Sciences : survenue il y a 700 ans, voici comment la peste noire a modifié notre ADN
Si elle est survenue au XIVe siècle, la peste noire a encore un impact indirect mais majeur sur notre santé aujourd'hui, car elle a participé à la modification de notre ADN. On vous explique comment, grâce à la récente publication des résultats d'une étude internationale.
Un travail colelctif et de grande envergure
Depuis plus de deux ans et demi, la pandémie du Covid-19 a profondément modifié nos modes de vie, bien que la situation se soit heureusement stabilisée avec le temps. Mais déjà, les plus impatients se demandent quand est-ce que l'on arrêtera totalement d'en entendre parler. Spoiler : probablement pas tout de suite. Si la comparaison n'est pas très encourageante, sachez en effet que l'épidémie de la peste noire (la même qui nous hante dans le récent jeu vidéo A Plague Tale : Requiem), née de la bactérie Yersinia pestis et survenue il y a près de 700 ans, a modifié notre ADN et a un impact sur notre santé encore aujourd'hui.
C'est en tout cas la conclusion tirée par une trentaine de chercheurs dans le cadre d'une étude internationale menée par trois équipes distinctes : une équipe canadienne ayant reconstitué des génomes à partir d'ADN de personnes décédées aux alentours de la période de la peste noire, une deuxième basée à Chicago et chargée de l'analyse de l'évolution des gênes du système immunitaire, et enfin une dernière qui a étudié les interactions entre la bactérie vivante et les cellules du système immunitaire.
Une résistance accrue à la peste, mais il y a une contrepartie
Pour résumer le travail des équipes de chercheurs français, canadiens et américains, il faut comprendre que le but était de comparer les génomes de victimes de la peste à ceux d'autres personnes mortes naturellement. Quatre gênes en particulier sont alors ressortis et auraient conférer aux êtres humains une plus grande résistance à la bactérie Yersinia pestis, expliquant pourquoi les autres vagues de la peste noire ont fait beaucoup moins de victimes : rappelons qu'au milieu du XIVe siècle, jusqu'à 50% de la population "européenne" (le terme désignait les populations sur un territoire plus étendu qu'aujourd'hui) aurait succombé à cette peste.
Un gêne en particulier, l'ERAP2, retient l'attention des scientifiques. Les personnes le possédant se seraient montrées très résistantes à la maladie au milieu du XIVe siècle, tout comme leurs descendants lors des autres vagues qui se sont étalées sur près de quatre siècles par la suite. L'étude estime qu'au Moyen-Âge, ceux qui possédaient ce gêne avaient 40 % de chance de plus que les autres de survivre. Malheureusement, cette plus grande résistance de nos organismes nous aurait paradoxalement rendu plus susceptibles de développer des maladies auto-immunes, c'est-à-dire dans lesquelles le système immunitaire agresse ses propres constituants. On ne peut pas tout avoir.
C'est maladie non rien à voir
Le covid c'est un rhume à côté