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Clash en ligne, qui sont vraiment les trolls d'internet

De Tiphaine Elsener - Posté le 1 septembre 2021 à 11h04 dans Histoire

Nos commentaires sur internet sont lus par de nombreuses personnes, et peuvent parfois faire l'objet de débats. Récemment, nous vous avions par exemple parlé du fait que EA était à l'origine du commentaire le plus détesté de toute l'histoire de Reddit. Aujourd'hui, nous évoquons le fait qu'une nouvelle étude s'est intéressée de plus près à ceux qui postaient des commentaires malfaisants sur les réseaux sociaux, et notamment lorsqu'il s'agissait de politique. Le résultat de ces recherches est plutôt intéressant. 

Une nouvelle thèse parue dans le Cambridge University Press

Une nouvelle étude, parue dans le Cambridge University Press le 26 août 2021, et intitulée "La psychologie de l'hostilité politique en ligne : Un test complet et transnational de l'hypothèse du décalage", revient sur le fait que les discussions sur la politique sont beaucoup plus hostiles en ligne que dans la réalité.

Si l'on devait donner une réponse populaire à ce fait, l'on pourrait soutenir que la psychologie humaine est adaptée à l'interaction en face-à-face, et que le comportement des gens change donc (pour le pire) lors des discussions impersonnelles en ligne. Nombreux sont ceux qui pensent, en effet, qu'Internet n'est pas un lieu sûr pour discuter de politique : les utilisateurs qui souhaitent aborder des sujets controversés préfèrent de loin le faire en face-à-face avec d'autres personnes. Cette idée est bien souvent utilisée dans les médias, et on a d'ailleurs souvent le sentiment que l'anonymat transforme certains utilisateurs en trolls, avec peu d'empathie pour les autres partenaires de discussion.

Or, cet argument est faux, selon des chercheurs de l'université d'Aarhus. En réalité, selon les résultats de cette étude, tout n'est pas si simple en effet. Selon les résultats obtenus, les discussions politiques hostiles sont davantage le résultat d'individus motivés par leur propre statut (qui sont attirés par la politique, et qui sont tout aussi hostiles en ligne que hors ligne). L'étude suggère aussi que le comportement de ces individus est plus visible en ligne que hors-ligne.

Des abrutis en ligne ? 

L'étude publiée récemment nous révèle donc que les personnes qui se montrent hostiles dans les discussions politiques sur internet le sont tout autant dans des discussions politiques en face-à-face. Ces personnes ont des dispositions qui leur font désirer une certaine reconnaissance, et un statut qui les poussent à adopter un comportement dominant et agressif, en ligne comme hors-ligne, pour ne pas perdre une discussion. Alexander Bor, du département des sciences politiques de l'université danoise, déclare : 

Il existe de nombreuses raisons psychologiques pour lesquelles nous pourrions avoir plus de mal à contrôler notre humeur en ligne. Nous ne voyons pas les visages de ceux avec qui nous nous disputons, et la forme écrite de communication, au rythme rapide, peut facilement conduire à des malentendus. Pourtant, la recherche en psychologie nous apprend que tout le monde n'a pas la même personnalité pour l'agressivité. En fin de compte, ces différences de personnalité s'avèrent être un moteur beaucoup plus fort de l'hostilité en ligne.

Cette recherche fait suite à des études menées auprès de plus de 8 000 Américains et Danois, qui ont été interrogés sur leurs expériences et leur comportement lors de discussions politiques en ligne, ou hors-ligne. Selon les chercheurs, malgré les différences entre les institutions politiques et les niveaux de polarisation politique, les personnes en quête de statut dans les deux pays sont les principaux responsables de l'hostilité politique, tant en ligne que hors-ligne.

L'étude a également montré que les Danois et les Américains ont effectivement le sentiment que les discussions politiques en ligne sont pires que les discussions hors-ligne, mais elle propose une autre explication à ce phénomène. Michael Bang Petersen, professeur de sciences politiques à l'université, déclare :

Notre recherche montre que la raison pour laquelle de nombreuses personnes estiment que les discussions politiques en ligne sont si hostiles est liée à la visibilité des comportements agressifs en ligne. Les discussions en ligne se déroulent dans de vastes réseaux publics et le comportement d'un troll de l'internet est beaucoup plus visible que le comportement de cette même personne dans un cadre hors-ligne.

Les chercheurs ont en effet observé que ce n'était pas internet qui rendait les gens agressifs : ces derniers utilisaient en réalité les fonctionnalités proposées par internet à leurs propres fins. Ils suggèrent également que l'hostilité en ligne n'est pas un accident, mais plutôt une stratégie délibérée.

Comment endiguer le mouvement ?

Alexander Bor évoque les résultats de l'étude pour parler de l'avenir d'internet :

Nous ne pouvons pas supprimer la haine en ligne par l'éducation, car elle ne naît pas de l'ignorance. Les personnes hostiles savent que leurs mots blessent et c'est pourquoi elles les utilisent. Notre recherche suggère qu'il est nécessaire de décrire ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas pour chaque page de discussion spécifique, et de faire la police de ces normes, par exemple en utilisant des modérateurs.

Bor a également ajouté que pour mettre fin à la haine en ligne, nous devons diminuer la visibilité et la portée de ceux qui sont haineux, car l'alternative est que les personnes plus raisonnables seront dissuadées de participer aux discussions en ligne. "C'est un problème démocratique, étant donné que les médias sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans les processus politiques", a-t-il ajouté.

Et si ce type d'étude et de recherches vous plaisent, n'hésitez pas à consulter notre précédent article qui revient sur une étude récente, qui a cherché à savoir si les jeux vidéo rendaient réellement violents ou non.

Une erreur ?

Mots-Clés : Etudetrollscommentairespolitiquerechercheuniversitéinternetreseaux sociaux

Salut moi c'est Tiphaine, grande passionnée de littérature et de culture geek. Je suis passée par un Master en Lettres Modernes parcours "Médias" à Paris III, et me voici rédactrice pour Hitek ! Je suis incollable sur le rétrogaming, sur les animes, et j'ai toujours un jeu de mots bien pourri en stock. Autant vous dire que mes collègues m'adorent le lundi matin de bonne heure.

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Commentaires (11)

Par Paradision, il y a 3 ans :

Intéressant, pas de transformation donc, juste plus de visibilité. Ouais ça semble logique

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Par laule masteure, il y a 3 ans :

Un article pour Murge, bien sûr il ne se sentira pas visé haha ^^

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Par Murge, il y a 3 ans (en réponse à laule masteure):

Des bisous à tout mes fans, votre obsession maladive pour moi n'est pas pathétique du tout.

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Par minouch2, il y a 3 ans :

allez je m'y risque :
cet article semble être la définition exacte de Jean-Luc Mélenchon.

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Par laule masteure, il y a 3 ans :

Si on regarde dans l'histoire et plus particulièrement l'époque de la IIIe République, on verra que les trolls de l'époque, soit les journalistes et autres écrivains, pouvaient écrire des choses digne des pires trolls de la toile, enfin particulièrement ceux de l'extrême droite et de l'extrême gauche, avec des appels à organiser des duels (cas Paul Langevin qui sortait avec marie curie et alors qu'il se faisait battre/harcelé par sa femme), des campagnes de harcèlement aboutissant à des ruptures conjugales/familiales qui n'en pouvait plus ou des suicides (famille salengro).
Sans parler des appels aux émeutes armées.
Et ils le faisaient sans anonymat, donc je ne crois pas fondamentalement que l'absence ou non d'anonymat soit un fondement du problème, par contre je crois que plus on avance dans le temps plus on entre dans une société aussi violente que la 3e.

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Par Babar, il y a 3 ans (en réponse à laule masteure):

Le plus gros soucis reste qu'internet permet une convergence des trolls comme ça n'a jamais été le cas ^^'

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Par Murge, il y a 3 ans :

Après ça dépend ce qu'on considère comme du troll.

Sur ce site on peut lire les pires horreurs haineuses et on aura toujours une bande d'intello pour considéré que c'est de l'humour.

Par contre si t'exprimes une idée hautement scandaleuse genre "le racisme c'est mal" alors là tu vas te faire traiter de troll-sjw-woke-fasciste par les intellos cités plus haut.

Sans parler de l'attitude dégueulasse de la rédaction qui se complait dans une ligne éditoriale à la C-news ... est-ce que ce serait pas eux les pires trolls ?

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Par Piègeàmorue42, il y a 3 ans :

Allez tous vous faire mettre ! (Bisou si vous avez la ref)

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Par Hi Lvl, il y a 3 ans via l'application Hitek :

Aha Gerald brofloski!! Chasse aux garces!

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Par Tiffany, il y a 3 ans :

Il y les trollsmais aussi les articles appelant aux trolls les fameux putaclique histoire d'exister
Ne vous sentez pas visé

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Par Beniben95, il y a 3 ans via l'application Hitek :

Ca ne concerne pas que les trolls mais un soucis de mesure et de proportion, amplifiés par un langage numérique et distant qui casse les codes de la discussion et de la vie en société. Comme dit plus haut le phénomène n'est pas nouveau et est plus le résultat de mauvaise interprétation et d'un ryhtme de discussion différent d'un face à face. Les SJW (en particulier ceux de ce site) sont adeptes de ce format et n'hésite pas à l'intégrer à leurs débats qui n'en sont pas.

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