Dossier : Jusqu'à quel point le Moyen Âge de Game of Thrones est-il réaliste ? (partie 3)
Si la série s'est terminée il y a maintenant quelques mois, Game of Thrones continue à passionner. Pour rendre cette rentrée plus agréable, pourquoi ne pas se replonger dans Game of Thrones, pour tenter d'en déceler toutes les références historiques les plus subtiles. Après avoir étudié la religion, le rôle des femmes et la violence médiévale dans la première partie de cette série d'articles, puis le rôle des banques, la vision de la prostitution et le motif de l'inversion dans la seconde partie, nous allons traiter des questions de l'inceste, de l'homosexualité et de l'héraldique dans cette troisième partie.
L'inceste à Westeros
Dans Game of Thrones, les tabous sexuels ne manquent pas. D'ailleurs, la série commence avec une relation incestueuse, entre Jaime et Cersei Lannister. Cette relation incestueuse est grave à deux niveaux : tout d'abord pour ce qu'elle signifie (la reine a des relations adultérines et ses enfants ne sont pas légitimes), mais en plus coucher avec son frère ou sa soeur est un péché aggravant. On sait toutefois que les Targaryen avaient brisé ce tabou depuis longtemps. Pour rappel, Aegon I Targaryen, dit Le Conquérant, avait pris pour épouse ses soeurs Visenya et Rhaenys Targaryen.
Mais qu'en est-il de la vision de l'inceste dans l'Histoire ? Tout d'abord, il convient de dire que l'inceste a connu des appréciations différentes selon les périodes et les zones géographiques, la notion même d'inceste changeant selon l'époque et l'endroit. Par exemple, lorsqu'un roi de France prenait pour épouse sa cousine, il ne s'agissait pas, selon la loi, d'une relation incestueuse, mais d'une relation consanguine. L'inceste était prohibé, la relation consanguine autorisée. Les religions du Livre (Chrétienté, Islam et Judaïsme) ont d'ailleurs beaucoup légiféré sur l'inceste. Ainsi, dans l'Ancien Testament, Lévitique Chapitre 18, il est dit que "nul ne doit s'approcher de sa parente pour en découvrir la nudité". Dans le Coran, verset 23 de la sourate An-nisa', il est écrit : "Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles et tantes maternelles, filles d'un frère et filles d'une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes, belles-filles sous votre tutelle et issues des femmes avec qui vous avez consommé le mariage." Vous comprendrez de ce fait que la notion d'inceste est intimement liée (à tel point que la première dépend de la seconde). Par exemple, si une culture juge qu'un cousin et une cousine ne sont pas des parents proches, alors ils ne sont pas considérés comme un couple incestueux, mais consanguin.
Il serait faux de penser, toutefois, que la condamnation de l'inceste a attendu l'apparition des religions du Livre. A Rome, par exemple, la notion d'inceste existait, et était légiféré. Une femme et un homme incestueux étaient d'ailleurs condamnés à mort. On me rétorquera cependant que l'empereur Caligula est connu, entre autre, pour ses relations incestueuses avec sa soeur, Julia Drusilla (mariage qui inspira d'ailleurs l'équipe scénaristique de Gladiator pour le personnage de Commode). D'ailleurs, dans un superbe article intitulé Caligula : La Bête se réveille, l'historienne Catherine Salles, spécialiste des mondes gréco-romains, écrit : "Caligula, adolescent de 17 ans, est très attiré par les charmes naissants de ses petites soeurs et, d'après la rumeur, aurait défloré la petite Drusilla. Leur grand-mère les aurait surpris un jour en pleins ébats amoureux. Devenu empereur, Caligula garde ses soeurs auprès de lui, lesquelles deviennent les femmes les plus importantes de la cour. [...] Comme dans son enfance, Caligula a des relations privilégiées avec Drusilla, qui est traitée comme une impératrice." Cependant, il est important de mettre les choses en perspective, et de prendre le plus de recul possible sur la question. En effet, dans un autre article, intitulé "C'est un vice en tout que l'excès", Catherine Salles prévient : "Il faut aussi s'interroger sur la véracité des textes consacrés aux empereurs [romains], les livres historiques de Tacite, Suétone, Dion Cassius, puis à partir du IIIème siècle l'Histoire Auguste. Ce sont de véritables actes d'accusation, des réquisitoires accablants contre les princes. Nous n'avons aucune version positive des règnes de la plupart des empereurs. Certains textes s'appuient sur des ragots propagés par des contemporains hostiles : ainsi, Sénèque et Philon d'Alexandrie ont raconté des horreurs sur Caligula car ils en avaient à se plaindre. Les études actuelles sur l'histoire de ces empereurs montrent que certains actes "scandaleux" doivent se comprendre dans un contexte symbolique, tels les deux mariages de Néron avec des hommes, qui ont tant choqué les contemporains : ils étaient en fait des rites d'initiation à une religion orientale." Si effectivement les relations incestueuses entre Caligula et Julia Drusilla n'étaient que des rumeurs, fondées sur aucun fait tangible, cela montre bien l'image profondément négative que l'inceste pouvait avoir à Rome.
Mais quelle culture aurait donc pu inspirer les relations incestueuses des Targaryen ? La réponse la plus évidente me semble être l'Egypte pharaonique. Nous avons plusieurs cas d'incestes notables, dont les plus célèbres demeurent Ramsès II (connu pour avoir eu des enfants avec deux de ses filles) et Cléopâtre, qui fut mariée successivement à ses frères Ptolémée XIII et Ptolémée XIV. D'ailleurs, entre 2007 et 2009, des généticiens ont démontré que Toutânkhamon serait le fils d'Akhénaton (le pharaon, pas le rappeur) avec une de ses soeurs. Les motivations des Targaryen seraient d'ailleurs fortement semblables à celles des pharaons : avoir des mariages incestueux au sein d'une famille royale permet à la fois de limiter les prétentions au trône, en excluant du lignage toutes les autres familles de nobles. Certains historiens considèrent également que le mariage incestueux permettait au sein des familles royales (pratique qu'on retrouve également chez les Incas) de montrer leur toute-puissance, puisqu'ils faisaient la démonstration qu'ils faisaient fi des lois régissant les mortels. Rappelons que plusieurs dieux, Isis et Osiris en Egypte, Zeus et Héra en Grèce, étaient incestueux. Cette hypothèse correspondrait plutôt bien au tempérament des Targaryen : en lisant Feu et Sang, qui raconte la Conquête de Westeros par les ancêtres de Daenerys, on apprend à quel point Aegon I Le Conquérant était frappé d'hybris. D'ailleurs, tout tend à nous faire admettre que les Targaryen sont exceptionnels : leur chevelure et leurs yeux ont des couleurs exceptionnelles, et ils semblent avoir des accointances avec les Dragons. Les relations incestueuses seraient donc une preuve supplémentaire de leur démesure, permettant ainsi à la dynastie de montrer leur supériorité.
Mais les Targaryen et le couple maudit des Lannister ne sont pas les seuls incestueux connus de Westeros. Dans la saison 4, Oberyn Martell confie à Dorne que les relations entre frères et soeurs ne sont pas punies. Il faut cependant là aussi faire la part des choses. S'il est vrai que Dorne est d'inspiration orientale, et plus particulièrement d'Al-Andalus, comme nous l'avons démontrer dans la partie 2 de cette série d'articles, l'historien Gabriel Martinez-Gros, professeur émérite d'Histoire médiévale à l'Université de Nanterre, spécialiste de l'histoire d'Al-Andalus, explique dans un articule intitulé Dorne, comme un air d'Orient qu' "il va de soi que l'inceste n'était pas autorisé en Al-Andalus, et on n'en connaît pas le moindre exemple qui aurait pu inspirer les scénaristes".
L'homosexualité dans Game of Thrones
Autre tabou sexuel (pour l'époque) qui a son importance dans Game of Thrones : l'homosexualité. Et sur cette question, la série est passionnante. On se souvient que cette question a son importance, particulièrement dans les saisons 5 et 6, lorsque Loras Tyrell est accusé, emprisonné et jugé du fait de ses relations homosexuelles avec de nombreux hommes, dont Renly Baratheon. Mais pour bien comprendre toute la complexité de cette question d'un point de vue historique, je vous renvoie à un dialogue entre Olenna Tyrell, la grand-mère de Loras et matriarche de la Maison Tyrell, et Tywin Lannister, dans l'épisode 6 de la saison 3. Désirant prendre l'avantage sur Olenna, Tywin met l'accent sur l'homosexualité de Loras. Loin de se laisser démonter, Olenna qualifie son petit-fils "d'avaleur d'épée", avant de dire que ce type de comportement sexuel n'est pas prohibé à Highgarden, contrairement à l'inceste (et bim !). Olenna va même plus loin, en interrogeant Tywin sur son hypothétique homosexualité. Il est intéressant de mettre en lumière et de comparer ces deux événements : ce dialogue entre Olenna Tyrell et Tywin Lannister d'une part, et le procès contre Loras Tyrell par la Foi Militante dirigée par le Grand Moineau d'autre part. Car à elles seules, ces deux scènes illustrent parfaitement l'évolution de la perception de la sexualité dans le Moyen-Âge de l'Europe occidentale.
Car que retient-on de ce dialogue entre Olenna et Tywin ? Eh bien qu'en dépit du fait que l'homosexualité soit prohibée d'un point de vue théorique, elle n'en demeure pas moins acceptée d'un point de vue pratique. En effet, et ce depuis les débuts de l'Eglise Catholique, la condamnation par l'Eglise de l'homosexualité est rarement appliquée. Pour la simple et bonne raison que l'homosexualité est courante dans les ordres monastiques et guerriers. Dans un article, intitulé Au Moyen-Âge, être homosexuel n'est pas tabou, l'historien Jean Verdon rapporte une anecdote édifiante concernant le rapport entre les autorités (ecclésiastiques et royales) avec l'homosexualité : "Si Charlemagne apprend avec stupeur que certains moines pratiquent la sodomie, il ne publie pourtant aucun texte réprimant l'homosexualité. Un édit conseille cependant aux prêtres et aux évêques de supprimer ce comportement sexuel sans indiquer de sanction." Cette absence de sanction est assez évocatrice de la situation d'alors. Par ailleurs, Richard Coeur de Lion (1157-1199), ne cachait pas son homosexualité, qui était un secret de polichinelle. Dans sa conférence Sentiment amoureux et homosexualité au XIIème siècle : entre dilemme et malédiction, l'historien médiéviste Damien Boquet, spécialiste des questions religieuses et intellectuelles, rapporte que de nombreux textes monastiques faisait l'apologie de l'homosexualité, sans que l'Eglise n'en soit inquiétée (c'est le cas notamment des écrits d'Ælred de Rievaulx).
Si au XIème siècle déjà de nombreux ecclésiastes s'intéressent à la question homosexuelle et à sa législation, à l'image de Pierre Damien, qui fait entrer la notion de sodomie dans le droit canon (attention, à l'époque la sodomie concernait toutes les pratiques sexuelles ne servant pas à procréer, dont la fellation et la masturbation), ce n'est qu'à partir du XIIIème siècle que l'Eglise devient véritablement répressive concernant les pratiques homosexuelles. Car l'Eglise désire lutter contre les hérésies, et l'homosexualité entre à cette époque dans cette catégorie-là. Les homosexuels sont alors qualifiés de bougre, mot dérivé de "bulgare", la Bulgarie étant considérée comme un centre de l'hérésie. Dans un traité datant de 1260, intitulé Livres de Jostice et de plet, il est dit : "Quand on aura soupçonné un homme de bougrerie, il doit être mis en prison. Les personnes d'Église doivent faire l'Inquisition de la foi sur lui, et demander de la foi. Et s'il est condamné, le roi le fait mettre à mort. Celui qui est sodomite prouvé, doit perdre les couilles, et s'il le fait une seconde fois, il doit perdre le membre ; et s'il le fait une troisième fois, il doit être brûlé. Femme qui le fait doit à chaque fois perdre un membre, et la troisième fois, doit être brûlée. Et tous leurs biens sont au roi." Autrement dit, le durcissement des lois contre les homosexuels est arrivé de manière très brusque, et c'est ce passage précis de l'histoire de la perception de l'homosexualité qu'illustre à merveille la série Game of Thrones, avec les deux scènes que nous avons mentionnées ci-dessus.
Mais Loras Tyrell n'est pas le seul personnage homosexuel de la série. Oberyn Martell est connu, à l'instar de nombreux Dorniens, comme étant bisexuel. D'ailleurs, on le voit au, dans la saison 4, avec le secrétaire de Littlefinger. Dans son article Dorne, comme un air d'Orient, l'historien Gabriel Martinez-Gros (que nous avons cité lorsque nous traitions de l'inceste) écrit : "L'homosexualité est censée être licite à Dorne. [...] Certes, l'homosexualité est sans doute plus répandue, ou tolérée, dans le monde islamique médiéval qu'en Occident. Mais elle est presque exclusivement masculine dans les textes, à la différence de ce que suggère la série, et relève, comme celle de l'Antiquité, de l'initiation amoureuse de l'adolescent par un aîné." Il convient par ailleurs de préciser quelque chose, à la lecture de ce passage de cet article passionnant. Parce que certains lecteurs pourront s'étonner du fait que l'homosexualité était plus toléré dans le monde islamique médiéval qu'en Occident, rappelons que contrairement aux idées reçues, le Coran ne condamne pas de manière explicite l'homosexualité. Pour corroborer l'idée que l'Islam est intrinsèquement homophobe, certains penseurs font état que certains hadiths attribués à Mahomet condamnent ouvertement l'homosexualité. Cependant, dans Sodomie et masculinité chez les juristes musulmans du IXème au XIème siècle, l'historien Mohammed Mezziane rappelle qu'il est existe en vérité un véritable flou juridique concernant la question de la pénalisation de l'homosexualité, étant donné que personne n'a jamais démontré que ces hadiths émanaient bien de Mahomet. De nombreux juristes ont douté de l'authenticité de ces hadiths. Parmi eux Ibn Hajar al-Asqalani, juriste sunnite du XVème siècle, nommé "Commandeur des Croyants" (Amir Al Mouminine en arabe) de la science du hadith.
Enfin, Yara Greyjoy est également un personnage (féminin cette fois), connu pour son homosexualité. Comme nous l'avons déjà dit dans la seconde partie de cette série d'articles concernant le rapport entre Game of Thrones et l'Histoire, les Fer-Nés sont d'inspiration scandinave. Mais traiter de l'homosexualité dans la Scandinavie médiévale est assez difficile. Des séries comme l'excellente Vikings de Michael Hirst semble vouloir établir le fait que l'homosexualité était, si ce n'est répandue, au moins acceptée dans le Moyen-Âge scandinave. Le problème, c'est que plusieurs éléments semblent paradoxaux quand on tente d'étudier l'homosexualité dans la culture des Hommes du Nord. Si l'on se réfère aux textes, et si on considère que ces derniers sont éloquents concernant les us et coutumes d'un peuple, alors on peut supposer que l'homosexualité était acceptée. Dans le Helgakviða Hundingsbana I, le héros Sinfjotli se vante d'être le père de neuf louveteaux que le roi Gudmundr a enfantés. Pour de nombreux exégètes, il parait évident que si Sinfjotli se vante d'avoir sodomisé Gudmundr, c'est que l'homosexualité n'était pas répréhensible. Cependant, il faut savoir qu'il existe en vieux-norrois une insulte, "Ergi", permettant de rabaisser toute personne efféminée ou non-virile. Et c'est là que les problèmes commencent pour les Historiens... Certains historiens considèrent que le mot "ergi" a été diabolisé lors de la christianisation de la Scandinavie, et que de ce fait, la féminisation et l'homosexualité ont été un processus inhérent à l'acculturation scandinave. D'autres historiens mettent en doute cette hypothèse. Si "ergi" a toujours été une insulte, si toute attitude non-virile, ou jugée féminine, était vilipendée, alors l'homosexualité l'était-elle aussi ? Est-ce que l'histoire de Sinfjotli et Gudmundr ne peut pas être comprise autrement : l'acteur actif de la sodomie serait perçu comme acteur viril et l'acteur passif comme efféminé, un "ergi" ? D'autant plus que pour bien insister sur la féminisation du roi Gudmundr, sur le fait qu'il n'est pas viril, ce dernier accouche d'une progéniture.
L'héraldique au Royaume des Sept Couronnes
A Westeros, l'héraldique (c'est à dire le système des emblèmes permettant l'identification des familles nobles) est très importante. Chaque grande famille possède son emblème : le Loup pour les Stark, le Lion pour les Lannister, le Cerf pour les Barathéon, le Dragon pour les Targaryen, le Poisson pour les Tully, la Rose pour les Tyrell, l'Ours pour les Mormont, etc. Même les nouvelles familles cherchent à imposer leur blason. C'est le cas, notamment de Littlefinger, qui crée son propre emblème : un oiseau-moqueur.
Il est intéressant par ailleurs de remarquer que la signification des emblèmes à Westeros est aussi profondément inspirée par le rapport qu'entretenaient les familles nobles avec leurs propres blasons. On pouvait choisir un emblème de plusieurs manières. Tout d'abord, l'image pouvait être allusive, dans le sens où l'image pouvait avoir un rapport soit avec le nom de la famille, soit avec leur fief. C'est le cas par exemple de la famille Tyrell, qui prend pour emblème la Rose, en hommage à leur fief, Highgarden. En France, le Duc Jean de Berry, fils du roi Jean le Bon, adopte comme emblème un Ours. Son fief est à Bourges, dont le Saint Patron n'est autre que Saint Ursin (aussi appelé Saint Ours).
Une famille pouvait également choisir son emblème en fonction d'une valeur que symbolise l'animal choisi. Par exemple, lorsque la famille Lannister adopte le Lion comme symbole, on se doute que ce n'est pas amour pour les félidés, mais plutôt par volonté d'illustrer leur grandeur, de symboliser leur majesté, le Lion étant connu dans l'imagerie populaire comme étant le roi des animaux. Il n'est donc pas étonnant que de très nombreuses familles, nobles ou royales, aient choisi le Lion comme emblème.
On pouvait également choisir un emblème selon une symbolique clanique ou mythique. C'est le cas notamment des Stark, qui ont choisi le Loup comme symbole. Rappelons que dans le second tome de la saga littéraire, A Clash of Kings, on apprend au chapitre 5 que d'après la légende, les Stark ont du sang de loup. Dans le chapitre consacré aux Rois de l'Hiver du livre Les Origines de la Saga, on apprend également qu'un roi Stark (dont le nom ne nous est pas parvenu) aurait triomphé pendant la Guerre des Loups. D'après l'historien Laurent Hablot, auteur du Manuel d'héraldique et d'emblématique médiévalen dans un article intitulé L'animal emblème, explique que :
Le Roi d'Angleterre Richard II (1367-1400) et le roi de France Charles VI (1368-1422) adoptent simultanément pour devise le cerf blanc : colleté d'une couronne, enchaîné et couché pour Richard (rich hart, le "riche cerf"), colleté d'une couronne et paré d'ailes pour Charles VI. Renvoyant à de mythiques cerfs blancs immortels capturés par des héros comme César ou Charlemagne, symbolisant l'aspiration de ces princes à la vie éternelle [...], ces cerfs-emblèmes soulignent également la nature christique du pouvoir royal et de la justice souveraine.
Enfin, certaines familles choisissaient comme emblèmes des animaux mythiques ou des monstres qu'ils auraient vaincus. On se souvient que dans l'héraldique imaginaire, le Roi Arthur peut être symbolisé par un dragon, symbole de sa victoire rêvée contre un dragon (il y est d'ailleurs fait référence dans un épisode hilarant de Kaamelott). A Westeros, la famille Targaryen entre dans cette catégorie. Le fait que la famille Targaryen ait choisi le dragon comme emblème symbolise le fait qu'il s'agisse de la dynastie ayant réussi à domestiquer les dragons, et donc à triompher contre leur nature dévastatrice. (A noter par ailleurs que le symbole des Targaryen peut être également compris d'une autre façon, plus subtile : si le Lion est le Roi de la Terre, il n'est pas le Roi des Airs, rôle que prend de ce fait le Dragon. Ainsi, Daenerys Targaryen, en gardant l'imagerie de son aïeul, opte pour une triple signification : elle est à la fois conquérante, celle qui a domestiqué les derniers Dragons, et ne vit pas sous le joug des Lannister.)
Ne serait-ce que pour la contrariété des couleurs, principe qui dit, que deux "métaux" (Or=Jaune ; Argent=Blanc) ou deux "émaux" (Azur=Bleu ; Gueule=Rouge ; Sable=Noir ; Sinople=Vert ; Pourpre) NE PEUVENT PAS être superposés. En outre le blasonnement Targaryen (De Sable au Dragon de Gueule) (Bien sur il existe des exception même dans la réalité (le drapeau de l'Albanie par exemple). (PS, il y a une exception pour le pourpre qui peut être en présence de n'importe quel autre métal ou émail car lui même présent dans les deux catégories)
Pour ce qui est des émaux et métaux utilisés dans GoT, le gris, et toutes formes de nuances n'existent pas en héraldique. En outre le blason de la Maison Arryn (Azur très clair) ne pourrait exister.