Marvel : le sulfureux Alan Moore dézingue encore une fois sur les super-héros
Les super pouvoirs, on a tous rêvé d'en avoir. Pourtant, l'éminent scénariste Alan Moore nous refroidit en affirmant qu'ils ne servent tout bonnement à rien, si ce n'est pour quelques occasions. Derrière cela, on parle d'un homme qui a un gros passif avec DC et Marvel
Rêve de gosse
Chacun d'entre nous s'est déjà identifié à un super-héros de l'écurie Marvel ou DC, et a toujours rêvé de lui ressembler. Que ce soit pour les responsabilités qui lui incombe, pour son charisme, mais aussi, et avant tout, pour les super-pouvoirs dont il dispose.
Voler comme Superman, avoir la force surhumaine de Hulk, courir aussi vite que Flash, envoyer des rafales d'énergie comme Cyclope ou Homelander dans The Boys, ou même communiquer avec le monde sous-marin comme Aquaman, tout peut être attrayant, selon ce qu'on veut en faire.
leçon de fiction
Pourtant, selon Alan Moore, le créateur derrière Watchmen, V pour Vendetta ou même From Hell, ces super pouvoirs qui font tant rêver seraient en réalité inutiles s'ils étaient utilisés dans le monde réel.
Dans un cours d'enseignement sur BBC Maestro (développé au sein du grand réseau audiovisuel de la BBC, la plateforme d'apprentissage propose à des professionnels reconnus dans différents domaines de compétence de transmettre leur savoir contre un peu d'argent), pour laquelle il a signé pour une série de cours sur l'écriture de fiction, l'écrivain et scénariste s'est exprimé sur le rapport entre fiction et réalité, et la façon dont il pense que les super-héros utiliseraient leurs capacités s'ils étaient réels.
courir vite, ça sert à rien
Selon lui, elles ne serviraient à rien. Il s'explique :
Si vous y réfléchissez, la plupart des super pouvoirs sont inutiles. Si vous avez une vision thermique, en quoi cela va-t-il vous être utile ? Eh bien, vous pouvez mettre le feu à des choses. Si tu as une boîte d'allumettes, tu peux mettre le feu à des choses. Le seul point pour lequel la vision thermique serait utile, ce serait lié au métier de chef cuisinier."
Alan Moore ajoute qu'intégrés à notre monde, les super pouvoirs perdraient de leur intérêt, de leur caractère épique. Ils seraient bien trop radicaux pour notre modèle, et deviendraient obsolètes dans leur aspect pratique. Il prend l'exemple de la super-vitesse.
Si vous pouviez courir très vite, qu'est-ce qui serait si important pour que vous deviez arriver si tôt. À quoi servirait réellement ce pouvoir ? Quel travail effectuerais-tu avec une super vitesse ? Tu serais dans la livraison de pizzas. Il y aurait plein de personnages super rapides qui se baladeraient en ville pour livrer les pizzas le plus vite possible aux gens."
Ainsi, si l'on se réfère aux propos de Moore, ces pouvoirs seraient donc utiles dans le travail, ou quelque peu dans la vie quotidienne, mais seraient dépourvus de leur caractère héroïque (concernant le fait de voler, on en doute, tellement cette habilité serait pratique). En revanche, ils pourraient évidemment être utilisés à mauvais escient, pour provoquer le chaos. On ne parlerait ici plus de super-héros. La série The Boys dont la saison 3 sort le 3 juin prochain explore l'impact de tels pouvoirs ainsi que la manière dont ceux-ci affecteraient la psychologie de l'individu moyen.
Une dent contre les maisons d'édition ?
Cependant, il est nécessaire de nuancer de tels propos. Car si Alan Moore n'y va pas de mains mortes, c'est peut-être qu'il a connu quelques problèmes d'ordre éditoriaux avec Marvel ou DC. Ainsi, il rentre premièrement en conflit avec Marvel UK pour des retards de paiement et des questions de droit d’auteur concernant une réédition d’épisode de Doctor Who. Il reviendra plus tard chez Marvel Comics pour travailler sur une édition collector de Captain Britain, mais il ne sera pas crédité.
Quelques années après sa première désillusion, le clash intervient avec le concurrent de la maison des idées : DC Comics. En effet, cette nouvelle déconvenue est liée au fait qu'il ne possède pas les personnages qu’il a créé et donc qu'il ne touche pas de revenus sur certains produits dérivés. De plus, il juge insuffisant certains revenus issus de réédition.
Tout ceci pourrait ainsi pousser le sulfureux Alan Moore a se lâcher publiquement. Rappelons aussi qu'il est connu pour nuancer l’image des super-héros, notamment à travers Watchmen, la série de comics (dont s'est inspiré le film Watchmen : Les Gardiens sorti en 2009, ainsi que la série éponyme HBO en 2019).
Alan Moore est aussi connu pour ses opinions anarchistes. Il reste néanmoins un expert des super-héros, et a sous sa plume un très grand nombre d'œuvres. Il a reçu neuf fois le prix du meilleur scénariste au prix Eisner depuis 1988, trois fois un prix Jack-Kirby, et sept fois un prix Harvey. Cette liste de récompenses fait de lui l'un des scénaristes les plus primés dans le domaine des comics.
Pour l'affaire avec DC c'est plus complexe, le deal était qu'à l'issue de l'exploitation commerciale de Watchmen, Moore récupère l'intégralité des droits du comics, sauf que c'est à partir de cette époque que les rééditions de comics ont commencé, du coup le comics Watchmen est réédité en boucle au travers de nouvelles éditions et format depuis plus de 30 ans et la licence utilisée sous diverse manière juste dans le but de ne pas la rendre à Moore.
C'est un peu la même chose avec Sony qui serait obligé de rendre totalement à Marvel les droits de Spider-Man si ils ne faisait pas de films autour du personnage pendant 5 ans.