Amy Hennig (Uncharted) revient sur les difficultés liées à la réalisation d'un jeu solo
Malgré les succès majeurs de titres purement solo, les composantes multijoueurs sont de plus en plus présentes. Certaines franchises ont même laissé tomber le classique mode Histoire, à l'instar de Call of Duty. Et pour cause, réaliser un jeu solo n'est pas une tâche facile, et Amy Hennig en sait quelque chose.
Le jeu solo, un genre en perdition ?
Notamment connue pour son travail majeur sur des sagas comme Jak and Daxter et Uncharted, Amy Hennig est une directrice créative et scénariste de renom. Après Naughty Dog, Hennig a fait un court passage chez Visceral Games pour travailler sur un projet Star Wars, jusqu'à ce qu'Electronic Arts décide de fermer le studio. Au micro de Venture Beat, l'américaine, désormais indépendante, est revenue sur les difficultés qui entourent la création de jeux solo.
"Je ne pense pas qui que ce soit dirait que le jeu solo est mort. Regardez les jeux actuels. C'est juste plus difficile de les produire [...] Auparavant, nous réalisions les jeux en une année. Jak III a été fait en un an. Uncharted en a nécessité trois puisque nous devions créer entièrement le moteur du jeu. Uncharted 2 & 3 ont nécessité deux ans chacun. C'est différent maintenant. Trois ans, c'est court. Dorénavant, vous pouvez le voir, c'est bien plus cher qu'avant. Beaucoup de jeux nécessitent quatre ou cinq ans, parfois plus. Les équipes sont plus grandes. La fidélité graphique est plus élevée aussi.
Je l'ai déjà dit mais je ne pense pas qu'un jeu comme le premier Uncharted, même si c'était l'empreinte fondamentale pour cette série, serait accepté comme viable aujourd'hui? L'idée d'une expérience finie en huit heures environ qui ne contient pas de modes secondaires, de mode Online - la seule rejouabilité résidait dans le fait qu'on pouvait y débloquer des cheats. Pas de multijoueur, rien. Ça ne fonctionne plus comme ça maintenant. Maintenant, vous devez avoir beaucoup d'heures de gameplay à proposer. Huit ne seraient pas suffisantes. Également quelque chose comme un mode Online. Et évidemment, vous voyez où les jeux se dirigent, vers des jeux en tant que services et des Battle Royale."
Amy Hennig le rappelle ensuite, ces jeux ont tendance à être moins en harmonie avec une histoire traditionnelle. Et pour cause, comme pour la saga Uncharted, il y a un début, un milieu et une fin. L'histoire y est déroulée comme dans un livre. Les "Game as a Service" sont moins enclins à proposer une trame classique, étant constamment mis à jour. Dans le cas d'Anthem par exemple, sorti la semaine dernière, l'histoire y est abordée puis mise de côté, laissant le joueur continuer sa routine à la recherche d'équipements Légendaires.
Selon Hennig, les jeux narratifs aux ambitions plus modestes se cachent parmi les créations indépendantes. L'industrie du jeu vidéo évolue et alors que les grands éditeurs semblent se profiler sur la réalisation de jeux axés sur le multijoueur, les jeux indés, qui ne peuvent se permettre ce luxe, continueront à faire vivre les jeux solo. Bien évidemment, les créations AAA de jeux solo ne sont pas mortes et enterrées.
Les joueurs en raffolent encore, la preuve en est avec les chiffres de ventes de God of War et Spider-Man, entre autre. D'autres créations solo sont également en approche, très attendues. Néanmoins, les jeux dénués de multijoueur se font de plus en plus rares chez les gros éditeurs, une tendance déjà perçue par Amy Hennig il y a quelques années.