TikTok, Instagram, Snapchat : le gouvernement veut les interdire aux plus jeunes

Alors que de plus en plus de jeunes se rendent sur les réseaux sociaux, le gouvernement français fait appel à l'Europe pour contraindre les plateformes à durcir leur politique d'accès. Si rien n'est fait dans les trois mois, des sanctions seront prises.

Les réseaux sociaux avant 15 ans : c'est non

Près d'un an après l'appel d'Emmanuel Macron à interdire les téléphones avant 11 ans et les réseaux sociaux avant 15 ans, au tour de la ministre en charge de l'intelligence artificielle et du numérique Clara Chappaz de prendre le problème de l'impact des réseaux sociaux sur les jeunes à bras le corps. 

Devant le constat "qu'un adolescent passe plus de quatre heures par jour sur des plateformes comme Instagram, TikTok, Facebook et trois jeunes sur quatre de moins de 13 ans utilisent déjà les réseaux sociaux quand bien même cela est interdit dans les conditions générales d'utilisation des plateformes", Clara Chappaz compte interdire l'usage des réseaux sociaux avant 15 ans. 

Pour cela, elle donne à l'Europe trois mois pour mobiliser ses partenaires européens sur un accord contraignant les réseaux sociaux à vérifier l'âge des adolescents les utilisant. Si rien n'est fait durant ces trois mois, la ministre tranche, le gouvernement prendra des sanctions, des méthodes similaires à celles prises pour les sites pornographiques.

40 % des enfants présentent des signes de souffrance psychique

On ne parle pas d'un effet secondaire des réseaux sociaux. L'anxiété est devenue leur premier produit dérivé. Le harcèlement, les comportements alimentaires à risque, les pensées suicidaires sont en nette augmentation. 40 % des enfants présentent des signes de souffrance psychique (...). Regardez ce que provoquent certaines tendances sur TikTok, comme #SkinnyTok : elles normalisent la maigreur extrême, glorifient le contrôle permanent de l’alimentation. C’est un détonateur pour des jeunes déjà fragilisés.", explique-t-elle pour argumenter son action. 

Si en France, la majorité numérique légale est de 15 ans depuis la loi du 7 juillet 2023, beaucoup d'enfants disposent de téléphones plus jeunes, et se rendent donc sur Tiktok, Instagram, X, ou Snapchat avant l'âge légal. D'après une enquête de la Cnil en 2021, les deux tiers des moins de 13 ans ont un compte sur un réseau social. Le gouvernement veut s'appuyer sur le Digital Services Act, une loi européenne datée de 2022 dont l'objectif est de réguler les services numériques pour protéger les utilisateurs et renforcer la responsabilité des plateformes. Mais "il faut aller plus loin pour renforcer sa portée, afin qu'il contraigne les réseaux sociaux à ne pas accepter la création de comptes sans vérification d'âge." martèle Clara Chappaz.

Si les plateformes demandent bien à l'utilisateur de définir son âge, ou même une vérification parentale, ces mesures sont très facilement contournables. La vérification de l'âge réel (comme la pièce d'identité) est rare, notamment à cause du respect de la vie privée. De leur côté, les parents sont bien souvent permissifs. 

Alors l'Europe et la loi européenne sur le Digital Services Act auront-elles le pouvoir nécessaire pour obliger les plus grandes plateformes à renforcer leur contrôle sur les plus jeunes ? Cela dépendra sans doute de la mise en oeuvre concrète de ce programme et de la capacité à sanctionner.