Batman : ce méchant que l'on rêve de voir un jour au cinéma !

Batman est souvent cité comme le super-héros le plus apprécié des fans de comics, et le Chevalier Noir de Gotham doit beaucoup à ses nombreux antagonistes. Si nombre d'entre eux ont déjà eu une incarnation au cinéma, il y en a un que l'on rêve de voir un jour apparaître sur grand écran.

Un méchant passionnant !

La célèbre phrase d'Alfred Hitchcock, "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film", trouve sa plus belle illustration dans l'univers de Batman. Le célèbre justicier est aujourd'hui indissociable de ses principaux antagonistes, que sont le Joker, le Pingouin, l'Homme-Mystère ou encore Catwoman. Et ses aventures cinématographiques vérifient cette hypothèse. En dépit du talent indéniable de Michael Keaton et Christian Bale, qui ont respectivement interprété Batman dans les films de Tim Burton et de Christopher Nolan, reconnaissons que les véritables stars du film sont ceux qui incarnent les méchants : Jack Nicholson (le Joker dans Batman), Danny DeVito (Le Pingouin dans Batman, le défi), Liam Neeson (Ras-al-Ghul dans Batman Begins), Heath Ledger (Le Joker dans The Dark Knight) et Tom Hardy (Bane dans The Dark Knight Rises). 

Cela se vérifie encore dans la bande-annonce du film The Batman de Matt Reeves, avec Robert Pattinson dans le rôle-titre. Si l'interprétation de l'acteur britannique impressionne déjà, toute la bande-annonce semble articulée autour du principal méchant du film : Le Sphinx, qui sera incarné à l'écran par Paul Dano. On mentionnera également Colin Farrell, dont l'impressionnante transformation pour incarner Le Pingouin a fait couler beaucoup d'encre. 

Il y a cependant un méchant que l'on a jamais vu au cinéma, et que l'on rêve pourtant de voir un jour dans une des aventures cinématographiques de Batman : le Batman Qui Rit. Créé en 2018 (ce qui explique pourquoi on ne l'a jamais vu au cinéma), dans Batman : Metal de Scott Snyder et Greg Capullo, le Batman Qui Rit est un antagoniste absolument passionnant. 

Le Batman Qui Rit apparaît sur la Terre-22. Il s'agit d'un Batman pris d'une folie meurtrière, après avoir été torturé par le Joker et avoir été contaminé par sa redoutable toxine. Ce "Batman Jokerisé" se met alors en tête de tuer un à un les membres de la Batman Family, et de partir à la conquête du DC Multiverse.  En se concentrant sur le premier axe scénaristique du Batman Qui Rit, à savoir le meurtre des différents membres de la Batman Family, Warner pourrait produire son premier film d'horreur se déroulant dans le DC Universe. Un film d'horreur de type slasher, évoquant à la fois Scream et Vendredi 13. 

L'entreprise paraît par ailleurs complètement justifiée. Tout d'abord parce que la Warner semble avoir choisi de changer son fusil d'épaule. Si le studio n'abandonne pas le DCEU, débuté par le Man of Steel de Zack Snyder (2013), elle a lancé la production de films se déroulant dans des univers parallèles, sans lien direct avec son univers étendu. Avec un certain succès, compte tenu de l'énorme popularité du film Joker (2019) et de l'accueil reçu par la première bande-annonce du film The Batman. Par ailleurs, ces deux films semblent confirmer que la Warner est bien décidée à faire de ces films indépendants du DC Extented Universe de véritables oeuvres arty, exigeantes, non cantonnées uniquement au genre super-héroïque : le film Joker était une fable sociale et dépressive, autant qu'un hommage au cinéma de Martin Scorsese (Taxi Driver, La Valse des Pantins), dont on ignorait qu'il était soluble dans un univers super-héroïque, compte tenu de ses déclarations concernant les adaptations de comics ; même chose pour The Batman, qui semble être lui aussi une fable sociale, rendant hommage à plusieurs décennies de polars, de Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison (1967) à Se7en de David Fincher (1995). De fait, que la Warner ose produire un film d'horreur super-héroïque nous semble tout à fait cohérent.

D'autant plus que si le marché des adaptations de comics est bien installé, le genre a besoin de muter. Marvel a d'ailleurs déjà commencé, depuis plusieurs années, un semblant de mutation : le sublime film Logan tendait vers le western désespéré ; les deux films Deadpool se jouent des codes des adaptations de comics, et les dynamitent avec une impertinence rarement vue dans ce type de productions ; et le film Les Nouveaux Mutants  tentait déjà de proposer une fusion entre le genre super-héroïque et le genre horrifique.  Disney a par ailleurs commencé à faire muter les films Marvel à l'intérieur même du Marvel Cinematic Universe. Sa prochaine série Disney+, WandaVision, rendra hommage aux sitcom des années 1950 ; le film Doctor Strange in the Multiverse of Madness devrait intégrer certains éléments horrifiques. A une époque où le public semble de plus en plus exprimer sa lassitude de voir toujours les mêmes films calibrés au cinéma, Warner a tout intérêt à oser, à se montrer audacieux, comme il l'avait été avec le film Joker. Et une adaptation du Batman Qui Rit nous semble une voie intéressante à suivre.