Comment "la neige rouge" accélère encore davantage la fonte des glaces ?
Encore une mauvaise nouvelle pour les régions les plus polaires de notre planète. Une étude de Nature Communications indique que la fonte des glaciers arctiques s'est encore accélérée de façon affolante ces derniers temps. En plus du réchauffement climatique, elle pointe du doigt un nouveau coupable : une étrange neige rouge surnommée le sang des glaciers... Explications.
L'algue rouge
Comme le sang des hommes est composé de globules rouges, celui des glaciers est fait d'algues rouges. L'algue des neiges est une espèce végétale qui se niche au coeur de la glace des recoins polaires . Des glaciers du Groenland jusqu'aux plus hauts sommets européens ou asiatiques. Sa particularité ? Elle contient un pigment qui teinte la neige en rouge et qui lui vaut son surnom de "sang des glaciers". C'est une espèce que l'on rencontre surtout à haute altitude, au-delà de 3 000 mètres.
L'algue des neiges est particulièrement résistante et adaptée au froid. Ces spores sont capables de résister à des températures très basses tout en étant recouverts de neige. Lorsque la température se réchauffe, elles se déplacent vers la surface pour se reproduire selon un processus qui relève encore en partie du mystère. A ce moment là, leur couleur change du vert au rouge. Le résultat est très esthétique mais il a aussi un autre effet : celui de réduire considérablement le pouvoir réflecteur de la neige. C'est cette caractéristique en particulier qui est pointée du doigt dans l'étude.
Le pouvoir réflecteur de la glace perturbée
On nomme la réflexion des rayons du soleil sur la neige, l'albédo. Sa diminution signifie que la neige va emmagasiner plus de chaleur et donc fondre plus rapidement. La présence de cette algue rouge augmente donc considérablement la vitesse à laquelle elle fond. Selon l'étude de Nature Communications, l'analyse de 21 glaciers arctiques européens a montré que cet effet de "saignement des glaciers" est de plus en plus fort.
En effet, comme le réchauffement climatique et la fonte des glaces se sont fortement accélérés ces 15 dernières années, les algues se "réveillent" plus tôt que d'ordinaire (avant le printemps). Ce qui signifie qu'elles réduisent l'albédo de la neige de plus en plus tôt et de plus en plus violemment.
L'algue rouge peut réduire le pouvoir réflecteur de la glace d'environ 13% et elle ne se limite pas à une toute petite portion de neige. Les spores peuvent recouvrir environ 50% de la surface d'un glacier avant qu'il ne commence à fondre.
Une nouvelle donnée à prendre en compte
Si les auteurs de cette nouvelle étude ne détaillent pas quel pourcentage exact de la fonte des glaces peut être attribué à nos algues rouges, il en ressort tout de même clairement qu'elles sont une nouvelle menace pour les glaciers arctiques. D'après les scientifiques, leur effet ne peut être ignoré plus longtemps. Il doit être pris en compte et intégré dans les futurs modèles climatiques.
La planète a connu en 2016 le mois de mai le plus chaud jamais enregistré. Des températures exceptionnellement élevées ont provoqué, en mars et en mai, un taux de fonte des glaces qu'on ne voit pas avant juillet normalement. Un telle évolution du climat observée à ce stade de l'année est plus qu'alarmante. Les effets de l'algue rouge combinés avec ceux du réchauffement climatique font que la situation n'a jamais été si catastrophique.
On se croirait au début d'une des 5 réactions en chaîne qui risquent de mener l'humanité à son extinction. Nous vous proposons aussi de regarder ce petit reportage sur le Groenland et la dramatique fonte des glaces pour mesurer l'étendu de ce problème.
Du plus éclatant des rouges
Il faut la peindre
Coûte que coûte
Sans en perdre une goutte
Peignons la neige en rouge... ♫♪
http://sciencesetavenir.fr/nature-enviro…
Comme si nous l'avions blessée... Oh wait.