Récemment arrivé sur le marché des SVOD, Disney+ occupe souvent l'actualité. Parfois pour de mauvaises raisons. Certains médias spécialisés rapportent que de nombreux internautes font état de leur volonté de se désabonner du service de Disney. Disney doit-il craindre une vague de désabonnements ? Eléments de réponse.
Disney+ est un succès
Disponible aux Etats-Unis depuis le mois de novembre 2019, et en France depuis le 7 avril 2020, Disney+ est, comme chacun sait (à moins d'avoir passé les derniers mois enfermé dans une grotte himalayenne), le service de VOD de la Maison aux Grandes Oreilles, censé concurrencer Netflix, leader du marché des SVOD. Pourtant, à en croire certains, huit mois à peine auront suffi à tarir la magie Disney, et de nombreux internautes américains et anglophones ont ainsi évoqué leur volonté de se désabonner incessamment sous peu de Disney+. Que se passe-t-il au Royaume de ce bon vieux Walt pour que le désenchantement soit si rapide ?
Alors tout d'abord, il convient de clarifier certaines choses. Si effectivement, la plateforme a déjà des clients mécontents, il n'empêche que le lancement de Disney+ a été auréolé de succès. Le 8 avril dernier, Disney actait du fait que sa plateforme avait conquis quelques 50 millions de spectateurs, qui s'étaient abonnés à Disney+. Nos confrères de Numérama rappelle par ailleurs que "Disney avait promis qu'il ne communiquerait sur son nombre d'abonnés uniquement au cours de ses rapports trimestriels, mais le chiffre est trop impressionnant pour être gardé secret." Notons par ailleurs qu'à la date du 8 avril, Disney+ n’était sorti que dans une quinzaine de pays : les Etats-Unis, le Canada, les Pays-Bas (depuis le 12 novembre 2019), l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Porto Rico (le 19 novembre 2019), le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, l'Irlande, la Suisse, l'Autriche (le 24 mars 2020), l'Île de Man (le 2 avril), l’Inde (le 3 avril) et la France (le 7 avril). D'ailleurs, ni les abonnés français ni les abonnés indiens ne comptent parmi les abonnés recensés, étant donné que la période d'essai d'une semaine n'était pas terminée à l'heure de ce premier bilan improvisé de la plateforme.
La mesure du succès de Disney+ se mesure avec plus d'efficacité, si on le compare à celui d'autres SVOD sortis récemment. Ainsi, le 2 juin 2020, nos confrères d'Ecran Large expliquaient à quel point le lancement de la plateforme HBO Max, sortie le 27 mai aux Etats-Unis, avait été un fiasco total. L'application avait été téléchargée 80 000 fois dans les vingt-quatre heures suivant sa sortie, contre 4 000 000 pour Disney+ (toujours dans les vingt-quatre heures suivant le lancement du SVOD). Quant à AppleTV+, les affaires ne sont pas aussi glorieuses qu'elles n'y paraissent : si Apple vantait le fait d'avoir à la date du 28 janvier 2020 dépassé Disney+ en taille, avec un total de 33.6 millions d'abonnés aux Etats-Unis, les chiffres communiqués étaient à relativiser. Le journaliste Etienne Froment (20 Minutes) explique : "Le succès d’Apple TV + aux Etats-Unis reste toutefois à relativiser. L’application a en effet été installée en douce sur tous les terminaux iOS en circulation et Apple s’est montré très généreux en offrant jusqu’à un an d’accès gratuit aux acheteurs de certains nouveaux produits. Lorsqu’on écarte les offres d’essai, les chiffres pourraient donc être drastiquement plus bas."
Pas assez de contenus originaux
Donc que Disney+ soit un succès, c'est indéniable. Mais une question, à laquelle nous n'avons toujours pas répondue, reste en suspens : Disney doit-il craindre une vague de désabonnements ? Car, en effet, si le SVOD est riche d'un catalogue somme toute conséquent et accrocheur (l'intégrale des productions Disney, les films Star Wars, les films Pixar, les films du Marvel Cinematic Universe, quelques grands titres de la 20th Century Fox, dont Avatar de James Cameron), la plateforme de Disney souffre de deux problèmes importants. Le premier : il n'y a pas suffisamment de contenus originaux. En effet, hormis The Mandalorian, qui a conquis tout le monde, et la septième saison de Star Wars : The Clone Wars, le contenu original de la chaîne est assez pauvre. Le second : les productions originales proposées, hormis celles-déjà citées, s'adressent bien souvent à un public de niche, généralement les plus petits. Si on peut comprendre l'intérêt d'une série d'animation telle que Fourchette se pose des Questions (tirée du personnage introduit dans le très bon Toy Story 4), on imagine mal ce type de série justifier un abonnement à Disney+.
Un problème de communication
Survient également un troisième problème, qu'on a préféré traiter à part pour des raisons qui vous paraîtront ensuite évidentes : la communication de Disney. On peut s'étonner du fait qu'on parle de problème de merchandising à propos d'une boîte dont c'est habituellement l'une des grandes forces, habituée qu'elle est au matraquage publicitaire. Cependant, le merchandising de Disney concernant Disney+ pose deux problèmes. Tout d'abord, si le public attend patiemment les nouvelles séries Marvel (The Falcon and the Winter Soldier, WandaVision ou Loki) et les séries de l'univers étendu Star Wars (les séries sur Obi-Wan Kenobi et Cassian Andor, introduit dans le film Rogue One : a Star Wars story), Disney ne tease pas suffisamment sur ces nouvelles productions, sa communication reposant avant tout sur la saison 2 de The Mandalorian. La raison est évidente : The Mandalorian est plus avancé dans sa production. Cependant, ce manque de communication pose problème, surtout lorsqu'on a comme concurrent principal Netflix, qui a une communication assez équilibrée entre les productions déjà sorties et les productions à venir. Il suffit pour s'en rendre compte de se rendre sur la page Twitter de Netflix France, qui n'hésite pas à donner des nouvelles des prochains contenus originaux, même lorsque les news sont maigres.
Le second problème, c'est la position que semble occuper Disney+ au sein de l'empire Disney. En effet, à chaque fois qu'un film ne semble pas suffisamment accrocheur pour attirer du monde en salles, se pose la question d'une possible sortie sur Disney+. Le film Artemis Fowl de Kenneth Branagh a ainsi vu sa sortie ciné annulée, pour une sortie exclusive sur Disney+ le 12 juin 2020, passée complètement inaperçue. S'est posée la même question concernant Les Nouveaux Mutants, reporté plusieurs fois, avant d'arrêter une date définitive en salles le 28 août prochain (mais on n’est pas à l'abri d'un nouveau décallage). Enfin, la question s'est également posée pour Mulan. Qu'est-ce qu'est Disney+ pour Disney ? Voilà ce que doit clarifier le groupe. Car, si l'on comprend l'intérêt de sortir sur la plateforme des films qui pourraient être des échecs en salles, le studio aux grandes oreilles doit éviter de donner l'impression que Disney+ est la grande poubelle du groupe Disney.
Pour conclure, Disney doit diversifier et intensifier sa communication afin de permettre à Disney+ de continuer à prospérer. Par ailleurs, on tient à rappeler que Disney+ est une plateforme jeune. Si elle souffre parfois de la comparaison avec des SVOD plus fournis (Netflix, Amazon Prime Video), la comparaison est nécessairement biaisée par la jeunesse de Disney+. On peut être certains que dans quelques années, le contenu original sera plus diversifié, faisant de Disney+ une véritable alternative à Netflix.
Par Jeanlucaseco, il y a 4 ans :
Bien complet comme article
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