Le Seigneur des Anneaux : 8 moments gênants qu’on voudrait bien oublier

Si Peter Jackson a su rendre justice au vaste univers créé par Tolkien, la saga a tout de même connu quelques jolies sorties de route aussi incroyablement gênantes que mémorables. Petit retour, donc, ici, sur certains des moments les plus embarrassants de l'histoire de l'univers du Seigneur des Anneaux.

#8 La comédie musicale du Seigneur des Anneaux

Oui, vous ne rêvez pas, ce n'est pas un délire sous acides d'un fan de Wicked en sueur : Le Seigneur des Anneaux a bel et bien été transformé en comédie musicale en 2006. Et non, ce n'était pas non plus un sketch du Saturday Night Live, même si voir Aragorn sautiller en collants avec une épée en plastique avait clairement des airs de parodie. Les critiques de l'époque, ont même étrangement  essayé d'y croire. Certains ont même osé écrire que "ce n'était pas si mal". Mais comment garder son sérieux face à des Hobbits jouant de l'accordéon en short, pendant qu'un pauvre intermittent, barbouillé de blanc et coincé dans un pantacourt en lambeaux, mime Gollum en chantant "mon précieux"? Pour les plus téméraires, des extraits sont encore visibles sur YouTube. Personnellement, j'avoue honteusement ne jamais avoir tenu plus de 30 secondes par vidéo. Mais a chacun ces déviances j'imagine...

#7 La mort de la Bouche de Sauron

Apparaissant uniquement dans la version longue du Retour du Roi, la Bouche de Sauron fait une entrée fracassante. Visuellement saisissant, terrifiant dès ses premiers mots, ce personnage dégage un "charisme noir" immédiat. Pour les lecteurs de Tolkien, il est bien plus qu'un simple sbire : c'est un ancien humain corrompu, un sorcier redoutable, le porte-parole direct du Seigneur des ténèbres, un nouveau péril sur la route de nos héros et... et rien en fait... Aragorn le décapite sans sommation. Pas d'échange, pas de défense, pas même un semblant de réaction. Une mort aussi rapide qu'absurde, qui contredit à la fois le danger que représente le personnage et la noblesse supposée d'Aragorn, appelé a devenir Roi d'ici 45mn de film.

#6 Le dessin (in)animé du Hobbit

On est à peu près tous d'accord pour dire que transformer le bref roman de Tolkien, Le Hobbit, en trois films de 3h30, comme l'a fait Peter Jackson, était une mauvaise idée. Mais en faire un film de 12 minutes, comme l'a fait le réalisateur Gene Deitch en 1967, n'était certainement pas une meilleure idée. Réalisé en catastrophe pour sauver des droits, ce "chef-d’œuvre" d'animation statique ressemble plus à un diaporama PowerPoint illustrant la rédaction d'un élève de CE1 qu'à une adaptation de Tolkien. Les personnages bougent à peine, et quand ils le font, on le regrette. Pire, l'œuvre de Tolkien est piétinée avec chaussure à crampons, et on y suit les aventures de Bilbo et de la princesse Mika (parce que pourquoi pas), partis défier le dragon Slag, le cousin discount de Smaug.

L'histoire derrière tout ça est fascinante. Le producteur William L. Snyder a fait réaliser ce film uniquement pour conserver les droits d'adaptation de l'œuvre de Tolkien. Son projet avec la 20th Century Fox étant tombé à l'eau, il a demandé à Gene Deitch de pondre à la va-vite une animation de 12 minutes. L'histoire devient encore plus folle quand on découvre qu'il aurait payé des gens 5 cents pour assister à une projection, histoire de remplir ses obligations contractuelles, avant de leur demander de rendre les 5 cents à la sortie de la salle. Puis, dissimulant qu'il était dans l'impasse, il a revendu les droits à Tolkien pour 100 000 dollars. Mais le pire reste peut-être son idée pour faire la promotion, une chanson incroyable dont on vous parle juste en dessous.

#5 La chanson de Monsieur Spock hommage à Bilbon

Qui aurait pu prédire que Leonard Nimoy, alias Monsieur Spock, stoïque Vulcain aux sourcils acérés, allait troquer sa logique implacable contre une ballade hippie sur Bilbon Sacquet (alias Bilbo Baggins en V.O)? Personne de sensé, et c'est bien normal, mais c'est pourtant ce qui s'est produit en 1967, quand les producteurs du catastrophique dessin animé Le Hobbit (dont on parlait juste avant) ont décidé que ce serait une bonne idée pour promouvoir le film. Résultat, dans un clip qui tente de récupérer maladroitement certains codes de la culture hippie et de la culture surf californienne de l'époque, un Leonard Nimoy en col roulé et blazer joue de la guitare sur une plage et nous déclame The Ballad of Bilbo Baggins.

Pour l'occasion, ce bon vieux Léo est entouré de danseuses aux oreilles pointues, mi-Hobbits, mi-Vulcains, mais 100 % kitsch. On hésite entre hallucination collective et performance conceptuelle pré-MTV. Les paroles ? Un résumé des aventures de Bilbon. L'ambiance ? Un croisement entre The Bradys go on vacation to Hawaii et une pub pour céréales à base de fibres. Encore une fois, on pourrait croire à une parodie, mais non... C'est officiel (!), enregistré, diffusé et impossible à oublier.

#4 La mort de Denethor

La mort de Denethor dans Le Retour du Roi est aussi spectaculaire que franchement ridicule. Dans les livres, Denethor s'immole sur un bûcher avec le Palantir, croyant son fils Faramir mort, tandis que ce dernier est sauvé in extremis. Peter Jackson, voulant rendre la scène plus visuelle, modifie son dénouement. Denethor, déjà en feu, réalise trop tard que Faramir est vivant, puis court, en flammes, jusqu'au bord d'une falaise pour se jeter dans le vide. Problème, la distance entre le bûcher et le fossé est immense, ce qui rend sa course enflammée relativement absurde.

De fait, même si, pour être tout à fait honnête, ce moment fonctionne à peu près à l'écran, lorsqu'on y pense deux minutes, dans la pratique, c'est du grand n'importe quoi. D'ailleurs, même Peter Jackson avoue que cette séquence le fait rire. En effet, la distance entre le bûcher et le précipice est gigantesque, et le pauvre Denethor a bien dû courir, au moins, un bon kilomètre en flammes avant de pouvoir se jeter dans le vide.

#3 Les 150 fausses morts de Frodon

Dans Le Seigneur des Anneaux, la mort de certains personnages clés n'est pas forcément définitive; mais surtout pour Frodon, quand même. En effet, tout au long de la trilogie, le héros subit plusieurs "fausses morts" qui, au début, surprennent et maintiennent un certain suspense, mais qui lassent très vite. Ainsi, après le choc de le voir poignardé et gravement blessé par une lame de Nazgûl, on a droit, 45 minutes plus tard, à une nouvelle fausse mort quand Frodon prend une lance dans le ventre dans les mines de la Moria, mais en fait non, parce que bon, il fallait surtout montrer que le mithril, c'est super solide.

Passons sur toutes les fois où il est à deux doigts de mourir ou de se faire attraper (devant la Porte Noire du Mordor, dans le Marais des Morts, entre autres), puis on recommence dans le troisième film avec la morsure de Shelob, qui devient carrément grotesque dans la version longue, où deux orcs insistent lourdement sur son état de "mort", alors qu'on sait déjà qu'il est vivant. Évidemment, Frodon n'est pas le seul personnage qu'on croit mort, mais dans son cas, ce ressort est largement surexploité, et franchement lassant, et ce bien avant la fin de la trilogie.

#2 Le soudain changement de caractérisation d’Arwen 

Arwen, personnage secondaire, mais fascinant, dans les romans de Tolkien, gagne en importance dans le premier film de Peter Jackson. Pour compenser le manque de figures féminines fortes, Jackson fait d'elle une héroïne active: elle sauve Frodon des Nazgûls, démontrant bravoure et impressionnants pouvoirs elfiques. Jusqu'ici, tout va bien. Mais sans réelle explication, cette Arwen combative disparaît soudainement dès le film suivant, Les Deux Tours. En effet, à partir de là, l'Arwen amazone devient une elfe au regard perpétuellement humide.

Ce qui s'est passé est aussi simple que regrettable. Les scènes d’Arwen la guerrière du premier film avaient énormément déplu aux puristes. Il faut dire qu'en attribuant ces scènes à Arwen, Jackson a supprimé un personnage très important du lore de Tolkien :  Glorfindel, un elfe capable de vaincre un Balrog. Face aux critiques, Jackson rétropédale et supprime toutes les scènes d'Arwen la combattante, pourtant déjà tournées. Ainsi, alors qu'Arwen devait faire partie des elfes combattant au Gouffre de Helm, elle disparaît et devient une simple princesse en pleurs, défiant vaguement l'autorité de son "papounet", qui est finalement assez gentil pour la marier à la fin du film.

#1 Le pire court-métrage live officiel

Vous avez survécu à Bilbon le Hobbit version 1967 et même visionné une captation pirate de la comédie musicale du Seigneur des Anneaux ? Bravo ! Et pourtant... Vous n'avez peut-être pas vu l'une des pires adaptations de l'univers de Tolkien : le court-métrage officiel (!) de Shadow of  Mordor. Oui, vous avez bien lu : OFFICIEL ! Tourné en numérique, sans aucun travail sur l'image, au milieu d'une prairie, le film enchaîne des combats plus mous qu'un direct to vidéo tourné par Steven Seagal dans un pays d'Europe de l'Est.

Les 7 minutes 42 de Shadow of Mordor Live Action sont un vrai supplice, donnant l'impression de durer plus longtemps qu'un marathon des versions longues de La trilogie du Hobbit. Pourtant réalisé par la sympathique équipe de Corridor Digital sur YouTube, le film avait été commandé par Warner Bros Games pour promouvoir l'excellent jeu Shadow of Mordor. Au final, on se retrouve face à une publicité trop longue et visuellement gênante, où un comédien en perruque nylon frappe mollement en costume de location. Seule consolation, peut être conscients du résultat, les studios produiront une publicité live bien plus réussie pour la suite du jeu, Shadow of War.

Et si les catastrophes de la pop culture vous amusent, vous pouvez également découvrir notre dossier Batman : 6 moments gênants qu'on voudrait bien oublier ou encore Star Wars : 10 moments gênants qu'on voudrait bien oublier.