Black Mirror "Bandersnatch" : une révolution, vraiment ?
Débarqué du jour au lendemain sur Netflix, Bandersnatch s’est imposé comme le film événement de la fin 2018. Plus que ça, son caractère interactif pourrait sérieusement révolutionner la manière d’imaginer les long-métrages. Mais jusqu’à où, et comment ?
C’est une véritable prouesse technologique qu’ont réussi les créateurs de Black Mirror. Avec leur film Bandersnatch, ils ont inculqué une toute nouvelle manière d’entrevoir le paysage audiovisuel : l’interactivité. Fort d’un succès notoire sur Netflix, la série a accouché de son premier long-métrage articulé dans son univers toujours aussi lugubre et crispant. Sa particularité : la ligne directrice du film est influencé selon les choix du spectateur. À chaque dilemme, c’est à lui de choisir quelle direction prendre pour bâtir son propre scénario.
Alors, la révolution est là, c’est une certitude. Jamais un tel concept n’avait été mis au point, du moins, à cette échelle. Largement inspiré par les jeux vidéo (c’est d’ailleurs ironiquement sur cette thématique que porte le long-métrage), Bandersnatch est d’une fascination totale. Le travail en amont, réalisé d’abord par l’équipe de tournage, puis ensuite par l’intermédiaire technologique, relève d’une prouesse phénoménale. Premier du genre, le produit est encore largement perfectible, mais jusqu’à où ?
Une nouvelle dimension pour les plateformes streaming ?
L’interactivité proposée par Bandersnatch n’était possible que par l’intermédiaire de Netflix. Pour pouvoir l’imaginer, il était nécessaire que le spectateur soit installé confortablement chez lui pour imaginer son propre scénario. C’est d’ailleurs à travers ce nouveau mode de consommation, ultra populaire aujourd’hui, que le concept pourrait trouver preneur sur le long terme. Bien que le potentiel puisse tout de même être limité.
Dans un premier temps, Bandersnatch n’a pas été couvert d’une critique unanimement positive. Beaucoup ont considéré que le très fort concept mis en avant par Netflix masquait un scénario un peu pauvre. À sa décharge, le film s’est imposé comme un précurseur du style, n’effleurant que simplement ce nouveau mode d’utilisation. Son succès, tout de même certain, trouvera certainement des successeurs dans les mois, années, à venir. L’équipe Black Mirror elle-même devrait certainement reproduire cette idée pour permettre à son concept de progresser.
Un concept si prometteur ?
Et si cette révolution était plus animée par la sensation de nouveauté que par une réelle contribution au septième art ? À bien des égards, la nouvelle production de Netflix semble se heurter à de nombreux murs qui pourraient mettre en péril l’avenir de ce concept flambant neuf.
Tout d’abord, il va falloir redoubler d’ingéniosité pour proposer des long-métrages toujours pertinents, articuler autour de cette technologie. Pour ça, le travail en amont doit être énorme : on avoisine les 5 heures de rushs pour proposer suffisamment de scénarios possibles pour Bandersnatch. Et si le succès de Black Mirror permet une production qui doit être relativement couteuse, peut-être que d’autres projets pourraient être avortés face à une production trop dangereuse financièrement.
Aussi, l’intérêt ne va-t-il pas, finalement, à l’encontre du principe même d’un long-métrage ? Que celui-ci nous prenne à contre-pied, que l’histoire narrée par le réalisateur transporte le spectateur ? Peut-être que l’immersion s’avère plus profonde avec Bandersnatch, mais à quel prix scénaristiquement parlant ?
Impossible d’imaginer un tel schéma se reproduire à travers une série puisqu’il s’agirait alors de reproduire une multitude de scénarios en des dizaines d’épisodes. Ou alors, peut-être est-ce justement cette soif de démesure qui rend ce nouveau format si addictif ? On peut enfin imaginer une série ou les spectateurs choisiraient, à la fin de chaque épisode, quelle tournure doit prendre la série, la majorité l’emportant. Mais encore une fois, en termes de production en amont, cela semble compromis.
Bandersnatch, aussi révolutionnaire qu’il soit, ouvre des portes infinies, qui ne demandent qu’à être explorées.
Par contre j'ai trouver Bandersnatch très limité, te laissant prendre parfois un choix voué à l'échec car ils n'ont rien préparer derrière.
Du coup c'est frustrant et pas assez détaillé.
Mais ça pourrait donner naissance à des projets plus prometteurs à l'avenir.
Déjà, 5h de rush c'est rien, encore moins pour un projet de cette envergure.
La thématique de savoir si un film doit être une projection du réalisateur et lui appartenir ou appartenir à l'interprétation du spectateur a été débattue en large et en travers, déjà à l'époque dans les cahiers du cinéma.
Et sans apporter de solution à cette question très complexe, on peut déjà se dire que les deux se valent, selon le but du réalisateur.
Le parallèle peut être fait avec les films en VR où le spectateur à alors le choix de regarder où il le souhaite, mais par conséquent détruit la vision que voulait transmettre le réalisateur.
A la question "l’intérêt ne va-t-il pas, finalement, à l’encontre du principe même d’un long-métrage ?" c'est une interrogation creuse car si l'intention du réalisateur transcende et s'exprime à travers l'outil de l’interaction du choix, cela ne va en rien à l'encontre d'un long-métrage.
bref, une "revolution" du nom de visual novel, c'est bien, ça fais découvrir le genre aux gens qui connaissent pas. après, c’était mal fait. black mirror m'as habitué à bien mieux.
En général , un artiste veut dire quelque chose avec son oeuvre : il a un message à faire passer , c'est le principe de l'art. Si l'on change le scénario (ce qu'il se passe dans l'histoire) , le message de l'auteur n'est plus le même.
Ici, on n'est plus dans l'art (on ne reçois pas un message de l'auteur) , mais dans jeu vidéo (genre "life is strange" ). Pourquoi pas, mais il faut être clair sur ce que l'on regarde.
Pourquoi pas regarder un jeu vidéo ...
Par contre je ne suis pas fan du principe de laisser le choix au spectateur, il y a risque de perde en intérêt et en cohérence au final.