Comme souvent, en grand fan de Harry Potter, il me prend l'envie de relire l'intégralité de la saga. L'effervescence de la communauté des potterheads, suite à un mystérieux tweet de J.K. Rowling, m'avait donné encore plus envie de relire ces livres avec lesquels j'ai grandi. Et comme chaque fois, je suis frappé de constater à quel point les films auraient gagné en puissance, en profondeur et en cohérence en incluant des scènes précises. Dans cet article, nous allons traiter de cinq scènes (ou groupes de scènes), qui auraient fait gagner en qualité la saga cinématographique si elles avaient été adaptées à l'écran.
Attention : n'allez pas croire que je n'apprécie pas les films Harry Potter. Je les adore. Je fais partie de cette génération qui a grandi avec cette saga cinématographique, j'étais en primaire lors de la parution de Harry Potter à l'école des sorciers de Chris Colombus et je venais de passer mon bac quand j'ai vu au cinéma Harry Potter et les Reliques de la Mort - partie 2 de David Yates.
1 - La dispute entre Cornelius Fudge et Albus Dumbledore dans La Coupe de feu
C'est une scène que j'ai regretté ne pas voir adaptée dans le film de Mike Newell. A la fin du roman, après avoir été sauvé de Barty Croupton Jr. par Albus Dumbledore, Minerva McGonagall et Severus Rogue, Harry Potter est envoyé à l'infirmerie, où le veillent Molly Weasley, Bill Weasley, Ron Weasley, Hermione Granger et Sirius Black, dans sa forme animagi. Harry est réveillé par Cornelius Fudge qui refuse l'évidence : Lord Voldemort est de retour, niant le témoignage de Harry, ce qui énerve profondément Albus Dumbledore, Minerva McGonagall et Molly Weasley. Suite au départ de Cornelius Fudge, Albus Dumbledore donne des ordres précis à McGonagall, Rogue et Sirius.
C'est une scène que j'aime particulièrement, car elle annonce tous les enjeux du cinquième opus. A partir de cette scène, cette scission entre le monde de Poudlard et le Monde des Sorciers est encore plus effective. Cornelius Fudge perd progressivement toute sa bonhomie. Même s'il n'est pas fait mention de l'Ordre du Phénix, on comprend que la résistance s'organise. La scène est extrêmement bien pensée, car ce sont avant tout les adultes qui discutent, et les enfants, hormis Harry, gardent un silence gêné, tellement le mal qui s'apprête à s'abattre sur eux est gigantesque. Par ailleurs, j'ai adoré le fait que Sirius soit présent. Cela révèle avec encore plus de force l'importance que ce personnage a pour Harry (il est un soutien inégalable) et la confiance qu'a Albus Dumbledore à son égard.
On dit souvent (à raison) de l'adaptation de L'Ordre du Phénix qu'elle était trop courte, mais la présence de cette scène à la fin de La Coupe de feu aurait pu permettre d'amoindrir ce sentiment, car tous les enjeux que le cinquième opus tente maladroitement (car pas avec assez d'insistance) sont présents dans cette seule scène.
2 - Ombrage qui interdit à Harry de rejouer au Quidditch à vie
Bien que j'apprécie tous les films Harry Potter, L'Ordre du Phénix est peut-être un de ceux que je considère comme étant les moins réussis... Et l'une des ombres au tableau d'ensemble, c'est la faiblesse du personnage d'Ombrage. Ce que j'apprécie dans le roman, c'est l'omniprésence de ce personnage. Si le Mal était une pièce, Lord Voldemort et Dolores Ombrage en seraient les deux faces. Voldemort parce qu'il est à ce stade de l'intrigue un mal absolu, que nos héros affrontent avec toutes leurs forces, et Ombrage parce qu'elle est un mal plus pernicieux, plus grossier, et d'autant plus insupportable qu'elle sert de diversion au premier. J'aurais souhaité qu'elle soit plus insupportable, plus présente et plus dangereuse pour nos héros. Qu'on sente vraiment qu'elle s'acharne contre Harry. Il y a une scène du livre que j'aime particulièrement. Suite à la victoire de Gryffondor face à Serpentard lors d'un match de Quidditch, Malefoy, bouillant de rage, insulte Molly Weasley et Lily Potter. Rendus fous par la colère, Harry et George se ruent sur Malefoy, et le frappent. McGonagall leur donnent à chacun une semaine entière de retenue. Mais Ombrage outrepasse l'autorité de McGonagall en les excluant de manière définitive de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, ainsi que Fred Weasley, uniquement parce qu'il est le frère jumeau de George.
Si cette scène est puissante, c'est pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que pour la première fois, un personnage outrepasse l'autorité de McGonagall, pourtant symbole d'autorité, de sévérité et de respectabilité. Ensuite, parce que Ombrage s'acharne une fois de plus sur Harry et montre à quel point elle est injuste, puisque Malefoy n'est en rien puni pour les insultes qu'il a proférées. Enfin, parce qu'en interdisant Harry de Quidditch, elle rend l'univers de Poudlard moins magique. Le Quidditch a toujours été l'un des moments les plus joyeux des romans, et encore dans les films.
3 - La prophétie et son explication
A la fin de L'Ordre du Phénix, Harry apprend enfin la terrible prophétie, cette épée de Damoclès qu'il a au-dessus de la tête depuis l'âge de un an. Cette prophétie, même ceux qui n'ont pas lu les livres, la connaissent : "Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... Et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois..."
Mais plus intéressant que la prophétie en elle-même, il y a son contexte. En effet, on apprend que si Harry Potter est effectivement l'élu de la prophétie, c'est parce qu'il a été choisi par Lord Voldemort. Tom Jédusor était persuadé que la prophétie concernait le fils de James et Lily Potter, alors qu'elle aurait pu tout aussi bien concerner Neville Londubat, lui aussi né en juillet, et fils d'aurores qui s'étaient opposés à Voldemort. Si Voldemort avait choisi Neville plutôt que Harry, l'Histoire aurait été bien différente. Cette mise en avant du personnage de Neville était par ailleurs très bien pensée. Les films, ayant éludé ce contexte de la prophétie, n'ont pas renoncé pour autant à donner des faits d'armes d'importance à Neville Londubat, en lui prêtant à deux reprises les mérites de Dobby. Et oui, c'est Dobby qui donne la branchiflore à Harry dans La Coupe de Feu, et c'est Dobby qui parle à Harry de la Salle sur Demande. Cette attention toute particulière des scénaristes pour le personnage de Neville est donc assez artificielle, et tend à affaiblir l'oeuvre sur deux plans. Le personnage de Neville est ainsi affaibli (et non renforcé), car dans les livres, il est avant tout défini par son combat contre Lord Voldemort (aspect qui sera mis en avant à la fin du cinquième et du huitième film). D'autre part, en excluant le personnage de Dobby, cela confère à la fois à amoindrir l'impact de sa mort dans Les Reliques de la Mort (on pleure toujours plus un personnage qu'on voit souvent qu'un personnage qu'on voit rarement), mais aussi cela rend moins intéressant la question morale au sein de la communauté des sorciers, qu'incarnent dans les livres Dobby et Hermione, lors de la création de la S.A.L.E. Dans les livres, les mangemorts ne sont pas les seuls à avoir des choses à se reprocher, et le traitement que les sorciers font aux créateurs non-humaines (elfes de maison, gobelins, géants) n'est pas moins dérangeant. Il y a d'ailleurs un continuum entre les mangemorts qui s'en prennent aux sorciers nés de moldus, et les sorciers qui discriminent les êtres qui n'ont pas de baguette magique.
4 - Les souvenirs sur Voldemort
Dans Le Prince de Sang-Mêlé, Albus Dumbledore donne des cours particuliers à Harry, afin de l'aider dans son inévitable combat contre Voldemort. Ces cours ont deux intérêts : tout d'abord, révéler à Harry la manière dont celui-ci devra tuer Voldemort (en détruisant les Horcruxes), et lui révéler la psychologie de Lord Voldemort. Dans l'adaptation cinématographique, il n'y a que deux souvenirs : Tom Jédusor à l'orphelinat, puis dans le bureau du Professeur Slughorn, le questionnant sur les horcruxes.
Il est dommage que certains souvenirs de Voldemort n'aient pas été portés à l'écran. En effet, cela aurait contribué à faire de Harry Potter une saga cinématographique un poil moins manichéenne, en permettant aux fans des films qui n'ont pas lu les livres de comprendre la construction psychologique de Tom Jédusor, avant qu'il devienne Lord Voldemort. Comment un enfant, né d'une mère sorcière et d'un père moldu, qui l'a abandonné en découvrant la véritable nature de sa femme, découvre lui-même sa nature dans un orphelinat, et son ascendance exceptionnelle. Comment un enfant rejeté de tous dans le monde des moldus devenait au centre des attentions dans le monde des sorciers. Non seulement ces souvenirs auraient pu permettre un plus grand parallèle entre Lord Voldemort et Harry, mais en plus cela aurait contribué à mieux comprendre la méthode de Voldemort pour choisir ses horcruxes. Comme le savent les lecteurs, les objets servant à recueillir un morceau de l'âme de Lord Voldemort ne sont pas choisis au hasard, mais ont, au contraire, une véritable connotation émotionnelle pour lui. D'ailleurs, dans le film Le Prince de Sang-Mêlé, on voit que Dumbledore a détruit la Bague de Gaunt, sans qu'aucun lien soit expliqué entre cette bague et Voldemort.
5 - La famille Dumbledore
Bien que décédé à la fin du Prince de Sang-Mêlé, Albus Dumbledore continue à hanter ce septième et dernier tome de la célèbre saga romanesque de Fantasy. Et si nous sommes extrêmement satisfait de cette adaptation, il n'en demeure pas moins que nous avons une réserve : le passé de Dumbledore, pourtant essentiel dans le roman, est à peine esquissé. A aucun moment il n'est fait mention de la profonde amitié entre Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald, ni même du fait qu'Ariana est morte lors d'un duel entre Albus, Gellert et Abeforth. On sait qu'Ariana est morte, mais les circonstances de sa mort, pourtant essentielles dans la construction psychologique d'Albus et dans sa relation avec Grindelwald, ne sont qu'à peine esquissées. Il aurait été intéressant que le film s'y attarde un petit peu plus, en approfondissant la discussion entre Harry et Abelforth. D'autant que Les Animaux Fantastiques repose entièrement sur la relation entre Albus et Gellert. Approfondir cette histoire entre deux des plus grands sorciers de l'Histoire aurait donné plus de force à la seconde saga de J.K. Rowling.
D'ailleurs, plutôt que de s'attarder sur des liens entre Harry Potter et Les Animaux Fantastiques qui défient la logique (comme la présence de Minerva McGonagall dans Les Crimes de Grindelwald alors qu'elle n'est pas encore née), il aurait été plus intéressant que les liens se fassent sur des éléments plus subtils, tels que cette relation entre Albus et Gellert que nous avons mentionnée, ou en intégrant dans les films les niffleurs, les botrucs et les murlaps, qui sont déjà présent dans les livres.
Par jeanLucasec, il y a 5 ans :
Trop envie de relire les livres du coup
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