7 fois où des acteurs comiques nous ont fait pleurer

Certaines des meilleures performances dramatiques de l'histoire du cinéma et de la télévision proviennent d'acteurs qui ont su oser et briser l’image de comique et humoriste pour laquelle ils étaient connus. En effet, quoi de plus touchant pour le spectateur que de voir le clown s'asseoir un instant et nous laisser entrevoir la larme qui se cachait derrière le sourire de façade.

#6 Coluche : Tchao Pantin (1983)

On est un peu obligé de commencer par lui. Avec le film Tchao Pantin, l’humoriste préféré des Français dans les années 1980 prenait tout le monde à contre-pied. Après des films sympathiques mais surtout toujours comiques comme Banzaï ou L’Aile ou la Cuisse dans lequel il donnait carrément la réplique au légendaire Louis de Funès, Coluche signe pour un film dramatique.

Avec son rôle de pompiste dépressif qui tente d’aider un jeune délinquant, Coluche crève le cœur de tous les spectateurs qui découvrent le film. Claude Berri, le réalisateur du film, insiste même pour que le film, tourné en juin 1983, sorte dès le mois de décembre de la même année afin de pouvoir être sûr de concourir aux Césars de mars 1984. Comme beaucoup, il avait pressenti que la prestation de Coluche ne laisserait pas l’académie indifférente. Et en effet, Coluche sera récompensé d’un César du meilleur acteur pour le film.

La prestation et le choc culturel que représente la prestation de Coluche ont carrément donné naissance à l’expression "faire son Tchao Pantin". Elle s'applique à tout film dans lequel un acteur ou une actrice ayant jusque-là uniquement brillé dans la comédie s'essaie soudain à un rôle tragique. À noter cela dit que ça ne marche pas vraiment à tous les coups non plus.

#5 Robin Williams : Will Hunting (1997)

On le sait aujourd’hui, Robin Williams était un homme certes très drôle mais aussi profondément triste et désabusé. Difficile d’établir avec certitude les origines de son mal-être sans tomber dans la psychologie de comptoir. Toutefois, la perte de son ami John Belushi, mort d’une overdose, semble l’avoir très tôt profondément marqué. D’autre part, sa femme Susan Schneider a par la suite expliqué que Robin Williams était en réalité atteint d'une forme sévère de la démence à corps de Lewy, maladie neurodégénérative, dérivée des maladies de Parkinson et d'Alzheimer, causant entre autres d'importants troubles cognitifs. Quelles qu’en soient les causes, il était évident que l’acteur avait de nombreuses failles cachées derrière son sourire, et rarement elles n’ont été plus visibles que dans Will Hunting.

Avant tout, il faut préciser que bien avant Will Hunting, le talent dramatique de Williams était déjà relativement flagrant. On pense évidemment à sa prestation dans Le Cercle des poètes disparus, mais aussi à certains passages de Hook dans lesquels Williams fend parfois l’armure de manière particulièrement touchante. Cependant, il faut reconnaître que même s’il n’est que le second rôle dans Will Hunting, Robin Williams vole la vedette à Matt Damon chaque fois qu’il apparaît à l’écran. Il obtient d’ailleurs l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film, six ans après sa nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans l’excellent et également très touchant Fisher King : Le roi pêcheur de Terry Gilliam.

#4 Adam Sandler : Uncut Gems (2019)

Adam Sandler a une carrière qui peut parfois laisser perplexe. L’humoriste a su briller dans des comédies ayant remporté de jolis succès à l'international (Big Daddy), ou dans des drames aussi touchants que cultes comme Punch-Drunk Love ou Funny People, mais il est aussi au centre d'horribles nanars quasi irregardables. À ce titre, son film Jack & Julie est souvent visible dans la liste des pires films de l’histoire du cinéma. Après s'être apparemment entièrement voué au côté obscur de la comédie bas de gamme les années qui ont suivi Jack & Julie, Sandler nous a soudainement rappelé qu’il savait également nous faire verser une larme avec Uncut Gems.

Aux États-Unis, le film est tout simplement culte et c’est en grande partie grâce à la prestation de l’humoriste. L'acteur a reçu énormément d'éloges de la critique pour son rôle dans Uncut Gems, au point que beaucoup de fans considèrent son omission aux Oscars cette année-là comme l'un des plus grands oublis de tous les temps. Pour l’anecdote, il aura tout de même reçu l'Independent Spirit Award du meilleur acteur dans un premier rôle. Toutefois, chassez le naturel, il revient au galop. Depuis, Sandler a enchaîné avec au moins deux de ses pires films : Hubie Halloween en 2020 et Murder Mystery 2 (avec Dany Boon) en 2023.

Will Smith : Sept Vies (2008)

Will Smith dans les années 1990, c'était la coolitude incarnée. C’était le Prince de Bel-Air ou le gars qui balance des punchlines en mettant des droites aux extraterrestres. Puis, en 2008, le bad boy de Miami enfile une cravate et survit à la rue avec son petit garçon dans À la recherche du bonheur. Soyons clairs, nous sommes évidemment devant une prestation volontairement larmoyante, cherchant à offrir le meilleur mélodrame possible, mais il faut aussi être parfaitement honnête : ça marche incroyablement bien.

La prestation de Smith est vraiment bouleversante, dévoilant chez l’acteur de "Wild Wild West" une capacité à jouer la vulnérabilité et la fragilité que l’on ne soupçonnait pas. Encore aujourd’hui, les séquences où Smith et son fils doivent se résoudre à dormir dans la rue sont particulièrement rudes à regarder. Son interprétation lui a valu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur et a ouvert le comédien à un tout autre genre de rôle. Il finira même par décrocher l’Oscar quelques années plus tard pour La Méthode Williams.

#3 Bill Murray : Lost In Translation (2003)

Bill Murray sera pour toujours, mais sûrement malgré lui, le légendaire Peter Venkman des Ghostbusters. Ironie du sort, le rôle ne lui était même pas destiné puisqu’il devait être incarné par le regretté John Belushi, dont nous parlions un peu plus en évoquant le passé de Robin Williams (oui, tout est connecté…). Mais Bill Murray s’est toujours senti à l’étroit dans ses rôles de comique. Il a, par exemple, passé une grande partie de son début de carrière hollywoodienne à tout faire pour produire le très sérieux Le Fil du rasoir, l’histoire d’un idéaliste hanté par le besoin de donner un sens à son existence. D’autre part, sa carrière est marquée par de nombreux rôles, soit sérieux, soit marqués par des prestations où son humour corrosif est mis au service de personnages gentiment dépressifs.

Cependant, le rôle qui a définitivement marqué la carrière de clown triste de Bill Murray, c’est évidemment celui dans Lost In Translation de Sofia Coppola. Le film permet à Bill Murray de trouver le parfait ton pour poser les réflexions profondes qui le hantent. Il se confond avec son personnage et on ne sait plus vraiment par qui l’on est ému dans le film, le personnage ou Bill Murray qui se met à nu comme jamais auparavant.

#2 Steeve Carell : Foxcatcher (2014)

Aujourd’hui principalement connu pour ses nombreuses comédies comme 40 ans, toujours puceau mais aussi et surtout pour sa prestation dans la version américaine de The Office, Steeve Carell est l'un des plus grands noms de la comédie américaine. Mais entre deux épisodes de Moi, moche et méchant, l’acteur a désormais un joli palmarès de films au ton plus sérieux et à la dimension profondément dramatique. Toujours très impressionnant dans ce registre, c’est pourtant dans le méconnu Foxcatcher que Carell a clairement fait sa proposition la plus bizarrement touchante.

Tiré de l’histoire vraie d’un fait divers sordide, Steeve Carell joue John du Pont, un milliardaire excentrique et troublé qui n’arrive pas à faire ses preuves au sein de sa famille. Avec une transformation physique impressionnante et une immersion totale dans le personnage, Carell a su capturer les nuances et les complexités du personnage. Bien qu’il incarne ici un psychopathe en puissance, Carell fait paraître les fêlures du personnage qui devient tout aussi terrifiant que pathétique. Malgré lui, le spectateur se met alors à être ému et à plaindre ce personnage qui n’est pourtant pas franchement un modèle de bonté ou d’humanité.

#1 Jim Carrey : Eternal Sunshine Of The Spotless Mind (2004)

Jim Carrey est un acteur aussi complexe que sa carrière est dense. Bien qu'il ait connu un immense succès dans les années 1990 avec de grosses comédies hollywoodiennes telles que Ace Ventura ou encore The Mask, il a également fait face à des moments difficiles sur le plan personnel et professionnel. Au début des années 2000, lassé par ses propres grimaces, Jim Carrey tente de proposer une nuance dans ses rôles et son jeu. À travers des films comme The Truman Show ou Man on the Moon, il présente un clown triste et/ou inquiétant qui tranche radicalement avec ses premiers grands rôles. Sur le tournage de Man on the Moon, Jim Carrey se perd et flirte avec la maladie mentale. Ce tournage compliqué est largement décrit dans le documentaire Jim et Andy sur Netflix. Mais c’est certainement dans Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, sorti en 2004, que Jim Carrey livre sa prestation la plus touchante.

Même si Carrey fait encore quelques allers et retours vers la comédie avant Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, le cœur ne semble plus vraiment y être. La pression de la célébrité, des relations difficiles, la perte de son ancienne compagne, ainsi que des défis dans sa carrière ont contribué à sa détresse émotionnelle. Mais c’est aussi ce même état de détresse qui va nourrir la prestation de Carrey dans le film de Michel Gondry. Il est ici terriblement convaincant lorsqu'il s'agit de représenter une humanité authentique et brute. Sa relation à l'écran avec sa co-star Kate Winslet est l'une des plus émouvantes jamais filmées. L'acteur et le réalisateur se retrouveront quelques années plus tard pour un autre gros morceau : la série Kidding, qui elle aussi permettra à nouveau de mettre tout le monde d’accord sur les talents dramatiques de Jim Carrey.

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