Hollywood et la science, c’est une longue histoire d’amour. Mais une histoire d’amour passionnelle et empoisonnée. En effet, bien que la science occupe souvent une place de choix dans les grosses productions hollywoodiennes, les réalisateurs se permettent bien souvent de sacrifier la véracité scientifique afin de rendre leurs films plus impressionnants. Le problème, c’est que ces mensonges hollywoodiens sont très populaires, et se transforment en idées reçues. Hitek vous propose de rétablir la vérité.
1. Il y a du bruit dans l’espace
On commence notre guerre contre les mensonges scientifiques proférés par Hollywood par une idée reçue assez connue, véhiculée par des films comme les Star Wars. Dans ces films, les vaisseaux volent très rapidement dans l’espace, et font du bruit. Pourtant, il est scientifiquement prouvé que le son est impossible dans l’espace. En effet, le son résulte d’une vibration de l’air. Or, comme nous le savons tous, il n’y a pas d’air dans l’espace. Ce qui limite grandement les chances d’obtenir des vibrations de l’air dans l’espace. De la même façon, les explosions dans l’espace ne peuvent pas ressembler aux explosions terrestres. Ces explosions ne sont que des flashs de lumière. Pour qu’il y ait du feu, il faut de l’air.
2. Les pingouins ne peuvent pas voler
Et si je vous disais que les pingouins de Madagascar, de Mr Popper et ses pingouins et de La Marche de l’empereur n’étaient pas des pingouins, mais des manchots ? Comme nous l’explique le vidéaste Max Bird, dans son livre Max Bird dézingue les idées reçues, les pingouins peuvent voler, contrairement aux manchots, qui en sont tout bonnement incapables. D’ailleurs, les films hollywoodiens nous montrent toujours des manchots, et non des pingouins. Cette confusion résulte du fait que le Grand Pingouin, aujourd’hui complètement disparu, était dans l’incapacité de voler. Comme le manchot. Or, de très nombreuses langues, dont l’anglais, ne font pas la différence entre pingouin et manchot, les deux espèces étant appelées avec le même nom. Le français est une des seules langues à faire la différence. D’autant que les deux espèces sont différentes physiquement, et n'appartiennent finalement pas au même taxon (Sphénisciformes pour les manchots et Charadriiformes pour les pingouins). De plus, elles ne vivent pas dans la même aire géographique : les pingouins vivant dans l’hémisphère nord et les manchots dans l’hémisphère sud.
3.Voyager à la vitesse de la lumière
Les fans de Star Wars seront peut-être déçus, mais il est impossible de voyager à la vitesse de la lumière. La vitesse de la lumière est estimée à environ 300.000 km/s. Comme l’explique si bien le génial Alexandre Astier dans L’exoconférence, spectacle écrit après de nombreuses années de recherches et de conversations avec des scientifiques, même si on voyageait à 10 % de la vitesse de la lumière (c’est à dire à 30.000 km/s), notre corps ne pourrait pas le supporter. De plus, à cette vitesse, on pourrait entrer en collision avec n’importe quelle poussière.
Cependant, il est possible de « démystifier » un peu la vitesse de la lumière. La lumière atteint la vitesse maximale de 300.000 km/s dans le vide, même relatif (comme l’espace). Néanmoins, il est possible de ralentir la lumière. Les scientifiques ont démontré, par exemple, que lorsqu’elle traverse l’eau, la lumière perd un tiers de sa vitesse. Certaines matières seraient capables de ralentir davantage la lumière. Plus impressionnant encore, l’utilisation de nuages d’atomes ultrafroids serait capable de stopper la lumière, comme nous l’explique un article de Futura-Sciences, se basant sur les résultats d’une équipe de scientifiques allemands. Ces scientifiques avaient réussi à stopper la lumière pendant une minute entière. Une autre équipe de scientifiques brésiliens et israéliens a prouvé qu’il est capable de stopper de la lumière, puis de la relâcher, sans qu’il y ait de perte d’intensité. Autrement dit, suivant la matière que traverse la lumière, vous pouvez voyager plus rapidement qu’elle. À pied.
4. On n’utilise que 10 % de notre cerveau
C’est une idée assez alléchante, que des films comme Lucy de Luc Besson ont contribué à populariser. On n'utiliserait que 10 % de notre cerveau. Utiliser 100 % de notre cerveau nous rendrait plus évolué (ou nous transformerait en clé USB). Sauf que c’est faux. On utilise TOUS la totalité de notre cerveau. Il n’existe aucune partie dormante, attendant d’être exploitée. Plusieurs preuves ont été mises en évidence par les scientifiques pour démontrer que cette idée d’un cerveau finalement peu utilisé est impossible. Tout d’abord, sachez que malgré le fait qu’il ne pèse qu’un kilo et demi (et ne représente finalement que 2 % du poids de notre corps), notre cerveau est un organe très gros, et qui utilise pas moins de 20 % de notre énergie (voire 60 % dans le cas des bébés). À titre de comparaison, le cerveau des rongeurs, beaucoup plus petit, pompe 5 % de leur énergie. Pourquoi notre cerveau n’utiliserait-il qu’un cinquième de notre énergie pour, finalement, n’être utilisé qu’à un dixième de ses capacités ? Ça n’a pas de sens. Car cette énergie serait finalement gaspillée au détriment d’autres organes vitaux. Un article de maxisciences nous explique qu’avec un organe plus petit, nous économiserions plus d’énergie, ce qui constituerait un avantage évolutif. Ensuite, les médecins nous rappellent que la moindre lésion au cerveau peut avoir des conséquences extrêmement graves, ce qui ne serait pas le cas avec un cerveau qui ne serait pas utilisé à 100 % de ses capacités. Enfin, notre cerveau est compartimenté. C’est à dire qu’il est divisé en zones, et chacune de ces zones occupe une fonction précise. Ce qui est vrai, en outre, c’est que nous n’utilisons pas TOUTES les zones de notre cerveau en même temps. Certains scientifiques estiment que nous utilisons à peu près 35 % des zones de notre cerveau simultanément. Et précisent que l’utilisation de toutes les zones du cerveau en même temps ne servirait à rien, et pourrait même s’avérer dangereux, puisque nous gaspillerions encore plus d’énergie. Donc ce n’est pas demain la veille qu’on pourra se transformer en clé USB comme dans Lucy.
5. L’espace est très coloré
Alors là je vais m’attaquer à un de mes films préférés : Interstellar, de Christopher Nolan. Alors que ce film se veut le plus réaliste possible d’un point de vue scientifique, il n’en demeure pas moins que certaines erreurs ont été permises, pour servir la dramaturgie. Je vous renvoie d’ailleurs à l’excellent dossier de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet (un nom pareil pour un astrophysicien, ça ne s’invente pas!), intitulé La physique étrange de Interstellar. Je vais de mon côté me concentrer sur un point précis : l’espace, dans Interstellar (mais aussi dans de très nombreux films de Science-Fiction) est très coloré. Pourtant, ce n’est pas vrai. Ou du moins, pas tout à fait.
Notre vision colorée de l’espace nous vient, en partie, des photographies prises par des télescopes, tels que le célèbre télescope Hubble. L’espace serait vert, rouge, bleu, violet. Or, comme l’a rappelé le porte-parole du département Hubble à l’ESA (Agence Spatiale Européenne), Mathias Jäger, à nos confrères de France 24 : « Toutes les images prises par les télescopes sont en noir et blanc. ». Les premières images sur lesquelles les scientifiques travaillent sont pleines d’erreurs diverses (pixels défaillants, image granuleuse, etc). C’est pourquoi ils prennent plusieurs clichés du même objet spatial. Les scientifiques repèrent les erreurs, les corrigent, et constituent une image globale de l’objet en noir et blanc qu’ils peuvent alors coloriser. Sauf que les scientifiques improvisent beaucoup. Parce que la plupart des couleurs émises par les objets célestes (comme les nébuleuses) sont invisibles pour l’oeil humain. Comme nous l’avons tous vu au collège, les couleurs sont en vérité des longueurs d’ondes. Or, notre œil ne peut distinguer que des longueurs d’ondes comprises entre 380 nanomètres et 780 nanomètres. Les couleurs des objets célestes sont bien souvent en dehors du spectre visible. L’utilisation de filtres de couleurs le permet de distinguer certaines nuances dans le spectre électromagnétique, sans qu’ils puissent véritablement distinguer la couleur réelle dans ces nuances.
6. Les voitures explosent et volent facilement
Dans les films d’action, il n’est pas rare de voir des voitures exploser. Quelques tirs de pistolets, la voiture explose et BOUM ! Sauf que les choses ne sont pas aussi évidentes. Tout d’abord, seules les vapeurs d’essences peuvent s’enflammer. Or, pour qu’il puisse y avoir du feu, il faut respecter le triangle du feu. Dans le réservoir d’essence, entre l’essence liquide et les vapeurs d’essences qui occupent tout l’espace, il n’y a pas suffisamment de place pour que l’air soit en proportion suffisante, afin qu’il y ait une explosion. Une explosion est possible, mais il est nécessaire que les conditions soit optimales (peu d’essence liquide, des vapeurs d’essence inflammables, laissant suffisamment d’espace pour l’air). C’est pas mal hasardeux. Pour faire exploser les voitures, ils utilisent simplement des explosifs. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, n’est-ce pas ?
Autre fantasme assez classe (mais ridicule d’un point de vue scientifique) : dans les films d’action, lorsqu’il y a un accident, la voiture vole avant de s’écraser plusieurs mètres plus loin. Or c’est rigoureusement impossible. La cinétique du mouvement d’un projectile veut que lorsqu’un objet est lancé horizontalement (et ce quelque soit sa vitesse), il tombe. Il ne s’envole pas. Sauf si l’objet en question a des ailes. Mais dans ce cas c’est un avion.
La suite dans la seconde partie
Par jeanLucasec, il y a 5 ans :
Quelle arnaque les films hollywoodiens !
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