kangourou », c’est à dire complètement à la verticale, avec la queue qui traînait par-terre. Ce qui est complètement ridicule. Après, Michael Crichton, l’auteur de Jurassic Park, s’est permis des libertés rédactionnelles qu’aujourd’hui on ne comprend pas. Ces libertés-là ont par ailleurs été adoptées par Jack Horner sans que je puisse me l’expliquer. Quand je pense au Dilophosaure, qui est un animal qui faisait bien deux mètres de hauteur, il a été réduit à cinquante centimètres, on lui a mis une collerette et on lui a fait cracher du venin, alors qu’on sait qu’il n’avait pas de collerette et que le venin est vraiment très spéculatif… Ce qui m’embête personnellement, c’est que le panel de créatures qui existaient pendant le Mésozoïque (donc l’ère des dinosaures) est suffisamment large pour trouver assez d’animaux intéressants sans avoir à les créer. C’est vrai qu’on connaissait moins de dinosaures qu’aujourd’hui (l’ouverture de la Chine a permis de découvrir un bon nombre de nouveaux taxons). Mais on en connaissait suffisamment déjà à l’époque. De même, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé Crichton a faire du Dilophosaure un petit dinosaure alors qu’il a fait du Vélociraptor un grand dinosaure, alors que les fossiles mesurent moins d’un mètre en hauteur. Je trouve que c’est paradoxal. 

Dilophosaure

Tyrannosaures, Vélociraptors (ou devrais-je dire utahraptors, ou encore Deinonychus), Dilophosaures, Spinosaures, ou encore Mosasaures, la saga Jurassic Park contient un paquet de prédateurs. Vers la fin de ton article, tu les qualifies de « monstres ». Ces films sont-ils des films de dinosaures ou des films de monstres ? Après tout, les dinosaures sont bien souvent présents dans les films de monstres : King Kong ou Godzilla

Pour moi, un monstre est une créature qui est inconnue et qui fait peur. La saga Jurassic Park nécessitait que le public soit effrayé. Quitte à inventer des dinosaures, comme l’Indominus Rex dans Jurassic World et l’Indoraptor dans Jurassic World : Fallen Kingdom. Ces dinosaures n’ont jamais existé. C’est du marketing. Ces films vendent plus une certaine image des dinosaures qu’une vérité scientifique. 

Selon toi, quel est le prédateur le plus dangereux qui ait jamais existé ? 

Je te prends au mot. Un prédateur par définition est une entité qui doit, pour survivre, se nourrir d’une ou plusieurs autres entités. Donc techniquement, le plus grand prédateur qui ait jamais existé serait le plus grand animal qui ait jamais existé, c’est à dire la baleine bleue, qui se nourrit de phytoplanctons, de petites créatures aquatiques. Et vu le nombre incroyable de phytoplanctons que les baleines bleues mangent, elles sont, par définition, les plus grands prédateurs qui aient jamais existé. Pour ce qui est des dinosaures, ce doit être le giganotosaurus, qui était un grand théropode d’Egypte. C’était une bestiole plus grande encore que le Tyrannosaurus Rex. Beaucoup de scientifiques citent également le Spinosaurus, mais qui était finalement un animal semi-aquatique, dont le régime alimentaire était presque essentiellement composé de poissons. 

giganotosaurus

Giganotosaurus

Du Monde Perdu d’Arthur Conan Doyle à Jurassic World, en passant par Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles de Don Bluth, Le Monde d’Arlo du studio Pixar ou encore le jeu-vidéo Ark, les dinosaures sont partout, dans les films, dans les séries, les livres, les jeux-vidéos. Comment expliques-tu le fait qu’ils passionnent toujours autant ? 

C’est gros, c’est grand, c’est passionnant. On est émerveillé par tout type de créature fantastique, qui atteint des dimensions surréalistes. C’est encore plus le cas avec les dinosaures, parce qu’on sait qu’ils ont existé. Contrairement aux animaux contemporains, ils sont plus merveilleux, puisqu’on est obligé de se les imaginer, puisqu’on n’a ni photographie ni film. On est toujours obligé de faire appel à notre imagination, et c’est aussi ça qui est merveilleux. Après, il y a aussi le fait qu’à un certain âge, tous les gamins se passionnent pour les dinosaures. De nombreuses personnes me disent qu’ils voulaient être paléontologues, quand elles étaient plus jeunes. Les enfants s’autorisent cette passion : ce n’est pas une perte de temps, ce n’est pas une gaminerie, puisque les dinosaures sont des sujets scientifiques. Ce n’est pas comme jouer aux G.I. Joe. Les dinosaures sont ancrés dans le réel. Ils ne perdent pas leur temps en apprenant leurs tailles, leurs dimensions, leurs noms. 

Tu m’as confié t’être lancé dans l’écriture de ton premier roman, qui parlera de paléontologie. Peux-tu nous en parler ? 

Avec grand plaisir ! J’ai moi-même beaucoup de problèmes depuis ma tendre enfance, étant dyslexique. Je faisais beaucoup de fautes dans la rédaction. Un jour, un ami m’a expliqué que faire des fautes était une gêne, mais pas un handicap. J’ai donc pris le temps de travailler sur moi, et j’ai commencé à écrire une petite histoire pour apprendre à écrire, justement. Deux ans plus tard, c’était un roman complet. J’ai commencé ce roman en même temps que la rédaction de l’article dont tu parlais tout à l’heure, sur la comparaison entre le dinosaure hollywoodien et la réalité scientifique. J’ai pris le parti de rendre mes dinosaures les plus vraisemblables possibles, dans leur description. Je suis resté, tant que faire se peut, aussi proche que possible de la vérité scientifique contemporaine. Je tiens à signaler que cette vérité scientifique peut toujours évoluer, au fur et à mesure des découvertes faites par la communauté scientifique. Il y a un exemple très flagrant : la majorité des théropodes portait des plumes. Cette idée s’est un peu trop installée dans la communauté scientifique, si bien qu’on est allé jusqu’à s’imaginer Tyrannosaurus avec des plumes. J’en rigolais récemment avec Jean Le Loeuff, qui est un grand paléontologue du Sud de la France, qui me parlait de cette grande tendance d’emplumage excessif. Phil R. Bell, un paléontologue, fait une étude sur la peau des Tyrannosauridae, c’est à dire sur tout le clade des Tyrannosaures (Tyrannosaures c’est une espèce endémique, qu’on retrouve à un endroit spécifique, tandis que les Tyrannosauridae c’est un clade qu’on retrouve dans le monde entier). En étudiant toutes les empreintes de peau de divers Tyrannosauridae, il n’a pas trouvé de traces de plumes. Par déduction, il en est arrivé à la conclusion que Tyrannosaurus n’avait pas de plumes. On sait aussi aujourd’hui que ces animaux de grande taille avaient une peau souvent glabre pour pouvoir évacuer leur chaleur ; la présence de plumes les auraient gênés dans ce processus. J’ai dû donc réécrire mon roman, parce que la première version comportait un Tyrannosaurus emplumé… Je l’ai donc « déplumé ». Mon roman est un roman de science-fiction, qui se passe une trentaine d’années dans le futur. Je suis sur le point de signer avec un éditeur qui a accepté mon manuscrit. Et son titre est Mésodôme. La couverture devrait être réalisé par un artiste spécialisé dans l’illustration paléontologique. 

mesodome

Quels sont les ouvrages de vulgarisation scientifique sur les dinosaures dont tu conseillerais la lecture à la communauté Hitek ?  

Il y en a beaucoup. Je recommanderais surtout les ouvrages écrits par des scientifiques, des personnes dont le métier est, comme moi, d’étudier les dinosaures. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié T-Rex, superstar de Jean Le Loeuff. Même si nous ne sommes pas toujours d’accord les uns avec les autres, dès que vous tombez sur un livre de Jean Le Loeuff, Ronan Allain (NDLR : auteur du très bon Histoire des dinosaures) ou Eric Bruffetaut (NDLR : auteur de Dinosaures, aux éditions PUF), c’est de la bonne lecture, donc foncez et n’oubliez pas Mésodôme qui sortira en fin d’année !

Salut, c'est Gaëtan. Diplômé d'un Master en Langues Modernes, je suis un grand passionné de Culture Pop. J'ai une affection toute particulière pour la culture des années 80/90. Grand lecteur, je suis aussi cinéphage et sérivore (un régime alimentaire des plus équilibrés !). Passionné par le Moyen-Âge, je suis un grand fan de Fantasy. Sinon, j'adore le cinéma coréen, la littérature japonaise, les séries et les comics britanniques. Ah, j'oubliais : pour savoir s'il y a du vent, faut mettre son doigt dans le cul du coq.

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Commentaires (9)
Passionnant !
photo de profil de jeanLucasec Par jeanLucasec, il y a 6 ans Répondre
Je me permets de reposter un segment d'un de mes commentaires sur un article précédent (il y a 2 jours) sur le même sujet que j'ai posté aujourd'hui et dont j'ai peur que personne ne le lise vu l'âge avancé de l'article (oui 2 jours c'est vieux, haha).
Cela concerne surtout la dernière partie de l'interview, très intéressante au passage :

"La question est loin d'être aussi simple qu'elle en a l'air, et même les "preuves" amenées par des impressions de peau de certains theropodes ne peuvent pas fournir la certitude de l'absence totale de plumes.
(d'ailleurs votre dernière phrase est erronée aussi par le fait que les théropodes avaient pour certains des surfaces de peau nue sans écailles ni plumes comme certains oiseaux modernes (ratites) donc les représentations de JP sont de toutes façons erronées)

Les impressions de peau du spécimen "Wyrex" sont un excellent exemple qui montre que des impressions tégumentaires fossiles de dinosaures ne permettent pas d'être certain de leur apparence.
Les morceaux sporadiques de peau retrouvés de "Wyrex" les plus grand ne faisaient qu'environ 30cm^2, la majorité uniquement quelques centimètres carrés. Pour un animal d'environ 12 mètres de long, c'est assez infime comme portion de surface du corps.

En aucun cas on ne peut généraliser la texture de ces impressions à toute la surface du corps de l'animal, quelle que soit sa nature.

Secundo, les traces d'écailles ne veulent pas dire que l'animal possédait des écailles sur tout le corps, seulement qu'il possédait bien des écailles à certains endroits de son corps.

Point extrêmement important, les "écailles" en question sont en réalité des plumes, oui des plumes, dérivées qui ont pris cette forme. Voyez-vous, les "écailles" que possèdent beaucoup d'oiseaux (notamment au niveau des pattes) sont des plumes qui ont dérivé évolutivement pour avoir une nouvelle fonction au niveau tégumentaire.

On sait désormais que la plume est un caractère ancestral chez tous les théropodes (peut être même chez tous les dinosaures mais cela nécessite encore des données du registre fossile).
Chez les théropodes, et donc les oiseaux, le système tégumentaire est composé de cette façon; peau nue (regardez les cuisses d'une autruche par exemple), plumes filamenteuses et plumes écailleuses se côtoyant (https://53744bf91d44b81762e0-fbbc959d4e21c00b07dbe9c75f9c0b63.ssl.cf3.rackcdn.com/…;) <--- serre d'Effraie des clochers pour l'exemple.
Ce qui amène un nouveau problème, peut être que les impressions de plumes écailleuses portaient des plumes filamenteuses entre les "écailles" mais que le processus de fossilisation ne les a pas sauvegardé pour que l'on puisse les voir.

Les plumes, caractère propre aux dinosaures, contrairement aux écailles des reptiles, ont la particularité d'être très souples lors de l’ontogenèse de l'animal. C'est à dire qu'une même zone d'un oiseau/dinosaure peut changer d'agencement tégumentaire. Chez les "reptiles" ce n'est pas le cas, une écaille reste une écaille tout au long de la vie de l'animal et c'est un système tégumentaire très solide et peu modulable, ce qui est une des raisons pour lesquelles les squamates (lézards, amphisbènes et serpents) doivent muer pour grandir.

Chez les théropodes, une zone peut être couverte de plumes à l'état de juvénile et devenir nue à l'âge adulte ou inversement. C'est ce qui se produit lors de la croissance d'un grand nombre de passereaux qui, à la naissance, sont complètement nus et finissent emplumés une fois adultes. Chez ces mêmes passereaux, les adultes perdent une portion de leurs plumes au niveau du ventre lors de la couvaison pour faciliter la transmission de chaleur aux œufs (plaque incubatrice ou brood patch en anglais). Cette zone devient alors entièrement nue pendant quelques jours/semaines puis se recouvre à nouveau de plumes.

On peut dès lors imaginer le même genre de phénomène chez les théropodes fossiles (peut être que les bébés de grands théropodes portaient des plumes et les perdaient partiellement ou totalement en grandissant, c'est d’ailleurs ce qu'indique l'étude de Bell et al. qui n'excluent en aucun cas la présence du moins partielle de plumes filamenteuses sur la forme adulte de Tyrannosauridae)."
photo de profil de Jamjam Par Jamjam, il y a 6 ans Répondre
On dit que l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence, mais ce n'est pas non plus la preuve qu'il y avait quelque chose.
De nombreux fossiles de petits théropodes emplumés ont été découverts, de fait oui on sait qu'ils en avaient mais ça ne signifie pas nécessairement que les gros qui plus est de clade différents en possédaient également.

De nos jours , le chat sphinx ne possède pas de poisl alors même qu'il s'agit de la même espèce qu'un chat poilu.

Autant nous avons la preuve qu'un tyranosauridae possèdait des écailles autant aucune ne montre qu'il avait des plumes.

Extrapoler en partant de la filiation avec les oiseaux me semble on ne peut plus incertain comparé à une extrapolation à partir de fossiles même très fragmentaires.

photo de profil de Arthropode Par Arthropode, il y a 6 ans (en réponse à Jamjam) Répondre
L'exemple du Sphynx est un mauvais exemple car le Sphynx, non content de posséder bel et bien des poils microscopiques sur la quasi-entièreté de la surface de son corps, produit également des poils qui se fragilisent extrêmement vite et se détruisent avant d'être visibles sur sa peau.
Ses follicules pileux sont toujours présents ainsi que tout ce que cela entraîne (glandes sébacées, etc). Il possède même toujours le gène responsable de la kératinisation du follicule pileux mais c'est ce gène qui a été altéré par la sélection artificielle.

En réalité, tu n'aurais pas pu trouver d'exemple concret et solide pour la simple raison que le poil, au même titre que la plume chez les oiseaux, est un caractère propre aux mammifères qui est présent par défaut chez tous les mammifères.

Même les cétacés ont des poils. Les mysticètes possèdent des poils fonctionnels le long de la bouche, clairement visibles chez les Baleines franches ou les énormes follicules pileux des Baleines à bosse.

Les odontocètes possèdent des follicules pileux et leurs poils sont visibles durant l’embryogenèse, par exemple chez les jeunes dauphins qui perdent progressivement leurs poils comme je l'ai expliqué pour certaines plumes chez les oiseaux et pourquoi pas chez les théropodes géants.

Comme pour le poil, la plume est un trait ancestral, l'état "par défaut" des dinosaures théropodes coelurosauriens...et probablement de tous les théropodes et même, de tous les dinosaures voire de tous les ornithodires c'est à dire les ptérosaures (dont on sait qu'ils possédaient des structures filamenteuses sur le corps)+ dinosaures ce qui voudrait dire que les structures filamenteuses des ptérosaures (appelées pycnofibres) sont homologues aux structures tégumentaires des dinosaures.
D'après mes connaissances, des études génétiques ont démontré que les écailles des crocodiliens sont homologues aux plumes des oiseaux ce qui va dans le sens de ce que j'ai dit précédemment.

Cela signifierai que les plumes sont dérivées de structures tégumentaires ancestrales à tous les archosaures ("crocodiles" + dinosaures + ptérosaures) et qu'il est donc tout à fait cohérent d'un point de vue cladistique d'émettre l'hypothèse que tous les dinosaures avaient la faculté physiologique de posséder des structures filamenteuses qui seraient des proto-plumes ou des plumes (dépend de la définition qu'on donne au mot "plume" car comme je l'ai dit, les "écailles" des oiseaux sont des plumes.)

En sachant tout cela, je ne vois pas une seule raison de penser que les théropodes coelurosauriens géants comme les Tyrannosauridae ne possédaient aucune plume filamenteuse à aucun stade de développement que ce soit. C'est même bien plus improbable comme hypothèse.

De toute façon, le registre fossile en matière d'impression tégumentaire fossilisée est bien trop faible pour l'instant pour en savoir plus.
photo de profil de Jamjam Par Jamjam, il y a 6 ans (en réponse à Arthropode) Répondre
Article vraiment intéressant et très enrichissant !
photo de profil de Akhenath Par Akhenath, il y a 6 ans Répondre
« Long coups » ou « long cou »...?
photo de profil de Flomouth Par Flomouth, il y a 6 ans Répondre
J’ai adorer lire cette article très passionnant
photo de profil de Momo Par Momo, il y a 6 ans Répondre
Le giganotosaurus vivaient en Amérique du Sud
Le carcharodontosaurus vivait en Afrique du Nord

Il y a dus avoir une erreur quelque part
photo de profil de Hunter g Par Hunter g, il y a 6 ans Répondre
Je ne connaissais pas hitek.fr, bravo c'est très bien, très savant. Les commentaires sont de valeur. Il est normal qu'il y ai des désaccords mais ça ne justifie pas certains dislikes
photo de profil de Petitbobo Par Petitbobo, il y a 3 ans Répondre
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