Squid Game : la Corée du Nord utilise la série Netflix contre la Corée du Sud

Avez-vous déjà entendu parler de la série sud-coréenne Squid Game, disponible depuis la mi-septembre sur Netflix ? Oui ? Etonnant ! Disponible depuis près d'un mois sur la plateforme de SVOD, celle-ci continue d'être un carton international, étant même récemment devenue la série ayant réalisé le plus gros démarrage de son histoire. Un tel succès suscite évidemment beaucoup d'intérêt et de questionnements, et on a eu le droit à toutes sortes de polémiques, autour de sa violence exacerbée ou encore de son impact sur un public jeune. Dernièrement, ce sont les médias nord-coréens qui se sont emparés du phénomène, et pas pour n'importe quelle raison. 

Squid Game, ou la dénonciation des dérives du capitalisme 

Evitons de vous refaire tout un pitch de la série de neuf épisodes et rappelons simplement qu'elle reprend à sa sauce - piquante - la mode des Battle Royale. A travers six épreuves toutes plus sadiques les unes que les autres, les 456 participants vont peu-à-peu être éliminés pour qu'il n'en reste qu'un. Ce vainqueur a le "privilège" de remporter une coquette somme d'argent, mais se refuse à l'utiliser, par respect pour tous les autres candidats décédés au cour du "Squid Game". 

Là où les plus inattentifs auront simplement profité d'une série à suspens, d'autres auront perçu une critique acerbe du capitalisme et de ses dérives, ce qui était l'objectif premier de son créateur Hwang Dong-hyeok. Les fans et les médias ont déjà suffisamment fait le tour de cet aspect de la série, dont la force repose en grande partie sur sa capacité à mêler une histoire poignante et spectaculaire, à la transmission d'un message fort. Même en Corée du Nord, la presse loue l'audace de Squid Game ! Etrange, non ?

Squid Game, un outil de propagande nord-coréenne

A la grande surprise de personne, l'intérêt de la presse nord-coréenne pour la série produite chez son voisin sud-coréen n'est pas anodin. Car ce n'est pas particulièrement sa réalisation, son scénario, ou son jeu d'acteur qui sont mis en avant, mais bel et bien sa dénonciation du capitalisme. Venant d'un pays ouvertement communiste et pas vraiment ouvert au monde extérieur, il n'est donc pas étonnant que ses médias félicitent Squid Game pour sa capacité à faire "prendre conscience de la triste réalité de la brutale société sud-coréenne, dans laquelle les êtres humains sont poussés à la compétition de manière extrême et où leur humanité est en train d'être anéantie".

Les différents journaux officiels du "Chef suprême de la République populaire démocratique de Corée", Kim Jong-un, n'hésitent donc pas à avancer qu'il s'agit d'un reflet quasi-réaliste des sociétés capitalistes, dont les membres seraient prêts à s'entretuer pour s'accaparer les richesses. La propagande nord-coréenne évoque également la représentation, dans Squid Game, de "la réalité de la vie dans un monde où les gens ne sont jugés que par l'argent", entre de nombreuses autres attaques contre un mode de fonctionnement à l'opposé de ce que le pays connaît depuis des décennies. 

Car en tant que régime communiste, celui-ci s'oppose fermement à toute idéologie capitaliste et vise à l'inverse une société sans classe sociale ni salariat. Pour le mini-cours d'histoire un peu barbant, la Corée du Nord est même assez extrémiste dans son approche puisqu'il s'agit d'un régime communiste dit "stalinien", prônant la violence si nécessaire et se centrant autour d'un culte de la personnalité envers son principal dirigeant. 

La Corée du Nord n'est évidemment pas la seule opportuniste à tenter de tirer profit du succès de Squid Game, puisque les hommes politiques sud-coréens eux-mêmes n'ont pas hésité à prendre la série en exemple pour dénoncer la corruption de leurs adversaires. Bref, pour moins de prise de tête, on vous conseille simplement de vous munir d'un plaid et d'un chocolat chaud, puis de regarder la série dans votre coin.