Netflix : en se lançant dans l'animé, la plateforme fait grincer des dents

L'intérêt grandissant de Netflix pour l'animation japonaise a de lourdes conséquences sur ce marché. On en parle ensemble. 

Netflix fait des dégâts 

Depuis plusieurs années déjà, Netflix fait la démonstration d'un intérêt vorace pour l'animation japonaise. Alors que le milieu était défendu jalousement par des plateformes séculaires, telles que Crunchyroll, Wakanim et ADN, l'arrivée de Netflix a profondément bousculé les règles de distribution. 

L'intérêt de Netflix pour l'animation japonaise ne date pas d'hier. Cependant ces trois dernières années, son intérêt semble s'être accru. L'entreprise a acquis les droits de films d'animation japonaise, tels que le film Ni no Kuni ou encore Héros Modestes, le premier long-métrage du studio Ponoc, fondé par d'anciens membres du studio Ghibli. D'ailleurs, l'acquisition par Netflix des droits de distribution de l'intégralité des films du studio fondé par les légendaires Hayao Miyazaki et Isao Takahata avait fait grand bruit. 

Dans une enquête édifiante, nos confrères du Figaro ont récemment mis en lumière les bouleversements énormes qu'a causé l'arrivée de Netflix sur le marché des animés. Le premier d'entre eux, c'est bien évidemment un rapport de forces nécessairement déséquilibré entre les plateformes déjà présentes sur le marché et ce nouveau mastodonte prêt à écraser tout sur son passage.

À nos confrères du Figaro, John Easum, directeur de Crunchyroll sur le territoire Européen et au Moyen-Orient, concède que "la compétition s'est durcie ces derniers mois". 

Quelques acteurs du marché comme Netflix et Amazon ont ouvert les yeux sur le potentiel de l'animation japonaise. Ils étaient déjà présents avant, mais la concurrence est encore plus forte aujourd'hui. 

Pour se faire une idée de l'importance de ce déséquilibre dans la balance commerciale, quelques chiffres : actuellement, on compte à peu près 216 millions d'abonnés à Netflix dans le monde ; Crunchyroll en a 5 millions à travers le monde. Les conséquences de ce bras de fer se sont tout de suite fait ressentir, puisque Netflix a obtenu, au nez et à la barbe de Curnchyroll, les droits de diffusion de la nouvelle saison de Jojo's Bizarre Adventure, comptant parmi les séries d'animation japonaise les plus qualitatives et les plus appréciées des fans. Ce faisant, Netflix fait grimper le prix des séries d'animation japonaises, puisque l'entreprise est capable de signer des chèques avec un plus gros montant. On est donc très loin des tarifs de l'animation japonaise à la création du Club Dorothée... 

Par ailleurs, si l'hégémonie de Netflix a pu effectivement ouvrir les yeux de certains sur le potentiel de l'animation japonaise, ceci est à double-tranchant. Si l'accroissement d'abonnés sur Netflix a été corrélé à une agmentation du nombre d'abonnés sur Crunchyroll (leur nombre d'abonnés a doublé pendant la crise sanitaire, à l'instar de Netflix), c'est à double-tranchant.

En effet, compte tenu du nombre toujours grandissant de séries et de films d'animation japonaise que Netflix parvient à avoir en exclusivité, au milieu d'un océan de contenus divers et populaires (The Witcher, Stranger Things, The Irishman, La Casa De Papel, etc), il est possible qu'à terme, certains consommateurs préfèrent leur abonnement à Netflix qu'à celui de Crunchyroll, quitte à attendre quelques mois supplémentaires avant de découvrir la suite d'animés, tels que L'Attaque des Titans, directement sur Netflix, ou via le téléchargement illégal. 

On comprend dès lors les raisons pour lesquelles Crunchyroll s'est fait racheter par une branche de Sony. Une manière d'annoncer sa revanche ?