Dossier : l'esport doit-il être un sport ?
Depuis que l'esport a ouvert la porte du grand public, un débat ne cesse de faire rage. L'esport est-il du sport ? Entre délégitimisation, comparaison et jeu sur les définitions, la question est au centre de toutes les discussions lorsqu'un acteur interne à l'écosystème rencontre un néophyte. À l'instar de son terme, l'esport emprunte nombre de codes de son cousin : sponsoring d'équipes, coupes du monde, préparation physique et mentale, jusqu'à la matière synthétique des maillots des joueurs. Pourtant le sport se définit par quatre critères indispensables que l'esport ne respecte pas entièrement.
L'activité est réglementée et les règles sont les mêmes pour tout le monde. Des entités régulent les phénomènes de triche, dont les développeurs qui accompagnent l'expérience par des mises à jour. Le besoin physique est sans doute l'élément qui divise le plus, pourtant la grande majorité des disciplines demandent une dextérité et une adresse supérieures aux échecs et au bridge pourtant officiellement intégrés dans la grande famille du sport. Le mur qui se lève contre l'esport n'est autre que la reconnaissance institutionnalisée par le ministère des Sports ou le Comité International Olympique, ce qui n'est aujourd'hui pas le cas puisque c'est le ministère de l'Économie et la Direction Générale des Entreprises (DGE) qui traitent le sujet. Un système sujet à changement si les instances du sport électronique négocient son acceptation.
Cependant, les orateurs qui débattent sur la question omettent souvent un sujet essentiel qui découle de leur interrogation : quels avantages et inconvénients l'esport aurait-il à rejoindre le football et le basket, mais aussi la pétanque et les échecs ? Plus simplement : l'esport doit-il être un sport ?
stabiliser l'économie du milieu
L'équipe d'Overwatch Philadelphia Fusion va dépenser 50 millions de dollars pour la création d'un stade qui accueillera les matchs de ses joueurs. Le chanteur Drake est désormais copropriétaire de la structure 100 Thieves. Les investissements ne cessent de croître et inondent le phénomène. Les marques envahissent les structures, tournois et créateurs de contenus, attirés par les chiffres pharamineux de spectateurs. Des chiffres remis en question par des acteurs internes à l'écosystème, mais dont la visibilité efface toute discussion.
Sponsoring, merchandising et publicité sont aujourd'hui les piliers de l'économie. Des produits spécialement conçus pour amateurs de jeux, des partenariats pour des réductions... L'esport est une voie de choix pour atteindre les digital natives, vaccinés des méthodes traditionnelles de promotion. Un avantage à double-tranchant puisque l'esport vit essentiellement de cette pratique. Or, l'éclatement d'une bulle spéculative ou une crise comme celle de 2008 écroulerait cette économie tel un château de cartes.
En s'installant auprès des activités sportives, l'esport profiterait de subventions publiques stables injectées dans le milieu, ce qui renforcerait son modèle économique. Avec le développement du financement participatif, notamment utilisé pour le montant du tournoi The International, l'esport pourrait avancer tout en gardant ses arrières, en plus d'accélérer le développement du milieu.
BOOSTER L'ENCADREMENT ET L'ÉCOSYSTÈME
Le statut officiel de "sport" s'accompagne d'une intégration dans le Code du Sport, qui offre de nombreux avantages comme un taux de TVA intéressant pour les organisateurs de tournois, des retransmissions plus courantes et visibles à la télévision, l'intégration de visas adaptés aux joueurs étrangers, la protection de joueurs professionnels sous contrat, la mise en place de doubles cursus scolaires et sportifs... les exemples pullulent et structureraient l'écosystème.
L'inconvénient est que l'esport ne se joue pas sur un support libre, mais sur un éditeur qui détient la propriété intellectuelle de son jeu, ce qui n'est pas envisagé par le Code du Sport. L'entrée de l'esport dans ce cadre pourrait lui être fatal si l'État va à l'encontre des intérêts économiques et commerciaux des entreprises qui développent le jeu. Si le gouvernement français décide d'ouvrir les championnats du monde de League of Legends gratuitement à tous en renouvelant le système d'achat de slots, aucun doute que Riot Games sera plus timide quant à son investissement dans la compétition.
La peur d'un désaccord entre le privé et le public pourrait coûter d'autant plus cher que le gouvernement pourrait arbitrairement empêcher certains sponsors d'investir dans des équipes comme Team YP (détenue par l'entreprise de contenu pour adultes) a pu le faire. L'esport est un phénomène de masse et son image est importante.
LUTTER CONTRE LES CLICHÉS
Cette situation insinue qu'il faut impérativement déconstruire les stéréotypes à la fois du grand public qui la stigmatise et des amateurs de l'activité qui l'idolâtre. La visibilité que l'esport obtiendrait en devenant un sport permettrait d'éduquer les deux parties sur les véritables tenants et aboutissants de la pratique. De la reconnaissance découlerait de nouvelles opportunités dans des instances grand public, plaçant l'esport dans un spectre d'activité plus sain dans l'esprit populaire que celui des clichés qui collent le jeu vidéo à la peau.
Actuellement, les joueurs amateurs pratiquent et s'entraînent de manière plus ou moins désordonnée. L'encadrement duquel ils profitent naît d'associations de passionnés ou de leur méthodologie personnelle. Légitimer l'activité insinuerait que les pouvoirs publics alloueraient plus de dispositifs pour allouer des entités compétentes à la rigueur, le respect, mais aussi à la création d'un environnement épanouissant pour le joueur.
On peut compter notamment l'intégration de programmes physiques pour maintenir l'athlète en forme, quelque chose qui fait préjudice à l'esport. Bien que la dextérité, motricité, coordination et adresse soient indéniables, il serait inconsidéré de penser qu'il suffit à lui-même pour garder une santé physique viable. L'esport doit s'accompagner d'une activité "sportive" dans le sens physique du terme, ce qui brouillerait les pistes si la compétition dans les jeux vidéo obtiendrait le même statut que le football.
On pourrait dire la même chose des échecs ou du tir à l'arc, mais l'esport touche des milliers et bientôt des millions de français. L'échelle de popularité n'est pas la même et les moyens doivent s'y adapter. Cela devra passer par une éducation supplémentaire aux parents et autres responsables légaux, et ainsi des coûts supplémentaires potentiellement optionnels si l'esport venait à se frayer son propre chemin, parallèlement au sport. D'un autre côté, cela lui coûterait une possible place dans la compétition la plus prestigieuse au monde.
L'IMPORTANCE DES Jeux olympiques
Les discussions entre les instances olympiques et esportives n'en sont qu'au premier contact. Paris réfléchissait pourtant déjà à l'intégration de la discipline dans son corps d'activité en 2024. La question est intéressante, puisque les Jeux Olympiques sont un témoignage de notre culture et y voir l'esport ancrerait la discipline dans l'histoire de notre société. Son ajout serait une marche importante vers la reconnaissance de l'activité.
Il s'accompagne aussi d'une expérience dont l'esport peut s'inspirer. Les Jeux Olympiques existent depuis presque un siècle et leur sagesse apporterait beaucoup au sport électronique, si jeune et pressé d'être grand. Cela est sans compter l'intérêt médiatique et économique de ce lien qui supporterait la croissance exponentielle de l'esport. Cependant, seule une poignée en profiterait, car l'esport ne se limite pas à une seule activité.
Les chanceux qui auront leur place connaîtront un boost de notoriété indéniable, au détriment des autres esports. Une visibilité partielle fausserait la réalité de la discipline et engrangerait potentiellement des inégalités de développement. D'autant plus que certains jeux sont déjà rejetés par les instances olympiques à cause de leur violence. Counter Strike : Global Offensive est pourtant essentiel à l'esport, or son système de terroriste et anti-terroriste et l'action de tuer ses adversaires en jeu freinent le Comité International Olympique. Ce dernier préfère se tourner vers des jeux visuellement non-violents comme Rocket League ou Trackmania qui malgré leur notoriété, n'égalent pas League of Legends ou Overwatch dans le développement de leur milieu esportif.
L'intégration de l'esport en tant que sport est attrayante à bien des niveaux. Pourtant, d'autres portes peuvent s'ouvrir selon la direction que choisit la communauté. L'association France Esport fait le lien depuis 2016 entre les acteurs internes et le gouvernement. Certains de ses membres penchent vers une institutionnalisation de l'esport par lui-même sans adhérer aux règles sportives qui pourraient compliquer son avenir. D'autres y voient un raccourci bénéfique pour le milieu et sa reconnaissance. Il n'existe pas de formule miracle. L'esport est jeune et chaque année, de nouvelles opportunités viennent calibrer la direction vers laquelle se penchent ses acteurs.
Je comprends et accepte que l'E-sport nécessite des heures d'entrainement, de stress, de dépassement de soi mais ce n'est, à mes yeux, pas à considérer comme un "sport".
Je vais aller loin mais si tu fais une compétition de personnes qui repasse du linge pendant 4h, est ce que tu appelles cela du sport ? Pour la notion de compétition est présente, la préparation également. L'exemple est ridicule mais la notion "physique" du sport et primordiale pour appeler une activé sportive ou non.
Ce n'est que mon avis, je peux me tromper
On en parle du curling qui est un "sport" de précision et donc de réflexion?
On en parle du tir à l'arc qui est un "sport" de concentration et de maitrise de soi?
Ces deux sports ne sont pas physique dans le sens qui ne font pas transpirer (quoi que tir a l'arc..) mais font travailler ton cerveau.
Sans parler de l'exemple des échecs qui a toute sa place au rang de "sport".
Le gaming, mélange concentration, précision, esprit d'équipe. En quoi cela n'obtiendrai pas status de "sport"? Parceque c'est virtuel? Les joueurs pro se surpassent et offre des performances parfois incroyables à la limite de réflexes humains.
Finalement, qu'est qu'un "sport"?
Bref je suis pour leur intégration au rang de sport
Je profite de ce dernier mot pour nuancer tes propos : Ne considèrerais-tu pas que pour toi l'esport n'est pas un sport car son activité n'est pas "musculaire" mais "cérébrale" ?
En plus qu'un jeu appartiennent à une entreprise c'est pas tellement grave, vu que dans les sports "traditionnels" ce sont les marques/équipementiers qui dirigent l'économie donc bon.
Je dis simplement qu'il faudrait en faire une "discipline" distincte au lieu d'incorporer en tant que "sport" dans les JO. C'est de l'e-sport.
Comme le sport mécanique.
Comment on peut voir du SPORT dans un jeu vidéo ? Une activité oui, physique... non.
Alors que ceux-ci sont reconnus dans le monde entier comme des sport et l'esport comme dit plus haut dans l'article nécessitent plus de réflexes que les échecs et le bridge
Je t'invite à lire mon autre commentaire qui explique, selon moi, l'intérêt de différencier les deux.
Pas d'activité physique. Combien de gros sur les scènes esport? Sur les 5 voir 10 -15 meilleurs joueurs US t'as 0 gros/obèse.(et c'est pas des anorexique) Coincidence.. je ne pense pas !
Je suis donc d'accord avec le fait qu'on distingue sport et esport, mais, comme je l'ai dit, pour des raisons de support. Quand le support est physique (un terrain de foot, une piste de course, un poids à lancer, ou même un échiquier) et l'action directe (pas de support intermédiaire), ça me parait logique que ce soit alors considéré comme un sport. Dans l'esport, le terrain de jeu est virtuel, et l'action/l'effort de chaque joueur est retransmis en jeu par un ordinateur, donc e-sport.
On peut également reprendre l'exemple du sport automobile ou mécanique où l'action/l'effort du pratiquant est retransmis via un véhicule automatisé.
Seulement je pense pas que ce débat et le fait qu'on considère alors l'e-sport comme un sport soient vitaux pour l'avènement et le développement de l'e-sport. Je pense que l'e-sport arrive déjà très bien à évoluer et se démocratiser sans qu'on ait besoin de supprimer cette distinction.
Donc pour ma part, l'e-sport POURRAIT être un sport, mais ne pourrait pas être joué lors des JO par exemple, étant donné que dans ce cas là, le "sport" se concentre sur des pratiques de sport physique.
Cependant, au même titre que les échecs ou autres disciplines, le sport à sa place dans des concours spécifiques, comme on en a déjà aujourd'hui.
Je penses qu'on est beaucoup à penser de cette façon, au vu des commentaires précédents.
Si l'on met l'e-sport dans la catégorie sport, pourquoi ne pas mettre du coup les compétitions organisées par Wizard ou FFG ? Qu'est-ce qui fait que l'e-sport serait du sport ? La préparation ? La dépense physique ? La réflexion autour des stratégies à déployer ? Le coaching ? La professionnalisation ? La compétition ? L'organisation en ligues ? Les sponsors ? Autre ?
Si jouer à LOL ou à Starcraft en compétition est du "sport", tant qu'à faire on n'a qu'à mettre les compétitions de Magic ou de L5R en tant que "sports"..... Ce qui est juste ridicule.
Non la place de l'e-sport doit bien être à part, ce qui ne l'empêchera nullement de se développer.
En effet, pour ne pas l'appeler "Sport" dans ce cas ?
L' E-Sport diverge dans différants aspects par rapport à du sport traditionnel. (tel que le support de jeu, ici électronique, ainsi que les règles proprent à un jeu, et étant à la merci de compagnie privée, par exemple...)
Il m'hériterai une catégorie à part entière à mon sens, une nouvelle institution, reconnu à se juste valeur.
Ceci est un roman sans synthaxe ni meme sens car étant joueur ou plutot e-sportif (cf: ribery sorry bro j'te kiff). mais avec le meme niveau qu'il puisse avoir étant sans jambes et aveugle.
La question se pose que pour les +50ans et les casuals ou les non joueurs. On sait tous qu'avec programme sportif nutritionnel a coté on est meilleur mais..
Ca devrait être considéré comme une profession (vu les contrats).
Si la personne n'est pas assez INTELigente et/ou n'as pas assez de dextérité alors elle n'aura pas de contrats. Un peu comme les études.
Le joueur pc n'est pas loin d'un pianiste : action par minute(ref a starcraft ou autres)..Ca en devient meme un art ! x)
C'est juste une forme détourné pour vouloir dire stop aux enfants qui jouent (beaucoup/trop). Un peu comme s'il s’entraîne 24h/24 pour être joueurs de foot ou chanteur. Et puis j'pense que t'as moins de chance de te blesser qu'au foot ou à vélo Mais le Risque existe donc c'est physique !!
Si tu te casse ou foule n'importe quelle partie du haut du corps, ton niveau va baisser voir même pire, ne pas pouvoir pratique ton "sport".
Bref: Un loisir/sport s’arrête la ou la partie salarial commence.
Fuck les jeux olympiques j'pense qu'une bonne lan a Cologne ou à Chicago vaut mieux qu'un Athènes 2004 Ou un Quatar 2024.
Au dela du sport tu rentre dans une forme de starification et pas a cause du physique (comme les people).
Les J.O. les J.O. ... Comment peut on glorifier des trucs comme athènes 2004 ou autres compétitions tellement grotesques.
Si ce n'était pas un "sport" il n'y aurait pas tous ces dériver, comme dans le "sport" que nous connaissons tous.