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Kaamelott : Tony Saba (Hervé de Rinel) répond à toutes nos questions sur la série d'Alexandre Astier et Brocéliande

De Gaetan Desrois - Posté le 13 avril 2023 à 22h55 dans Séries TV

Gentes dames et nobles seigneurs, oyez ! Il y a quelques jours, nous vous informions qu'une seconde saison de Brocéliande, l'hilarante web-série Kaamelott créée par le vidéaste Youri Gone de la chaîne YouTube Capsule Pop, était en cours de production. Nous avions d'ailleurs interviewé Youri Gone. Cela a été également pour nous l'occasion d'interviewer pour la première un acteur de Kaamelott : Tony Saba, qui joue l'inénarrable Hervé de Rinel dans la série d'Alexandre Astier, et que l'on retrouvera dans la nouvelle saison de Brocéliande dans un nouveau rôle. 

D'une grande générosité, Tony Saba a eu la gentillesse de répondre à toutes nos questions, et même parfois à des questions que l'on a pas posées. À tel point qu'il nous a livré de nombreux secrets de tournage, d'anecdotes et de révélations sur le tournage de la série et du film Kaamelott. Bonne lecture !

Un passionné de JDR et de fantasy 

Bonjour Tony Saba, merci beaucoup au nom de toute la rédaction Hitek d'avoir accepté notre invitation pour cette interview. 

Bonjour Gaëtan, enchanté. Et merci pour l'invitation. 

tony_saba

On va donc vous retrouver prochainement dans la saison 2 de la web-série Brocéliande, créée par le vidéaste Youri Gone. Comment a débuté votre collaboration ? 

Autour d'une table carrée (rires). Après une interview. J'avais vu Brocéliande avant de rencontrer Youri ; et j'ai trouvé ça très intéressant. L'interview était le matin, elle a duré pas mal de temps ; quand on est sortis, on avait faim tous les deux, on est donc allés manger ensemble à la terrasse d'un café. Je lui ai fait comprendre que ça me ferait plaisir de jouer dans Brocéliande - sans lui demander explicitement de jouer dans Brocéliande, j'ai insinué le fait que s'il m'appelait, j'irais parce que j'aime beaucoup les jeux de rôles. Tout cet univers médiéval-fantastique, ça m'a passionné quand j'étais jeune. J'ai été joueur de plusieurs types de jeux de rôles médiévaux-fantastiques - je connais donc plutôt bien cet univers. Pendant la fin de mon adolescence, ça m'a vraiment passionné. J'ai été maître de jeu aussi. 

Vous continuez encore aujourd'hui à jouer à des jeux de rôle ? 

Oui, j'ai une partie demain. Pour vous décrire l'ambiance : je suis le plus jeune de la table. Il y a de tout autour de la table : tous les corps de métiers sont représentés, et notre maître de jeu est traducteur officiel de Donjons et Dragons. Il connaît son sujet ! On a même un chef décorateur qui nous fait des trucs en 3D. Je prends des photos à chaque partie. On en fait une chaque trimestre !

donjons_dragons

Plusieurs auteurs de fantasy français, Alexandre Astier notamment, mais on peut citer également Jean-Philippe Jaworski (Gagner la GuerreLe Chevalier aux Épines) ou encore Pierre Pevel (Les Lames du CardinalLe Paris des Merveilles), qui viennent du jeu de rôle. Est-ce que votre passion pour le jeu de rôle vient de votre intérêt pour le médiéval-fantastique, ou inversement ? 

La première fois que j'ai joué à un jeu de rôle, c'était Donjons et Dragons, la première version de Gary Gygax en boîte, avec deux dés, un crayon. Le monde médiéval-fantastique ne m'intéressait pas particulièrement avant de commencer à jouer à Donjons et Dragons, je n'avais pas lu Le Hobbit, je ne connaissais pas du tout ce monde-là. Et donc je suis rentré là-dedans par le jeu de rôle. Ça m'a séduit. On était toute une clique au lycée, on y jouait très régulièrement, parfois même pendant les récréations. On avait des campagnes en cours. Voilà d'où me vient cette passion pour le jeu de rôle médiéval-fantastique plutôt que pour l'Histoire du Moyen-Âge. J'avais joué aussi à un jeu, qui s'appelle Pendragon, dont il existait une traduction française, qui est un jeu autour de la Table Ronde. Il y avait un autre jeu, qui s'appelait je crois Légendes de la Table Ronde - un jeu français édité par une toute petite maison d'édition. J'avais des amis qui travaillaient dans ce milieu-là aussi. Donc pour répondre à votre question, non, je n'avais aucun goût particulier pour le Moyen-Âge et l'heroic fantasy avant de débuter dans le jeu de rôle. C'est vraiment le jeu de rôle qui m'a fait rentrer dans ces univers-là, et qui m'a pris la tête pendant quand même quelques années (rires). C'est assez prenant ! Après j'ai vécu à l'époque des vidéo-clubs, et dès qu'il y avait une épée, on louait ! Bien évidemment, j'ai adoré Sacré Graal !, des films comme ça. 

La rencontre avec Hervé de Rinel

La première fois que l'on vous a vu, c'était dans le court-métrage Dies Irae d'Alexandre Astier. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre rencontre avec le papa de Kaamelott ?

C'était en 1990 ou 1991, donc l'autre siècle. On était en cours ensemble, dans une école de musique privée ; et la première discussion que l'on a eue c'était sur un quai de métro ; on rentrait par la même ligne. On a sympathisé, et déjà à l'époque on a travaillé ensemble : à l'école on avait des projets communs, et en sortant on a continué à avoir des projets communs. Dès qu'il a commencé à faire de la comédie, il m'a inclus dans ses projets, parce qu'il savait que j'avais un petit peu joué, que j'avais un goût pour ça. 

Alexandre_astier

Comment décririez-vous Hervé de Rinel, votre personnage dans Kaamelott 

Le pauvre... Il est un peu con. Il y a de quoi faire avec un personnage pareil. Soit il est complètement myope et sourdingue, et en plus il ne parle pas bien la langue (il vient de Rome, il né là-bas, il n'arrive pas à s'y faire), soit il est vraiment comme ça : soumis avec les puissants, dédaigneux et méprisant avec les faibles. Et il ne comprend pas grand chose à ce qui se passe autour de lui. Il pense bien faire, il a un côté ambitieux. Je pense qu'il vient d'une grande famille, mais ça ne fait pas tout. C'est un plaisir de le jouer, de le retrouver, de lire les répliques. On se marre dès qu'on les découvre, évidemment. 

Nous aussi. 

Tant mieux, c'est l'effet escompté. Pauvre Hervé... Il est à côté de ses pompes. Il a le sentiment d'être quelqu'un investi d'une grande mission, mais il a compris ni pourquoi ni comment faire. 

Comment est-ce qu'on joue un personnage pareil, un personnage aussi con ? Comment le joue-t-on pour être à la fois drôle et crédible ? 

Dans l'épisode L'espion, j'avais quand même de Funès en tête, ce côté méprisant avec les faibles, soumis avec les puissants. Globalement, on le joue en disant ce qu'on a d'écrit sous les yeux, parce que c'est tellement une évidence le sens même des propos, des dialogues, la bêtise de la situation quand on la lit, que finalement on n'a pas tellement besoin de réfléchir à autre chose que déclamer son texte, de le jouer de la façon la plus juste possible. Mais c'est très facile en bouche, c'est très naturel à dire, c'est très bien écrit encore une fois. Ça commence à se savoir, Alexandre écrit pour un comédien quand il le connaît. Un repas au restau peut suffire pour qu'il vous écrive un rôle. C'est un tas aussi de private jokes que le public ne pourra jamais comprendre. Il y a tout un tas d'easter-eggs dans Kaamelott, d'insinuation dans les dialogues, qui sont complètement liées aux relations entre Alexandre et le comédien. Il y a donc plusieurs niveaux d'humour dans Kaamelott. C'est génial de bosser pour ce type ! 

hervé_de_rinel

Est-ce qu'à propos de votre personnage, vous pourriez nous dévoiler un petit easter-egg qui aurait échappé à notre vigilance ? 

Dans un épisode, Hervé fait plusieurs fois le tour de la Bretagne, et monte une carte en peau avec un cercle dessiné dessus. C'est une allusion au fait que j'ai été documentaliste sur les trois premières saisons, et j'ai fait un petit ouvrage technique interne. J'ai fait une carte des lieux du Royaume de Logres, donc en fait il se foutait de ma gueule. Mais ça le spectateur ne peut pas le savoir ; il n'y a que moi qui pouvait. Donc quand vous lisez les répliques, vous vous marrez à la fois en regardant le résultat final, et en même temps en lisant vos répliques, vous comprenez qu'il se fout de vous. 

Nouveau rôle dans Brocéliande

Donc vous allez interpréter un nouveau personnage dans Brocéliande, la fan-fiction de Kaamelott, un personnage très différent de Hervé de Rinel. Comment allez-vous l'appréhender ? 

Avec douleur, parce que je connais son dossier médical. C'est quelque chose d'assez lourd, quand même. Je n'ai pas les répliques encore, je n'ai pas le script, je n'ai pas le texte, j'ai juste une feuille de personnage. Mais je l'appréhende avec bonheur ; je sens que je vais bien m'amuser à le faire. Youri ne m'a pas décrit exactement, avec précision, il laisse une part de mystère à découvrir, mais c'est très motivant un personnage pareil. On va se marrer, c'est certain ! C'est très bien vu de sa part ! Vraiment, très très bien vu ! Et effectivement, il n'a rien à avoir avec Hervé de Rinel... Absolument rien !

brocéliande

On a hâte de voir ce résultat. Vous avez donc joué dans Kaamelott, on va bientôt vous retrouver dans la saison 2 de Brocéliande, deux séries qui abordent la fantasy de manière drôle. Youri Gone nous expliquait que, pour lui, la fantasy était, par essence, foncièrement drôle, comique. Êtes-vous de son avis ? 

Tout jeune, ce n'était peut-être pas comme ça que je le vivais. On se marrait bien, mais ça a habité longtemps mon imaginaire ; le personnage que je jouais dans mes parties de JDR avait une vraie importance pour moi, j'en prenais vraiment soin ; donc si oui, il y avait une part d'humour, il y avait surtout une grande part d'évasion du monde réel quand je jouais jeune. Mais avec l'âge, c'est vraiment devenu un prétexte pour rigoler entre potes. Les règles en elles-mêmes, je trouve ça passionnant ; je ne joue pas qu'à ça, bien évidemment (je joue beaucoup à des jeux de stratégie), mais les règles des jeux de rôle sont vraiment passionnantes. Dans Donjons et Dragons, il faut presque une vraie malle pour contenir toutes les règles. Donc se plonger tout ça demande une part de sérieux et de pédagogie ;  d'autant que ces bouquins n'étaient absolument pas traduits à l'époque, donc du coup ça nous a appris l'anglais. Donc oui, beaucoup d'humour, on se marre vraiment, mais plus jeune on prenait ça aussi avec beaucoup de sérieux. C'était vraiment important pour notre petite équipe. Les personnages que l'on a interprétés étaient importants pour nous ; on en parle encore, d'ailleurs, de nos personnages. Je pourrais citer des noms ! Je pourrais donner leurs classes, etc. (rires) 

J'imagine qu'au-delà des répliques cultes de Kaamelott, le simple fait de se retrouver en costume d'époque sur le tournage d'une oeuvre de fantasy doit nécessairement apporter beaucoup de franches rigolades. 

Oui, c'est vrai que le costume fait beaucoup ; on l'enfile, en se regardant les uns les autres, on est morts de rire, on ne peut pas s'empêcher de rire. Quand c'est une armure, on fait un tintouin ahurissant, les spectateurs ne peuvent pas imaginer ; on a l'impression de trainer un paquet de casseroles derrière soi. Et puis aussi, avec ce passé de rôliste, quand j'enfile une armure, j'ai l'impression de faire un GN [jeu de rôle Grandeur Nature, NDLR]. Tout est beaucoup plus discipliné et directif qu'un jeu de rôle.

Dans KV1, c'était très drôle : on m'a fait entrer dans une sorte de hangar bourré de costumes, et on m'a dit : "Choisis !". C'était l'après-midi qui précédait ma toute première journée de tournage. Donc ce n'est pas le moment de douter. (rires) Je me suis précipité vers un costume dont la couleur m'avait attiré, ainsi que son ridicule : c'est une tenue de camouflage de chasse. Une vraie, hein ! Les spectateurs ne le voient pas du tout à l'écran, à cause du cadre et de la distance, mais c'est une tenue de chasse, de camouflage. J'ai choisi ça parce que c'était le même code couleur qu'Hervé de Rinel : couleur moutarde. On l'endosse, on pouffe de rire. Il y a donc un effort à faire pour être sérieux, quand on entend "Action", "Moteur".

kaamelott_premier_volet

C'est ce sérieux qui crée un vrai humour dans Kaamelott. C'est la sincérité avec laquelle les répliques sont écrites, et avec laquelle elles sont dites. Vous êtes journalistes, vous avez fait je suppose des réunions de travail... franchement ! La Table Ronde c'est en dessous de la réalité ! (rires) Parfois les gens ne sont pas en forme, ils n'ont pas envie de travailler, parfois il y a des tensions entre les uns, les autres, on ne se comprend pas, on répète mais on est hors-sujet, et il faut tout réexpliquer. Il y a vraie vérité dans Kaamelott, et c'est pour ça qu'Alexandre est un grand dialoguiste : il a remarqué l'absurdité de certains échanges sur les lieux de travail, entre professionnels, et il en a fait quelque chose d'assez extraordinaire, et l'heroic fantasy appuie sur ce décalage.

Alexandre a joué à Donjons et Dragons ; j'ai fait quelques parties avec lui. Il aimait bien Warhammer aussi. Il a été mon maître du jeu, j'ai été le sien. On ne le fait plus aujourd'hui ; c'est un monsieur fort occupé, et puis la géographie fait que c'est difficile. Être masterisé par Alexandre... C'était un truc incroyable. Alexandre qui incarne un lapin qui parle, parce que je suis un druide qui le fait parler ; c'est inoubliable, Alexandre Astier qui fait le lapin. Il avait écrit un scénario absolument génial. Il y avait son père, Lionel, et un ami de son père, qui jouaient aussi. Il y avait des bouts de ce scénario dans une de ses BD Kaamelott. Je ne sais plus laquelle c'est précisément ; c'est spontané, je n'ai pas préparé. Mais il y a vraiment tout un passage de cette BD qui ressemble étrangement à l'un des passages de ce scénario qu'il avait écrit et qu'il avait masterisé pendant une de nos parties de jeux de rôle. Il était très séduit par l'héroic fantasy, sans être un expert comme vous pouvez l'être, ou comme certains de mes amis le sont ; il adorait ça, on s'est marré, c'est inoubliable. Avec lui, c'est l'histoire et les dialogues qui priment. 

Est-ce que vous avez lu la Matière de Bretagne [nom donné aux romans Arthuriens, NDLR] ? 

J'ai lu Chrétien de Troyes, un peu avant Kaamelott ; pendant la production de la première saison de Kaamelott, j'ai lu Anne Berthelot [médiéviste française, qui a participé notamment aux documentaires Aux sources de Kaamelott, présents sur les DVD des Livres I à VI de la série, NDLR], Jean Merkale [folkloriste français spécialisé sur les cultures celtes, qui a écrit de nombreux livres importants dont La femme celte ou Brocéliande ou l'énigme du Graal, NDLR], sans savoir quelle valeur cela a pour un universitaire. J'ai lu un ouvrage sur Lancelot aux éditions 10/18 en deux tomes. Je trouvais ça très drôle. Chrétien de Troyes, ça m'a amusé. C'est ce qui m'a le plus plu. C'est le souvenir que j'en ai. J'ai trouvais ça un peu Kaamelottien

la femme celte

C'est marrant que vous nous disiez ça ; nous avons publié il y a quelques années un article dans lequel nous écrivions que la série Kaamelott est plus proche de ce qui est dit dans La Matière de Bretagne qu'il n'y parait de prime abord.

Un amoureux des dialogues de Kaamelott

Vous en avez parlé à plusieurs reprises, mais est-ce que vous pouvez nous dire comment c'est de travailler avec Alexandre Astier ? En quoi est-ce différent de travailler avec ce monsieur plutôt qu'avec d'autres metteurs en scène ? 

C'est très différent, parce que je le connaissais ; on n'a pas fait que bosser ensemble, c'est assez rare d'avoir de vrais amis dans le boulot et de les garder. Il y a donc ce côté où j'ai envie de lui parler comme à un pote, mais c'est impossible parce qu'il y a une nuée d'assistants qui le suivent, il est toujours en train de courir à gauche, à droite. J'ai un autre rôle à jouer : celui du comédien professionnel qui ferme sa gueule, qui ne dit rien au réalisateur. Ce qui est le plus dur, parce que j'ai envie de le vanner.

C'est un plaisir de jouer pour lui. Il a des méthodes très singulières de travail, je ne sais pas comment il fait ça, mais on est à la fois très cadres et très libres. Très cadrés parce que les répliques doivent être dites à la virgule près - de toute façon il n'y aurait rien à changer. Très libres sur le ton, l'interprétation, sur le geste. Il nous reprend que s'il n'est pas d'accord avec quelque chose, mais c'est assez rare. Il donne beaucoup de liberté aux comédiens dans l'interprétation que l'on peut avoir de ses dialogues. Il faut qu'il y ait un problème de sens pour qu'il nous reprenne.

alexandre_astier_tournage

Ça va très vite aussi. Ça chôme pas, il court partout. C'est un tourbillon de bonheur qui vous arrive, pendant trois-quatre jours d'affilée pour moi. Et hop c'est fini. Les journées passent très vite pour les comédiens, qui n'ont pas grand chose à foutre finalement. On arrive, on a les pieds sous la tables ; il n'y a pas de répétition. On arrive, on nous donne les répliques, 3, 4, moteurs, boom, c'est fait. Après on se retrouve dans notre chambre d'hôtel quatre étoiles, luxueux, en train de se marrer en repensant à tout ce qu'on a vécu dans la journée. C'est une chance absolue de jouer dans Kaamelott, pour moi qui suis comédien, qui suis son pote. Et en plus c'est bien payé. C'est une chance énorme, surtout au regard de l'actualité politique. J'ai eu beaucoup de patrons, et je peux dire que c'est l'un de mes patrons préférés. Je sais qu'il peut être dur et direct parfois, mais moi ça ne me dérange pas du tout cette relation-là ; j'arrive à l'accepter, malgré le fait qu'on se connaisse depuis longtemps, autrement que professionnellement. Je l'accepte quand il me remet à ma place ; le trouve toujours ça très justifié. Vraiment un super boss. Je fayote, mais c'est naturel. Je sais que c'est quelqu'un qui a du caractère, et que tout le monde n'a pas le même avis que moi ; il a dû se séparer d'un tel ou d'un tel. Il est exigeant, un peu pressé, ça l'énerve quand quelque chose prend des plombes alors que ça devrait prendre cinq minutes. Il pense à comment ça pourrait prendre cinq minutes au lieu de trois jours. Voilà quoi dire, de monsieur Astier. 

Qu'est-ce que vous aimez le plus dans Kaamelott, pas nécessairement en tant qu'acteur, mais en tant que spectateur ? 

Il faut que je fasse abstraction du fait que je le connaissais, que j'en fasse partie... Ça m'aurait plu, je l'aurais regardée. J'aimais déjà l'heroic fantasy, comme on a pu en parler. Il y a des duos fabuleux dans Kaamelott : Guethenoc et Roparzh, ils sont terribles ces deux-là. Perceval et Karadoc... J'aime beaucoup les duos de Kaamelott. Évidemment, c'est les dialogues qui me laissent sans voix. Les dialogues sont géniaux. Alexandre est un génie de l'écriture. Je m'emmerde devant de nombreux films à cause de lui, parce que les dialogues sont nuls, qu'ils sont ridicules, et je m'en rends compte maintenant. C'est tellement mauvais ! Beaucoup de choses me plaisent dans Kaamelott. J'aime beaucoup ce ton inspiré de la région lyonnaise, de Michel Audiard. Ado, j'adorais Les Tontons Flingueurs, les films de Blier, j'adore ce ton-là, cette langue-là, cet accent-là. Il y aussi des choses qui rebutent un peu, mais c'est parce qu'on est gavés de trucs mainstream, formatés. On le regarde encore, une deuxième fois, une troisième fois, on se rend compte à quel point Alexandre a mis quelque chose de très personnel, de hors-normes, d'un peu rebelle aussi. Ce type est aussi un créateur rebelle. À la fois rebelle et mainstream. C'est très difficile à définir. Qu'est-ce qui me plait dans Kaamelott ? Tout.

michel_audiard

Comment avez-vous trouvé les changements de format et de tonalité entre les saisons 4 et 5 ?

J'ai été intrigué par le changement de format. À partir du moment où le format est devenu plus long, j'ai été surpris. J'ai mis un peu plus de temps. J'ai dû le voir deux fois pour vraiment apprécier la chose. La première fois, j'ai été un peu surpris. Je me demandais si ça pouvait passer à la télévision. Mais finalement, oui ! C'est très bien tourné : les décors, les cadres, les costumes, tout est magnifique. C'est rare dans une série française une telle qualité de production. Et puis, là encore, il fait la part belle aux acteurs. Dans les Livres 4, 5, 6, place au jeu ! Voilà ce que je dirais. On arrête la mécanique une réplique/une blague. Le tout avec un budget plus conséquent. 

Le tournage de Kaamelott : Premier Volet

La dernière fois que l'on vous a vu, c'était dans Kaamelott : Premier Volet. Vous étiez à côté du rocher où est plantée Excalibur. Est-ce qu'Alexandre vous a raconté ce qu'est devenu votre personnage durant la période de 10 ans qui sépare la fin du Livre VI du premier film ? 

Absolument pas ! Aucune mise en situation. Mais quand on découvre les dialogues, on comprend la scène, ce qui est déjà beaucoup. J'avais envie de vous faire une blague : chercher le SMS dans mon téléphone, mais non, ce n'est pas sorti. (rires) Je ne sais pas ce qu'a fait Hervé de Rinel. Dans Kaamelott, les acteurs jouent la situation ; on ne joue pas l'historique d'un personnage. Les dialogues sont tellement intelligents, évidents, qu'on a aucun mal à les interpréter. Personne ne le sait. Il y a que lui qui le sait ; et parfois je me demande s'il le sait, d'ailleurs. Et puis trois épisodes après, je me dis : "Oui, oui, il le savait." C'est très complexe à analyser tout ça ! Je pense qu'il aime se surprendre lui-même en écrivant, aller là où lui-même ne s'attendait pas à aller. 

Par contre, il y a une question que vous ne pouvez pas me poser : c'est que je suis une des vingt personnes au monde qui sait ce que c'est que de jouer une vraie partie de Robobrole [le sport du Pays de Galles aperçu dans KV1, NDLR]. C'était un grand plaisir, j'ai fait absolument n'importe quoi, je me suis mis à courir dans tous les sens en faisant n'importe quoi. J'aurais adoré voir la partie de Robobrole montée complètement. J'aime beaucoup quand ça part complètement dans l'absurde dans Kaamelott. Un de mes épisodes préférés de Kaamelott, c'est ce fameux sport de balles auquel joue Arthur, Léodagan, Lancelot, Bohort et Perceval, aux règles incompréhensibles. J'adore ça ! Robobrole dure en vérité beaucoup plus longtemps que ce que l'on voit dans le résultat final. J'ai joué au Robobrole, mais sachez qu'il y a des jeux auxquels on peut tout à fait jouer sans en comprendre les règles. Vraiment ! 

Qui sait, peut-être aurons-nous un jour une compétition internationale de Robobrole retransmise sur TF1 ? 

Il faudrait que vous ayez accès à toutes les chutes (rires). Parce que c'est vraiment plus long que ce l'on voit à l'écran le Robobrole, et bien plus technique aussi. Avec des phases de jeu très déterminées qu'on ne voit pas au montage final. La Matière de Bretagne s'enrichit grâce au Robobrole. 

kaamelott_premier_volet

Est-ce que vous avez si vous serez dans le prochain film, et quand aura lieu son tournage ? 

C'est un secret défense. Je ne sais pas. Je suis désolé mais je crois que si j'étais sur un autre tournage, ou sur un autre projet en cours, je me ferais remplacer pour jouer dans KV2. C'est déjà arrivé ; s'il m'appelle, je me fais remplacer, où que je sois. Quitte à perdre un autre job, je préfère garder mes quatre jours de tournage sur Kaamelott

Quelles sont vos théories concernant la suite de Kaamelott 

J'imagine la suite surprenante. Je ne sais pas si on arrivera à trouver le Graal, ce qui est à la fois drôle et désespérant. Il sera surprenant. Comme KV1. Il faut le voir plusieurs fois KV1 pour l'apprécier. Non, il nous surprendra de plus en plus ! J'ai cru comprendre qu'il voulait faire quatre ou cinq films, donc comme c'est une trilogie, il va finir par y avoir des virgules à un moment. J'espère qu'il a la forme. Je crois qu'il a la forme. Et je crois qu'il est en écriture.

Merci pour ce moment que vous nous avez accordé. 

Merci à vous. 

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Salut, c'est Gaëtan. Diplômé d'un Master en Langues Modernes, je suis un grand passionné de Culture Pop. J'ai une affection toute particulière pour la culture des années 80/90. Grand lecteur, je suis aussi cinéphage et sérivore (un régime alimentaire des plus équilibrés !). Passionné par le Moyen-Âge, je suis un grand fan de Fantasy. Sinon, j'adore le cinéma coréen, la littérature japonaise, les séries et les comics britanniques. Ah, j'oubliais : pour savoir s'il y a du vent, faut mettre son doigt dans le cul du coq.

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Commentaires (1)

Par Old Yoda, il y a 1 an :

Passionnant, comme interview ! Il a l'air très sympathique ^^

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