Netflix crache sur le cinéma, les internautes réagissent

C'est le monde à l'envers. Alors que le chantre des salles obscures, Quentin Tarantino, s'apprête à "pactiser avec l'ennemi" pour la suite de Once Upon A Time In Hollywood, qui sera diffusée sur Netflix, voici que la plateforme de streaming s'en prend aux cinémas. Le co-CEO de la firme, Ted Sarandos, vient de faire une déclaration qui ne passe pas auprès des cinéphiles... Et qui n'est pas nécessairement vraie. Analyse.

Netflix se proclame "sauveur" d'Hollywood

Oui, rien que ça ! Selon nos confrères de Deadline, le co-CEO de la firme, Ted Sarandos, a déclaré que la plateforme de streaming "sauve Hollywood" parce qu'elle répond aux besoins du consommateur. Pour l'homme d'affaires, les spectateurs n'accordent plus autant d'importance au visionnage dans les salles de cinéma, et préfèrent profiter du confort de sa maison pour regarder un film.

Non, nous sauvons Hollywood. [Netflix] est une entreprise très axée sur le consommateur. Nous vous livrons le programme de la manière dont vous voulez le regarder. Qu'est-ce que le consommateur essaie de nous dire ? Qu'il aimerait regarder des films à la maison. Je pense que [la sortie en salle] est une idée dépassée, pour la plupart des gens -mais pas pour tout le monde.

Cinéma VS Streaming : et dans les chiffres ?

Voilà plus d'une décennie que Netflix propose des séries et des films originaux, diffusés en exclusivité sur leur site. Le catalogue de la plateforme de streaming offre un large contenu d'oeuvres pré-existantes, mais c'est la variété et l'attrait des nouveautés qui font que les consommateurs vont s'abonner, et rester. Depuis la pandémie de Covid-19 survenue en 2020, ces modèles de consommation de l'audiovisuel sont devenue la norme, mais ils sont néanmoins de moins en moins abordables, Netflix venant encore d'augmenter le prix de ses abonnements.

Selon l’étude Ipsos publiée en janvier 2025, 7 Français sur 10 ont au moins un abonnement payant, et 9 sur 10 pour les moins de 35 ans. Selon une autre étude récente, 54% des Français se rendent au cinéma trois fois ou plus par an, préférant les comédies, films d'action et enfin les thrillers. Aux États-Unis, en dix ans, on constate une chute conséquente des recettes totales du box-office national : de plus de 11,1 milliards de dollars en 2015 à 8,5 milliards de dollars en 2024. En Europe, nous sommes passés de 7,2 milliards d'euros en 2015 à 6,6 milliards d'euros en 2024.

Le streaming est-il la conséquence ou la raison de la baisse de fréquentation des salles ?

C'est l'éternel débat entre cause et conséquence. Sur les réseaux sociaux, les internautes se sont insurgés à la lecture de la déclaration de Ted Sarandos : "Rien ne vaut le visionnage d'un film au cinéma, longue vie à l'expérience du cinéma", "Ouais un budget de 250 millions pour The Electric State et c'est l'un des films les plus mal notés de 2025 jusqu'à présent... Mais d'une certaine manière c'est ça qui sauve Hollywood", "Netflix sauve Hollywood ? Il s'agit plutôt de tuer les salles de cinéma. Tout n'a pas besoin d'être regardé en pyjama."

Néanmoins force est de constater que plusieurs facteurs expliquent que les spectateurs privilégient le streaming au cinéma. Sur le sondage Ipsos ci-dessus, on constate très nettement que le prix des billets est le frein principal pour ne pas aller au cinéma. Depuis 10 ans, le prix moyen des places de cinéma a augmenté drastiquement, avec une différence entre Paris et les villes de province. Si vous prenez le CGR de Brest, la place au tarif plein est à 10,60 euros. Au UGC Ciné Cité Les Halles de la capitale, la place au tarif plein est à 15,90 euros. 

Ile-de-France - Il économise toute sa vie pour pouvoir se payer une séance à UGC Ciné-Cité Les Halles. pic.twitter.com/R693Us13JS

— PoiloCiné (@Poilocine) July 26, 2018

Dans les deux cas, sans réduction, cela représente tout de même une dépense entre 10 et 16 euros, pour une expérience d'environ deux heures. Dans une période d'inflation où chacun fait attention à ses dépenses, ce n'est pas une somme négligeable. En revanche, hors considération du prix, les Français sont loin de préférer le streaming aux salles obscures, à peine 12%. Des évènements comme le Printemps du Cinéma, où la place est à 5 euros, sont donc des coups de fouet bienvenus pour le box-office. À notre avis, c'est l'avènement du streaming qui a bouleversé les habitudes de consommation audiovisuelle, mais le cinéma est loin d'être mort : il doit juste, comme d'autres sources de divertissement, redevenir un loisir accessible...

Et vous, qu'en pensez-vous ?