Test God of War : la mémorable claque nordique d'un Dieu grec
Un nouveau God of War, certes, mais chez les Nordiques ! De plus, et d'après ce que l'on a l'occasion de voir dans le gameplay, les compétences de Kratos seront gérées de façons bien plus différentes que dans les précédents jeux. En effet, au lieu d'amasser des "orbes rouges", on reçoit des points de Connaissance, dans chacune des compétences que Kratos pourra utiliser... Et en matière de compétence, une toute nouvelle : l'archerie ! De plus, la vue en troisième personne sera centrée dans le dos du personnage principal, augmentant ainsi l'immersion du joueur, notamment lors des combats.
Autre petite surprise : Kratos a un enfant, même si l'on n'en connait pas la mère. C'est assez surprenant, mais connaissant l'histoire assez tragique du Spartiate, on ne peut qu'être heureux pour lui. Et c'est l'occasion de le voir entrer dans un rôle de père relativement aimant, éducateur, qu'on ne lui connaissait pas jusque-là.
Mais, quid des monstres que l'on affronte ? Des dragons, des trolls et bien d'autres créatures issues de la mythologie nordique ! Autant dire que Kratos aura bon nombre d'ennemis à affronter, et aura de quoi satisfaire sa soif de sang. Et accessoirement, tester le tranchant de sa hache...
Alors, prêt à entrer au Valhalla ?
Test du God of War
La Grèce et Kratos, c'est fini. Le spartiate a fait ses valises et s'en est allé en direction des terres nordiques pour y couler des jours heureux. Femme et fils sous le bras, il y chasse, y vit et y colle quelques mandales. Ce bon vieux Kratos sans mandale, c'est comme du pain sans levure, c'est plat, voire fade. Après une longue inactivité, le déicide le plus célèbre du côté de la mer Égée se décide de revenir. La licence se redécouvre, change, évolue. En bien ? Eh bien c'est ce que nous allons voir. Ou du moins essayer. Lire à la rigueur...
Avant toutes choses, God of War a été testé sur PS4 Pro, avec un écran 4K, le HDR activé et en mode Résolution, pour des graphismes au maximum. Le titre de Santa Monica rend plus que bien. À vrai dire, c'est une véritable claque graphique. God of War exploite à merveille la puissance de la console, un peu trop à quelques endroits, et n'hésite pas à lui faire cracher ses poumons. Aparté terminée, place au pavé.
Un K comme Kratos
Les enfants, c'est fatiguant. Les fantômes du passé aussi il semblerait. C'est le visage creusé et les traits tirés que nous revient Kratos, plus âgé, plus sage également, étonnement. La dernière fois, le Dieu grec nous laissait en compagnie d'une Athéna vénale, mais déçue. Cette fois-ci, le tatoué nous présente Atreus, son fils. Eh oui, finies les c.. - bêtises. Musclor est rangé et heureux. Enfin heureux, Kratos le montre à sa manière. L'éducation spartiate n'est pas tendre et tout au long de l'aventure, le papa ne manquera pas de le rappeler. Fort de la voix de Christopher Judge, qui aura pris le relai de Terrence C. Carson, Kratos garde son identité, mais change de ton, comme pour prouver une bonne fois pour toute que ce God of War signe ici l'arrivée du renouveau. Histoire de se placer sur l'échafaud, l'histoire a été faite de A à Z avec les voix françaises.
Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que le doublage est très, très bon. Mention spéciale aux auteurs qui sont parvenus à insuffler la vie à leurs personnages, en particulier à Atreus que l'on vient à plaindre, aimer, détester et à qui on aimerait aussi coller une bonne grosse baffe de temps à autre. Le travail narratif y est exemplaire. God of War est une histoire. Une véritable légende nordique à laquelle les joueurs prennent part. Cinématiques et séquences de gameplay sont gracieusement entremêlées. Les transitions ne se ressentent pas et c'est avec toute la finesse du monde qu'un monstre de muscles tel Kratos parvient à glisser à l'écran comme une corbeau dans les airs.
Papers please
Kratos n'est pas le seul à avoir changé d'identité. Toute la licence a troqué ses papiers pour un passeport nordique. Exit le beat them all, place à un genre action/aventure où quelques notions de RPG s'entrechoquent. Propriétaire d'un semi-monde ouvert, God of War n'hésite pas à vous montrer le chemin, tout en vous rappelant à de nombreuses reprises : "Hey, tu peux te balader aussi". Et en effet, vous pouvez vous balader aussi. Discuter de l'histoire est tentant, mais vivre cette aventure inédite l'est encore plus. Vous l'aurez remarqué via diverses vidéos de gameplay, mais la caméra a subi une refonte. Comme l'intégralité de la saga ou presque, à vrai dire. Située juste au dessus de l'épaule, elle ne pose pas problème. Absolument jamais. Et si vous pensiez que la saga avait perdu son essence en changeant de genre, vous aviez tord. Ne vous inquiétez, vous ne manquerez pas d'occasion de faire valser votre hache dans la mâchoire de vos ennemis. Pour vous aider, le jeu peut compter sur sa façade RPG. Tel une candidate de télé-réalité, Kratos pourra changer de tenue à son bon vouloir. Les statistiques sont également de la partie et joueront un bon rôle dans le dénouement de vos combats. Et même si la difficulté n'est pas très corsée en mode normale, cette dernière est modulable, de manière à faire grimper aux rideaux vos désirs de défis.
Traversée nordique
D'un point de vue artistique, God of War ne manque pas de nous faire voyager. Les styles, inspirés, sont un voyage vers la mythologie nordique. Géants, trolls, draugrs, sans oublier les divinités présentes au premier plan, ne manqueront pas de vous éduquer, tout en évoquant des noms qui ne cessent de revenir depuis quelques années dans la pop culture. Plus brillante que le crâne chauve lustré du guerrier spartiate, la traversée des différents biomes vous embarquera dans un boat trip des plus plaisants. Car oui, votre voyage, LE voyage, quittera les pentes enneigées et grisâtres pour vous permettre de poser les yeux sur des régions plus verdoyantes et surtout, plus colorées. Vos yeux en prendront plein les mirettes, ne manquant pas de mettre votre console à l'épreuve par moment.
En mode Résolution, là où le framerate se cantonne à 30 FPS, quelques baisses ont été enregistrées à un endroit précis, dénué d'ennemis. La baisse est légère et rapide, mais présente. En dehors de ça, God of War manque de points négatifs. En restant impartial, il est possible de pointer du doigt sa musique, moins présente et moins caractéristique que dans les précédentes itérations. Et même si le thème principal se fait entendre à quelques reprises au début de l'aventure, il vient à s'envoler, à disparaître, comme pour faire une croix sur le passé de notre spartiate.
Fini, de A à Z
À côté de ça, la modélisation des personnages, aussi bien vivants que morts est détaillée au possible. Du mouvement des muscles de Kratos à l'ondulation de la peau d'un cadavre lorsque le guerrier se permet d'y poser le pied, tout, ou presque, est modélisé et travaillé et offre une impression de tout fini. Une claque qui se présente une nouvelle fois sous cette forme, de manière à ce que le joueur puisse se dire un légendaire : "Ah oui quand même...". Cette sensation se répète, tout au long de la petite vingtaine d'heures nécessaire à la complétion de la quête principale. De nombreuses quêtes secondaires viendront vous occuper, mais également remplir votre inventaire. Avec ces ressources, vous pourrez crafter de nombreux équipements, mais également d'autres éléments de gameplay. Une évolution constante, mais nécessaire puisque vos ennemis ne vous attendront pas pour prendre du galon. Le contenu annexe est conséquent et peut aisément doubler la durée de vie du titre. Via vos armes, vous pourrez vous occuper de découper du monstre. Deux gâchettes pour deux fois plus de plaisir et des attaques rapides ou lourdes. Les combos sont vôtres, les compétences utilisées aussi. La parade et l'esquive jouent aussi un rôle important et les maîtriser vous rendra service. D'autant que certains coups sont imparables. Et si certains ennemis s'annoncent récalcitrants, la Rage spartiate s'emparera de vous et vous confèrera une force impensable. C'est ensuite les poings serrés que vous nettoierez le champ de bataille, avant de retrouver vos esprits et votre hache. Cette dernière vous offre une des sensations de puissance remarquable. Façon Mjollnir, elle revient sur commande. L'animation couplée à la sensation de son retour dans votre main s'avèrent mémorables.
Chasse gardée
L'exploration est une des occupations principales de ce nouveau God of War. Pour pimenter votre escapade, moult coffres attendront d'être pillés. Certains sont gratuits et sur la simple pression d'un bouton, s'ouvriront à vous. D'autres seront plus ardus et demanderont de la réflexion sous la forme d'une petite énigme ou d'une partie de cache-cache. Déclencher une explosion au bon endroit, dénicher les runes nécessaires à son ouverture, le mécanisme d'ouverture peut également demander une compétence non apprise, vous proposant de revenir plus tard, lorsque vous serez suffisamment avancé.
God of War vous pousse constamment face au dilemme de l'exploration. Il y a tellement à explorer que l'on serait tenté de tout lâcher pour partir à l'aventure. Un pseudo problème qui se veut rappeler à l'ordre par la décence de votre fils ou tout simplement votre marqueur de quête, fidèle à sa fonction. Et même si l'exploration est un plus, la trame principale ne manquera pas de vous titiller l'esprit et de vous insuffler d'une soif de connaissances, réveillant votre curiosité quant à l'avancement du scénario. Un scénario prenant qui ne perd pas en intensité et qui vient tendrement teaser une possible suite.
Conclusion
Changement d'identité complet pour God of War qui troque ici ses lames, son teint réveillé et ses problèmes de célibataire pour une épopée nordique de grande augure. La relation père/fils se veut vivante, grâce à l'impeccable travail narratif des artistes derrière. Graphiquement, le titre est au dessus de certaines autres grosses productions. Son monde semi-ouvert, recélant de curiosités en tous genres est intriguant, diversifié et surtout, prenant. Même s'il troque ses lames pour sa hache, Kratos parvient à garder un gameplay excitant et explosif, grâce à des ennemis qui n'ont pas peur d'attaquer à plusieurs en même temps. La mise en scène est divine et la liaison entre cinématiques et séquences de gameplay est parfaite. Pari tenu pour Santa Monica Studios qui prend le virage de Sony dans une ère où le jeu d'aventure au monde ouvert à une place de choix. God of War est incontestablement une belle réussite et un immanquable de cette année 2018.